
Le rapport, précise l’économiste, a mis en évidence quelques points positifs, notamment la reprise de la croissance économique, des perspectives économiques positives pour les années 2022 et 2023, l’amélioration des grands équilibres macro-économiques, notamment les positions financières internes et externes de l’Algérie… La mission du FMI a également salué, ajoute l’universitaire, la modernisation de la gestion de la finance publique et l’excédent dans le solde des transactions courantes de la balance des paiements, qui passe de 47 milliards de dollars en 2021 à près de 53,5 milliards de dollars à fin septembre de l’année en cours. Plusieurs autres points positifs sont énumérés dans ce rapport du FMI, qui, faut-il le rappeler, est très exigeant en matière d’évaluation des économies des pays émergents, a encore souligné M. Achir. Le rapport de la mission du FMI a été, cette fois-ci, globalement positif concernant les perspectives de développement de l’économie nationale, a par ailleurs relevé l’économiste, en assurant que «cela fait très longtemps que l’Algérie n’a pas eu de bonnes notes de la part de ce Fond monétaire international». Les services du FMI qui viennent d’achever leur mission de consultation en Algérie ont reconnu, dans leur rapport, que «les perspectives à court terme de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées, essentiellement en raison de la hausse des prix des hydrocarbures». Un resserrement de la politique monétaire est nécessaire La mission du FMI a toutefois relevé que «l’accélération de l’inflation et la vulnérabilité à la volatilité des prix des hydrocarbures constituent des défis majeurs qui devraient être relevés pour préserver la stabilité macro-économique», d’où le nécessaire «rééquilibrage budgétaire pour préserver la soutenabilité des finances publiques à moyen terme». «Un resserrement de la politique monétaire est nécessaire, pour juguler l’inflation, et la poursuite des réformes structurelles faciliterait la transition vers un modèle de croissance plus stable et diversifié, et encouragerait la création d’emploi», préconisent les services du FMI, en mission en Algérie depuis le 06 jusqu’au 21 novembre. «La hausse des prix des hydrocarbures contribue à renforcer la reprise de l’économie algérienne suite au choc de la pandémie, et les recettes exceptionnelles provenant des hydrocarbures ont atténué les pressions sur les finances publiques et extérieures», ont-ils souligné, en indiquant qu’«en 2022, le solde des transactions courantes de la balance des paiements devrait afficher son premier excédent depuis 2013, et les réserves internationales ont augmenté à 53,5 milliards de dollars fin septembre, contre 46,7 milliards de dollars fin 2021». Les services du FMI estiment que la hausse significative des exportations hors hydrocarbures a également contribué à cette amélioration des perspectives de l’économie algérienne ; «un excédent budgétaire est attendu en 2022, grâce à la hausse des recettes et à des dépenses moins élevées que prévu». Tout en déclarant avoir constaté que la reprise économique, suite au choc de la pandémie, se poursuit toujours en Algérie, les services du FMI prévoient aussi l’accélération de la croissance du PIB hors hydrocarbures, pour atteindre 3,2% en 2022, contre 2,1% en 2021, et la résorption en grande partie des pertes de production dues au choc de la pandémie, même si «des séquelles durables sur le marché du travail et la croissance à moyen terme constituent toujours un risque». La croissance du PIB est projetée à 2,9% en 2022 Le rapport a également évoqué la problématique de l’inflation, qui, comme dans de nombreux autres pays, «s’est considérablement accélérée et constitue une préoccupation majeure». Le taux d’inflation annuel moyen s’est établi autour de 9,4%, au cours des derniers mois, son niveau le plus élevé sur 25 ans, alors que l’inflation sous-jacente est également en hausse. «La Banque centrale a pris des mesures pour contrôler les pressions inflationnistes, mais la politique monétaire est restée accommodante», a-t-on souligné. Pour la mission du FMI, qui reconnaît que «les perspectives à court terme de l’économie algérienne sont favorables, mais largement tributaires des prix des hydrocarbures, le solde des transactions courantes devrait être excédentaire en 2023, grâce aux recettes élevées des hydrocarbures qui devraient contrebalancer la reprise des importations». La croissance, ajoute-on, devrait s’accélérer en 2023 et l’inflation devrait ralentir, mais rester au-dessus de 8% en moyenne sur fond d’assouplissement de la politique budgétaire. Toutefois, la mission du FMI estime que la persistance d’une forte dépendance à l’égard des recettes tirées des hydrocarbures et l’augmentation considérable des dépenses prévues en 2023 sont sources de risques importants pour les perspectives des finances publiques dans un contexte de forte volatilité des prix des matières premières et d’incertitude mondiale exceptionnelle. Vu ce qui précède, la mission estime qu’«un ajustement budgétaire équilibré est nécessaire, pour freiner les pressions inflationnistes, rétablir une marge de manœuvre pour les politiques économiques et stabiliser la dette publique». Des mesures bien ciblées et nécessaires devraient être mises en œuvre pour soutenir les ménages à faible revenu, recommande la commission, tout en saluant «les progrès réalisés en matière de réformes budgétaires, en particulier dans les domaines de la fiscalité et de la gestion des finances publiques». Comme elle recommande une intégration plus étroite entre les plans de dépenses et la stratégie de financement de l’État, dans le cadre du processus d’élaboration du budget, ainsi qu’une diversification des sources de financement, pour permettre une mise en œuvre graduelle du rééquilibrage budgétaire. Parallèlement à ces mesures, la mission conseille «un resserrement de la politique monétaire, qui est nécessaire pour maîtriser l’inflation». Un système bancaire résistant Tout en saluant «l’engagement du gouvernement à ne pas recourir au financement monétaire», la mission a par ailleurs souligné la résistance du système bancaire national «aux chocs répétés de ces dernières années». Elle a aussi salué l’arrivée à échéance des mesures d’assouplissement réglementaire prises au début de la pandémie et la détermination des autorités à poursuivre les efforts de réforme du climat des affaires, qui contribueront à favoriser la transition vers un modèle de croissance plus inclusif et diversifié, et à stimuler la création d’emploi. La nouvelle loi sur l’investissement et les décrets associés pourraient créer un environnement plus favorable à l’investissement privé ; idem pour le déploiement envisagé d’un nouveau cadre législatif pour l’investissement dans les énergies renouvelables qui pourrait également faciliter la transition vers une économie à faible émission de carbone. Les mesures prévues par les autorités pour améliorer la qualité et la disponibilité des données statistiques sont également saluées par la mission, qui a appelé «à accorder la priorité aux actions dans ce domaine, afin de mieux informer les politiques et les décisions du secteur privé».
B. A.