Relations algéro-chiliennes : Une solidarité mutuelle à l’épreuve du temps

L’Algérie a joué un rôle central dans l’évolution de la politique étrangère du Chili et son rapprochement avec l'Afrique, a indiqué l’analyste politique chilien, Esteban Silva Cuadra. Dans une étude consacrée aux relations entre l’Algérie et le Chili, Esteban Silva Cuadra, président exécutif du mouvement socialiste «Allendiste» chilien, a rappelé que les relations algéro-chiliennes se sont développées «dès le début de la révolution nationale à partir d'un lien entre les mouvements sociaux et la société civile chiliens et le Front de libération nationale (FLN)». Les relations entre le Chili et l'Algérie au cours de cette période, ont été marquées, souligne l'analyste, par «une concordance de vues et des positions communes en matière de politique internationale et de relations extérieures induites par leur appartenance aux pays en développement».
Dans le gouvernement de Jorge Alessandri (1958-1964), ces relations ont été créées notamment parce que son ministre des Affaires étrangères, Carlos Martinez, considérait que «la décolonisation est l'un des processus les plus structurant de cette époque» et il souhaitait développer une politique internationale qui «rapproche le Chili d'autres régions du monde». Il a été décidé alors, rappelle-t-il, d'ouvrir l'ambassade du Chili en Algérie, pays dont le «processus de décolonisation et la guerre d’indépendance sont emblématiques et le sont encore aujourd'hui». L'ambassade du Chili a ouvert donc ses portes à Alger, couvrant à partir de la capitale algérienne, la Tunisie et le Maroc, précise-t-il. «Pour le gouvernement Alessandri, mais surtout pour celui d'Eduardo Frei Montalva (1964-1970), «l'établissement de relations et l'ouverture d'ambassades dans les nouveaux pays issus du processus de décolonisation ont permis au Chili de se rapprocher d'un phénomène qui, de toute évidence, changera totalement le scène internationale, esquissant ainsi les contours d’une politique internationale différente», souligne le professeur Eugénia Palieraki, historienne qui a fait des recherches sur les relations entre les peuples et les Etats chiliens et algériens en particulier, citée dans l'étude.
L’ouverture de nouvelles ambassades permettra ainsi de connaître la «réalité sociale, économique, culturelle et politique des Etats avec lesquels les relations ont été établies, mais aussi de nouer des liens avec d'autres Etats émergents qui ont permis plus tard de forger de nouvelles relations interétatiques et diplomatiques», précise-t-elle.
En d'autres termes, souligne-t-elle, la présence des ambassadeurs chiliens en Algérie était aussi le «point de départ d’un voyage dans d'autres pays africains qui leur a permis de prendre connaissance d’autres réalités sur le continent africain, sur les autres décolonisations en cours et sur leurs dirigeants politiques». En outre, pour un gouvernement conservateur comme celui d'Alessandri, et dans un contexte de guerre froide, relève-t-on encore, l'ouverture de l'ambassade du Chili à Alger a également permis de suivre de «près la présence et l'influence en Afrique subsaharienne de pays concurrents». Lorsque Salvador Allende est devenu président du Chili en 1970, il a cherché à «ancrer en tant que politique d'Etat les liens précédemment tissés avec l'Algérie autour des grands enjeux desseins communs.» Salvador Allende a été, d'ailleurs, le premier (et jusqu'à présent le seul) président du Chili à se rendre en Algérie. La première chose qu'il a faite a été de nommer un ambassadeur de «confiance», Eduardo Salum, comme ambassadeur du Chili en Algérie. Dans sa politique internationale, et particulièrement dans sa dimension bilatérale, Allende partageait avec le président Houari Boumediène la même vision stratégique sur la nationalisation des ressources naturelles pour assurer le développement et la souveraineté économique, laquelle s’est traduite dans les faits par la nationalisation des mines de cuivre au Chili et des hydrocarbures en Algérie».
C’est dire que l’Algérie a joué un «rôle central» dans l’évolution de la politique étrangère du Chili d'Allende et son «rapprochement» avec l'Afrique ce qui lui a permis de «nouer des relations avec les mouvements anticolonialistes et de libération africains et leurs principaux dirigeants», a-t-on ajouté.
Récemment, l’ambassadeur d'Algérie au Chili, Mohamed Sofiane Berrah, a déclaré que de «nouvelles formes de coopération peuvent émerger entre les deux pays après le gel de la décision du gouvernement chilien de fermer son ambassade à Alger».

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