
Ils étaient jeunes. Ils étaient diplômés. Certains d’entre eux étaient issus de familles aisées. Autant dire qu’un avenir radieux les attendait. Mais ils ont choisi une voie dont beaucoup d’entre eux ne sont pas revenus. Il s’agit des étudiants et des lycéens algériens qui ont abandonné leurs études, pour rejoindre les rangs de la Révolution, en criant qu’avec leurs diplômes ils ne seront pas de meilleurs cadavres. Quelle conscience pour des jeunes qui avaient à peine 20 ans. Ils ont préféré l’avenir de leur pays au leur. Ils savaient que leur instruction ne leur enlèvera pas le statut de colonisés. Peut être qu’ils gagneront un peu d’argent. Mais ils resteront des sous-hommes, pour les Français. Ils n’avaient pas le droit d’être libres et, surtout, de revendiquer leur identité. Leurs études, ils les percevaient comme une cage, dont ils ont décidé de s’affranchir. Ils ont compris, et c’est cela le plus important, que leur liberté, ils ne pouvaient l’acquérir que dans un mouvement d’ensemble. Les étudiants et, avec eux, les élèves inscrits dans les différents lycées ne pouvaient rester à l’écart de cette mobilisation, d’autant plus qu’ils représentent l’élite du pays. Leur adhésion s’est avérée, d’ailleurs, déterminante, pour le mouvement de libération. Les étudiants, avec leur jeunesse, leur instruction et leur esprit d’organisation ont permis aux bataillons de l’ALN de gagner en efficacité. Leur éloquence impressionnait, tout comme leur volonté de faire aboutir leur combat. Comme ils l’ont prédit en quittant les universités et les lycées, beaucoup d’entre eux sont morts. Avec leurs diplômes, ils n’ont pas fait de meilleurs cadavres. Mais avec leurs actions ils se sont fait des noms dans l’histoire du pays.
F. D.