Procès de l’assassinat de Djamel Bensmaïl : «Vous nous avez brûlé le cœur»

Le procès de l’affaire de l’assassinat du jeune volontaire Djamel Bensmaïl «est une première dans l’histoire et dans les annales de la justice.
Il est le défunt de l’Algérie, pas uniquement de sa famille», a indiqué Me Brahim Hakem, l’avocat de la défense des passagers du véhicule Clio renversé et saccagé, constitués en partie civile. Il a précisé, dans sa plaidoirie, que «le chauffeur de la voiture, Lyes F., et son compagnon, Fouad M., auraient eu le même sort que Djamel Bensmaïl, s’ils n’avaient pas pris la fuite et été cachés par la police».

«Le chauffeur a reconnu l’accusé principal, Chaâbane Mustfaï, qui a tenté de les agresser avant d’inciter la population au meurtre et de renverser leur véhicule qui a été saccagé», plaide-t-il. «Les accusés ont tenté de justifier leurs actes par vengeance des incendies criminels de forêt, pourquoi ont-ils volé les pneus et d’autres pièces, comme cela a été filmé dans les vidéos ?» Me Hakem est formel : «Les preuves sont tangibles, elles sont nombreuses et apparaissent sur les vidéos. La justice est appelée à frapper d’une main de fer contre les accusés qui sont des sauvages.» 
 
«C’est le peuple qui a entamé l’enquête préliminaire»
 
De son côté, le collectif de défense de la famille de Djamel Bensmaïl a rendu hommage au peuple algérien, pour son rôle dans cette affaire, notamment l’identification des mis en cause. «C’est le peuple algérien qui a entamé l’enquête préliminaire», affirme Me Fakhr-Eddine Brahna, dans sa plaidoirie. Il a défendu des médecins, des cadres et d’autres personnes, «mais je n’ai jamais défendu un jeune homme abattu, mutilé, brûlé et égorgé, puis décapité sur une place publique qui porte le nom symbolique d’Abane Ramdane, fils de Larbaâ Nath Irathen, une figure de la Révolution qui défendait une Algérie unie et indivisible. C’est un plan sioniste qui consiste à diviser le pays», poursuit-il. «Ce plan aurait pu nous mener vers l’abîme,   n’était la sagesse du père du défunt qui a déclaré que les Kabyles sont nos frères», dit-il.  Il a précisé que Djamel Bensmaïl et les deux passagers agressés sont venus à Larbaâ Nath Irathen pour porter assistance à la population suite aux feux ayant ravagé plusieurs villages de la wilaya. «Les victimes n’avaient ni bâton, ni armes, ni essence, mais on l’a brûlé avec de l’essence, des bouteilles en plastique et du carton.» 
 
«La sagesse de Noureddine Bensmaïl, père des Algériens»
 
L’avocat a repris les propos de la victime à l’intérieur du fourgon de police : «On a visionné les vidéos. 
Il leur a dit : «Les Kabyles sont des hommes d’honneur, ils ne font pas ça.» Djamel n’est pas mort dans le fourgon. Les vidéos montrent ce que chacun a fait. Mais, lors de ce procès, l’un des accusés s’est défendu en déclarant qu’il était sous l’effet de l’alcool. 
Est- ce que cela justifie l4 actes ? Comment peut-on se prendre en photo avec des corps carbonisés et en flammes ?» 
L’avocat relève que «des accusés sont revenus sur leurs déclarations devant le juge d’instruction en présence de leurs avocats, affirmant qu’ils étaient sur la scène de crime pour aider Djamel, heureusement qu’ils étaient filmés dans les vidéos, sinon on aurait accusé l’État d’incendier la région».
Ces gens constituent un danger pour les Algériens, pour l’Algérie et son unité. «L’Algérie restera unie avec un seul drapeau», insiste l’avocat dans sa plaidoirie.
Me Abdelhafid Tamert est revenu dans sa plaidoirie sur les détails du crime odieux. «C’est une affaire qui a attenté à notre unité nationale, notre histoire et notre dignité. 
Un crime qui a tenté de nous diviser alors que les Algériens sont unis et solidaires.» Il évoque les détails de l’affaire : «Les accusés scandaient Allah Akbar, c’est comme les terroristes, lors de la décennie noire. Mme la présidente, ce groupe est un danger pour le pays plus qu’un autre ennemi», insiste-t-il.
L’avocat se tourne vers le banc des accusés : «Djamel Bensmaïl a été brûlé deux fois. Vous vouliez brûler l’Algérie, mais non elle ne le sera pas. Vous avez déstabilisé 40 millions d’Algériens. Vous nous avez brûlé le cœur, mais l’Algérie demeurera unie !» 
 
Traumatisme et douleur 
 
Dans sa plaidoirie, Me Ahlem Bendaoued a déclaré au tribunal que «la famille de la victime est toujours traumatisée par les photos et les vidéos qui lui ont causé un grave préjudice moral. «La famille Bensmaïl ne peut plus célébrer l’Aïd-El-Adha, car cela la traumatise dans sa chair», a-t-elle plaidé.
La jeune avocate expose les différentes étapes du crime : «Tout le long du procès, les accusés déclaraient qu’ils étaient sur la scène de crime par curiosité. Les vrais curieux étaient sur les murs et les terrasses filmant et suivant ce qui se passait dans l’arène. Tout était bien planifié et chacun a bien accompli le rôle que leur a confié l’organisation terroriste et sioniste du MAK, pour neutraliser les policiers et les empêcher d’intervenir. Nous sommes devant un groupe de terroristes qui a pour ennemi l’État et le peuple.» L’avocate revient sur le rapport d’autopsie réalisé à l’hôpital Mustapha-Pacha, qui «ne précise pas malheureusement l’heure du décès», relève-t-elle. «Le rapport évoque des blessures profondes. Il dit qu’il est mort d’épuisement physique et d’un traumatisme de la tête. Ce rapport dit que la voûte crânienne ne présente pas de fracture», relève-t-elle. «Lorsqu’il a été égorgé, le sang n’a pas coulé alors qu’il devient rose, et quand la personne meurt par immolation, son sang devient pâteux. Celui de Djamel avait une couleur bien rose. On peut dire qu’il a respiré la fumée des incendies. Les experts disent aussi que si les poils nasaux ou la langue sont brûlés, il aurait été vivant. Les photos montrent des poils nasaux brûlés, ce qui veut dire que Djamel est mort par immolation et pas à l’intérieur du fourgon», ajoute-t-elle.
 
Neila Benrahal 

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