Où est l’otage où est la France ?

Boualem Sensal, 75 ans, algérien de nationalité, a fait ses études en Algérie, il a été cadre supérieur de l’Etat algerien et touche une retraite de cadre supérieur de l’Etat algérien. Il a été arrêté à Alger, jugé et condamné par la justice algérienne en tant qu’algérien

Il a toujours écrit et publié sans contrainte, ses romans, qui se vendent d’ailleurs librement en Algérie. Il a voyagé à travers le monde, allant de forum en conférence, sans restriction, y compris en Israël.

Pas de grâce présidentielle pour Boualem Sansal. Le nom de l’écrivain ne figure pas dans les deux décrets signés, hier, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, portant grâce en faveur de plus de 6.500 détenus, à l’occasion du 63e anniversaire de la fête de l’indépendance et de la jeunesse. C’est donc parti pour la rengaine d’été que vont ressasser jusqu’à l’usure ces bataillons médiatiques de l’empire Bolloré. Ils battent déjà le rappel des troupes, pour faire tonner la propagande comme un tambour de guerre. Quelques jours avant l’annonce de cette grâce présidentielle, ces mêmes médias ont convoqué les accusés, fait le procès et rendu le verdict à leur guise. Il ne restait plus que la libération de Boualem Sansal, le 5 juillet. Le déroulé diffusé à longueur de plateau de télévisons et d’émissions est d’une déconcertante simplicité. Ils affirment que « Sansal est un écrivain libre condamné par un régime dictatorial ». Déclinée avec les trémolos dans la voix, cette « sentence » à pour objectif, en tout cas, pour intention, de faire avaler une grosse couleuvre sans grand effort. La réalité est toute loin de ces raccourcis qui cachent la vérité éclatante. C’est que Boualem Sansal n’a jamais été inquiété pour ses écrits ni pour ses idées. Il a toujours écrit et publié sans contrainte, ses romans, qui se vendent d’ailleurs librement en Algérie. Il a voyagé à travers le monde, allant de forum en conférence, sans restriction, y compris en Israël. Boualem Sansal, 76 ans, a fait ses études en Algérie, avant de devenir un haut cadre de l’État algérien, notamment directeur de l’industrie au ministère de l’Industrie. Il perçoit une retraite d’un haut cadre algérien. L’on se demande où est la France dans ce pédigrée ? Peut-être parce qu’il a été naturalisé français il y a neuf mois ? Cela explique-t-il les attaques en règle de l’extrême droite avec sa meute médiatique contre tout ce qui est algérien jusqu’à employer des termes indignes des hauteurs médiatiques françaises ? Pourquoi cet acharnement uniquement sur un citoyen fraîchement naturalisé, alors que des milliers d’autres Français croupissent depuis des années dans des prisons à travers le monde ? Rien que pour l’année 2024, 2.071 cas de Français détenus à l'étranger ont été portés à la connaissance des services du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport international d’Alger en provenance de France, Boualem Sansal a été mis en cause pour des chefs d’inculpation dans le cadre du code pénal, dont « l’atteinte à l’intégrité territoriale nationale ». Il a été et mis en garde à vue suite à une enquête préliminaire menée par les services de sécurité spécialisés. La justice a rendu son verdict au nom du peuple algérien. Ce dernier tient à sa souveraineté et à son unité territoriale. Où est l’otage ? L’Algérie n’a-t-elle pas le droit de protéger son intégrité territoriale ? Ce qui nous ramène à cette double question : où est la France et où est l’otage ? La récupération de l’« affaire Sansal » par un discours accusatoire à l’encontre de l’Algérie, l’assimilant à un « État voyou » ou la comparant à des régimes autoritaires, trahit, en réalité, une volonté de délégitimer une nation souveraine. Le Président Abdelmadjid Tebboune a solennellement rappelé que « l’Algérie, intransigeante sur sa souveraineté nationale, ne se soumettrait à aucune forme de chantage ou de pression politique... ». La partie française n’a pas pris l’exacte mesure de la détermination algérienne quand il s’agit de sa souveraineté. De la condescendance, dans un premier temps, puis on est monté d’un cran, pour proférer des menaces, et la France y a pris goût. Le Premier ministre français, François Bayrou, n’est-il pas allé jusqu’à fixer un ultimatum à l’Algérie, pour exiger la libération de Sansal ? Oui, des ultimatums oubliant que l’Algérie est un pays souverain et indépendant, et qui n’accepte pas qu’on lui dicte ses positions et ses actions. Que dire alors des « réponses graduées » de Bruno Retailleau ? Mais lui, il avait un objectif en instrumentalisant « l’affaire Sansal » pour son propre agenda politique. Puis, le discours a changé. De l’exigence de la libération, on aboutit au souhait d’une « issue heureuse ». Le Président Emmanuel Macron a déclaré aux médias qu’il fait confiance à l’humanisme du Président Tebboune, en attendant que Macron face lui-même un geste similaire envers Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis 41 ans en France.

B. T.

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