
Au chapitre des acquis, la mission a noté «les progrès réalisés en matière de réformes budgétaires, notamment dans les domaines de la fiscalité et la gestion des dépenses publiques». Toutefois, Mme Verdier recommande «une intégration plus étroite entre les plans de dépense et la stratégie de financement de l’Etat dans le cadre du processus d’élaboration du budget, ainsi qu’une diversification des sources de financement pour permettre une mise en œuvre graduelle du rééquilibrage budgétaire». Enchaînant, l’oratrice salue «l’arrivée à échéance des mesures d’assouplissement réglementaires prises au début de la pandémie» et affirme convenir avec les autorités nationales que la poursuite des réformes du climat des affaires «contribuera à favoriser la transition vers un modèle de croissance plus inclusif et diversifié et à stimuler la création d’emplois». La nouvelle loi sur l’investissement constitue, selon Mme Verdier, «un développement positif», et souligne que le déploiement envisagé de nouveaux textes dans les Enr «pourrait faciliter la transition vers une économie à faible émission de carbone». Dans son intervention, la chef de mission du FMI en Algérie n’a pas manqué de «saluer les mesures pour améliorer la qualité et la disponibilité des données statistiques». Pressions inflationnistes : nécessité d’un ajustement budgétaire équilibré En termes de chiffres et de perspectives, la conférencière a affirmé que la hausse des prix des hydrocarbures contribue à «renforcer la reprise de l’économie algérienne, suite au choc de la pandémie», précisant qu’en 2022, le solde des transactions courantes de la balance des paiements «devra afficher son premier excédent depuis 2013». La croissance du PIB hors hydrocarbures «devrait s’accélérer pour atteindre 3.2%». Les pertes de production dues au choc de la pandémie, elles, «seront en grande partie résorbées même si des séquelles durables sur le marché du travail, la croissance à moyen terme constituent toujours un risque». Dans ses conclusions, la mission note que, comme dans nombre de pays, «l’inflation s’est considérablement accéléré et constitue une préoccupation majeure, affichant un taux annuel moyen à 9,4% au cours des derniers mois, soit le niveau le plus élevé sur 25 ans». L’inflation sous-jacente est «également en hausse», explique Mme Verdier, rappelant les mesures prises par la Banque d’Algérie pour contrôler les pressions inflationnistes. Pour 2023, la conférencière fait part d’un solde des transactions courantes qui «devrait être excédentaire», et une croissance appelée à s’accélérer, ainsi qu’une inflation qui «devrait ralentir mais rester au-dessus de 8% en moyenne sur un fond d’assouplissement de la politique budgétaire». Dans le même ordre d’idées, la mission estime que la persistance de la dépendance aux recettes des hydrocarbures et l’augmentation des recettes prévue en 2023 «sont des sources de risque importantes pour les perspectives des finances publiques». Sans passer par quatre chemins, Mme Verdier affirme qu’un «ajustement budgétaire équilibré est nécessaire pour freiner les pressions inflationnistes, rétablir une marge de manœuvre pour les politiques économiques et stabiliser la dette publique». Un cadre budgétaire de moyen terme «pourrait guider les efforts d’ajustement». Aussi, relève la chef de mission du FMI, des mesures bien ciblées «devraient être mises en œuvre pour soutenir les ménages à faible revenu». Pour Mme Verdier, «les risques d’enracinement d’une inflation élevée appellent à une normalisation progressive de la politique monétaire». Augmentation des dépenses en 2023 : des arbitrages s’imposent Dans ses recommandations, la même responsable appelle au renforcement de la résilience de l’économie algérienne par «une politique budgétaire qui pourrait protéger l’Algérie de la volatilité des prix des hydrocarbures». Mme Verdier préconise également de «limiter les besoins de financement, dynamiser un crédit supérieur au secteur privé». A une question liée à l’immunisation ou pas de l’économie nationale face à d’éventuels chocs pétroliers, l’oratrice a souligné avec les autorités «le risque d’une politique budgétaire qui ne prend pas en compte les chocs possibles sur les hydrocarbures». Toutefois, elle estime possible d’avoir une «trajectoire de la politique budgétaire qui facilite la résilience de l’économie nationale», indiquant que «c’est le bon moment d’améliorer le cadre budgétaire des finances publiques à moyen terme». D’autre part, Mme Verdier, interrogée sur la consistance des budgets prévus pour l’année prochaine, affirme avoir discuté avec la partie algérienne des «arbitrages à faire entre les ressources disponibles au niveau des recettes, et le financement disponible». Et note que «l’augmentation des dépenses en 2023 fera peser des risques substantiels sur les perspectives des finances publiques», précisant que «des financements importants pourraient menacer la stabilité macroéconomique». Interrogée sur le décalage entre les prévisions et statistiques du gouvernement algérien et celles du FMI, Mme Verdier explique que cela peut trouver une réponse dans plusieurs facteurs, citant, entre autres, l’hypothèse sur la trajectoire de l’économie mondiale ainsi que l’appréciation de la croissance mondiale globale.
Fouad Irnatene
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- Transactions
En 2022, le solde des transactions courantes de la balance des paiements devrait afficher son premier excédent depuis 2013, et les réserves internationales ont augmenté à 53,5 milliards de dollars fin septembre contre 46,7 milliards de dollars fin 2021. Un excédent budgétaire est attendu en 2022 grâce à la hausse des recettes et à des dépenses moins élevées que prévu. La croissance du PIB est projetée à 2,9% en 2022.
- Loi sur la monnaie
La révision prochaine de la loi sur la monnaie et le crédit constitue une opportunité pour renforcer le cadre de gouvernance de la Banque d’Algérie et son indépendance. À cet égard, la mission salue l’engagement du gouvernement à ne pas recourir au financement monétaire. « Le système bancaire a résisté aux chocs répétés de ces dernières années, mais sa santé financière mérite l’attention.
- Climat des affaires
la poursuite des efforts de réforme du climat des affaires contribuera à favoriser la transition vers un modèle de croissance plus inclusif et diversifié et à stimuler la création d’emplois. La nouvelle loi sur l’investissement et les décrets associés pourraient créer un environnement plus favorable à l’investissement privé.
- Énergies renouvelables
Le déploiement envisagé d’un nouveau cadre législatif pour l’investissement dans les énergies renouvelables pourrait également faciliter la transition vers une économie à faible émission de carbone.
- Données statistiques
La mission salue les mesures prévues par les autorités pour améliorer la qualité et la disponibilité des données statistiques et appelle à accorder la priorité aux actions dans ce domaine afin de mieux informer les politiques et les décisions du secteur privé.
(Extraits communiqué du FMI)