Procès de GB Pharma : Irrégularités dans les marchés Mobilis-Condor Electronics

Les auditions des témoins, dont celle du DG par intérim de Mobilis, Mohamed Habib, se sont poursuivies hier au 3e jour du procès de GB Pharma au pôle national financier et économique près le tribunal de Sidi M’hamed. Le président de l’audience a indiqué que Mohamed Habib est témoin mais accusé des mêmes faits dans l’autre volet de l’affaire. Auditionné sur les marchés conclus entre Mobilis et le groupe Condor, soit un contrat commande et un marché gré à gré simple des packs téléphoniques d’un montant de 150 milliards de centimes, Mohamed Habib a déclaré qu’il a reçu un appel téléphonique de la part de Foued Belkacem, le conseiller du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur les factures impayées du groupe Condor géré par Abderrahmane Benhamadi. «Il m’a dit que le chef demande des informations sur cette affaire. Il m’a appelé sur la ligne directe du bureau et j’ai répondu que je vais faire le nécessaire». Le juge intervient : «Il vous a dit que le chef est à la recherche des causes du retard du paiement des factures, le «chef» n’est pas forcément le Premier ministre.» Le témoin explique : «J’ai compris que c’est le Premier ministre parce que Belkacem était son conseiller». Il a ajouté qu’il a également reçu un appel de l’ancien ministre de la Poste, Moussa Benhamadi, sur cette même affaire. «C’est suite à ces appels que j’ai découvert les infractions dans les marchés conclus et le non-paiement des factures de Condor d’un montant de 45.306.400 DA en 9 mois. L’offre financière du marché ne dépassait pas 80.000 DA. On a réglé ce problème par le recours à l’avenant clôture conformément à la réglementation», assure le témoin. «C’est vous qui avez signé le contrat ?», interroge le président de l’audience. Il répond que les contrats ont été signés par les directeurs de la commercialisation, dont Zaidi, qui a été promu P-DG de Mobilis par l’ancienne ministre Houda Feraoun. L’expertise judiciaire a relevé un préjudice et un stock en souffrance, a relevé le juge qui s’est interrogé sur la conclusion d’un 2e contrat sans évaluer le contrat précédent. L’ancien responsable de Mobilis : «La somme représente les revenus de vente des téléphones portables et tablettes aux clients de Mobilis.» Il nie tout préjudice. Il a également précisé qu’il a procédé à la signature de contrats avec IRIS et Stream, «ce qui prouve qu’on n’a pas accordé de privilèges à Condor». Le témoin a affirmé qu’il n’a subi aucune pression pour le règlement des factures. Le juge l’a également interrogé sur l’influence du CES, Foued Belkacem. «C’est un proche des Benhamadi. Smaïl est son beau-frère ?» Le témoin a affirmé qu’il n’était pas au courant de cette relation. «Il m’a contacté en sa qualité de conseiller du Premier ministre», précise-t-il. Le président de l’audience relève «l’absence d’un système numérisé dans une entreprise publique comme Mobilis, ce qui aurait permis un contrôle efficace». De son côté, l’ancien wali de Skikda, Hejri Derfouf, en détention provisoire dans l’affaire du détournement de foncier à Flifla, a été auditionné en tant que témoin sur le projet de réalisation d’un hôpital régional des grands brûlés à Skikda. Il a déclaré que la visite d’inspection de l’ancien ministre de la Poste, le défunt Moussa Benhamadi, avec le ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui a été programmée en janvier avant le lancement de l’appel d’offres. «Je n’ai subi aucune intervention ou pression pour accorder le projet de la réalisation de l’hôpital régional des grands brûlés à Skikda à l’entreprise Travocivia, filiale du groupe Benhamadi», déclare-t-il. Hier, d’autres témoins étaient absents. Il s’agit, entre autres, de Foued Belkacem, qui avait démenti, lors de son audition comme témoin par le juge d’instruction, les déclarations de Mohamed Habib, affirmant qu’il ne l’a jamais contacté. Pour sa part, l’ancienne ministre de la Poste, Houda Imene Feraoun, entendue par le Conseiller magistrat instructeur près la Cour suprême, sur les contrats avec Condor, a déclaré qu’ «AT Mobilis pouvait éviter le préjudice financier par une gestion correcte dans l’intérêt général de l’entreprise publique», lit-on dans le procès-verbal de son audition. L’audience a été levée vers 13h. Le procès se poursuivra aujourd’hui.
N. Benrahal

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