Le ministre de l’Industrie pharmaceutique annonce la réalisation d’une unité de stérilisation : «Nous visons l’export»

«La création de cette unité nationale constitue une étape décisive pour encourager la production locale et réduire significativement la dépendance aux importations», a affirmé Ouacim Kouidri.

Le ministre de l’Industrie pharmaceutique annonce la réalisation, dans les plus brefs délais, d’une unité de stérilisation, destinée à relancer la production locale de dispositifs médicaux, un segment encore largement dépendant des importations. S’exprimant en marge d’une visite de travail et d’inspection effectuée, hier, à Alger, au niveau de plusieurs structures industrielles relevant de son département ministériel, Ouacim Kouidri a souligné l’importance stratégique de la réalisation d’une unité nationale de stérilisation, affirmant qu’elle permettra, à moyen terme, de faire passer le taux de production locale de dispositifs médicaux de 2% actuellement à 30 %, voire 40 %. Un saut qualitatif qui contribuera, selon lui, à une baisse substantielle de la facture d’importation dans ce segment encore fortement dépendant de l’étranger. « Nous importons aujourd’hui 98 % des dispositifs médicaux utilisés en Algérie, essentiellement en raison de l’absence d’unité de stérilisation. Certains industriels se sont lancés dans leur fabrication, mais doivent encore envoyer les tubes à l’étranger pour les stériliser. Nous allons lever cet obstacle très rapidement », a-t-il déclaré, estimant que la création de cette unité nationale constitue une étape décisive pour encourager la production locale et réduire significativement la dépendance aux importations. Inspectant le chantier du Centre de recherche, développement et innovation (CRDI) de Saïdal, sis à Rahmania, le ministre est revenu sur les retards significatifs qu’il accuse. « Les travaux ont été lancés en 2017 pour une réception initialement prévue en 2020. Aujourd’hui, nous sommes en 2025 et le taux d’avancement est de 93 % », a-t-il regretté. La livraison de ce projet est prévue normalement au mois de septembre, mais Kouidri n’y croit pas trop. « À en juger l’état d’avancement constaté de visu, il est plus probable que cela n’intervienne qu’à la fin de l’année », a-t-il déclaré, non sans insister sur l’importance de ce centre pour le développement de l’innovation pharmaceutique nationale. Et d’ajouter : « Le retard accusé dans la réalisation de ce centre n’est ni justifié ni explicable. « Ce centre est important pour l’industrie pharmaceutique nationale. Il doit impérativement entrer en service cette année. Nous en avons un besoin réel ». Interrogé sur les rumeurs circulant autour de la présence de lots contrefaits du médicament ‘‘Sintrom 4 mg’’ sur le marché national, il a rassuré en précisant que ce produit, sous son nom commercial fabriqué en Espagne, n’a pas été introduit ni commercialisé en Algérie depuis 2023. « Il n’est plus importé en Algérie. Deux producteurs nationaux assurent désormais sa fabrication, dont l’un avec un taux d’intégration locale de 90 %, les 10 % restants étant importés d’Inde ». Il a, à ce propos, fait part de l’ouverture d’une enquête depuis quelques jours, tout en soulignant qu’il n’existe, à ce jour, aucune preuve matérielle confirmant les informations relayées sur les réseaux sociaux au sujet de ce médicament. Abordant la question des matières premières, Kouidri a annoncé le lancement des premières usines de production avant la fin de l’année. « Ces unités permettront non seulement de réduire la facture d’importation, mais aussi de nous projeter vers l’exportation. Nous pourrons ainsi inverser la balance commerciale du secteur de l’industrie pharmaceutique », a-t-il souligné. Ce dernier a, toutefois, tempéré les attentes concernant une baisse immédiate de la facture d’importation, notamment pour les médicaments oncologiques et les biosimilaires, expliquant que « la priorité, conformément aux orientations du président de la République, est de garantir à chaque malade l’accès à son traitement, notamment pour les pathologies cancéreuses. « Nous allons lutter contre le gaspillage, mais il faudra du temps pour réduire significativement cette facture. La production locale de biosimilaires et de matières premières nous permettra néanmoins d’agir efficacement à moyen terme », a expliqué le ministre. Interrogé sur l’état d’avancement de la digitalisation du secteur, le ministre a salué les progrès réalisés, faisant part de l’atteinte d’un taux de 85 % de digitalisation. « Avec le Haut-Commissariat à la numérisation, nous avons atteint un taux de 85 % de digitalisation au niveau du ministère et de ses structures », a-t-il affirmé. Il a indiqué que la digitalisation a été étendue à l’ensemble des départements du ministère, précisant que le processus couvre désormais toutes les structures, dans une logique de gestion intégrée et transparente. Le ministre s’est rendu par ailleurs sur deux sites industriels stratégiques relevant du secteur privé : les laboratoires ‘‘Merinal’’ d’Oued Smar, et la nouvelle unité de production du groupe ‘‘Hikma’’, implantée à Staouéli. Cette dernière, inaugurée récemment, en présence du ministre jordanien de la Santé, représente un investissement de 30 millions de dollars, réalisé en partenariat avec ‘‘Hikma Portugal’’. Elle est spécialisée dans la fabrication d’ampoules injectables et de poudres lyophilisées, avec une capacité de production annuelle estimée à 10 millions d’unités. Première du genre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient dans le réseau industriel de ‘‘Hikma’’, cette infrastructure stratégique devrait contribuer à réduire la facture d’importation dans plusieurs spécialités médicales ciblées, notamment l’anesthésie, les antibiotiques, les traitements cardiovasculaires et digestifs.

K. H.

-------------------------------------

Avec un taux de 80% de couverture en médicaments : L’Algérie leader en Afrique

Lors de sa visite, Kouidri a également fait un point global sur la situation du marché pharmaceutique national, précisant que l’Algérie est le seul pays africain à atteindre un taux de couverture nationale de 80 % en médicaments. « C’est une avancée considérable », atteste-t-il, tout en reconnaissant que le marché fait face à une saturation dans certaines classes thérapeutiques. Il juge essentiel de réguler cette situation afin de préserver l’équilibre économique et d’encourager la production locale des produits encore importés.

K. H.

Multimedia