Le gouvernement français persiste dans sa politique de chantage concernant le dossier des visas : le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie convoqué

Le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie a été convoqué, ce mercredi, au siège du ministère des Affaires étrangères par le directeur général du Protocole, à la suite du communiqué publié la veille par la représentation diplomatique française concernant l’accréditation des agents diplomatiques et consulaires français en Algérie, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Tout en attirant son attention sur «le grave manquement aux usages diplomatiques», à la suite de la diffusion par l’ambassade de France d’un communiqué qui, entre autres, s’adresse directement à l’opinion publique algérienne, le ministère a tenu à rappeler que la non-accréditation des agents diplomatiques et consulaires français en Algérie est intervenue «à la suite d’une décision française similaire». Le MAE observe que «le chantage aux visas continue de la part du gouvernement français».

Dans le communiqué rendu public mardi, l’ambassade de France avait indiqué que «la dégradation de la relation entre la France et l’Algérie aura pour effet une réduction significative des effectifs de cette ambassade et des trois consulats généraux dès le 1er septembre prochain» et que, conséquemment, «cette situation aura notamment pour conséquence une capacité limitée à instruire les demandes de visas pour la France».

«Tant que durera cette situation, le nombre de rendez-vous disponibles auprès de notre prestataire Capago, chargé de recevoir les demandes de visas instruites par nos consulats, devra donc être réduit afin de maintenir la délivrance des visas dans des délais aussi raisonnables que possible», a ajouté l’ambassade de France.

Le communiqué de l’ambassade de France «inacceptable» dans la forme et dans le fond

Ainsi, le MAE a indiqué au chargé d’affaires de la représentation diplomatique française que «par sa forme autant que par son fond, ce communiqué était inacceptable en ce qu’il contenait une présentation tendancieuse des faits et (qu’)il s’adressait directement à l’opinion publique algérienne pour incriminer devant elle une prétendue responsabilité exclusive et entière du ministère des Affaires étrangères dans la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie».

À cet effet, «du point de vue de la forme, cette manière d’agir de l’ambassade n’est pas tolérable, en ce qu’elle viole l’esprit et la lettre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961».

Par ailleurs, «du point de vue du fond, il a été rappelé au diplomate français qu’il était personnellement le mieux informé des tenants et aboutissants de cette situation», dans la mesure où «la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie est intervenue bien après une décision française similaire et après épuisement, à l’initiative de la partie algérienne, de toutes les possibilités de règlement de ce différend à la satisfaction des deux pays».

«Il s’agissait là, ni plus ni moins, que de l’application stricte du principe de réciprocité», a ajouté le ministère, qui rappelle que «c’est le gouvernement français qui a été à l’origine, depuis plus de deux ans, du refus d’accréditation de chefs de poste et d’agents consulaires algériens en France».

«En conséquence de cette situation, trois consuls généraux et six consuls algériens n’ont pas reçu leurs accréditations sollicitées depuis plus de six mois. De même, quarante-six agents diplomatiques et consulaires algériens n’ont pu rejoindre leur lieu d’affectation en France du fait du silence observé par la partie française quant à leurs demandes d’accréditation», précise encore le MAE.

Une situation «créée, de manière délibérée et calculée, par les autorités françaises», qui «lèse gravement les ressortissants algériens établis en France dans la double mesure où elle impacte les prestations consulaires à leur bénéfice et affecte la qualité de la protection consulaire qui leur est due».

La France continue sa politique de chantage aux visas

En conclusion, «il a été fortement souligné à l’attention du diplomate français qu’il est lui-même conscient de ce que la problématique des visas n’est pas limitativement liée à la question des accréditations et qu’il est de notoriété publique que son gouvernement a érigé cette problématique en levier central du bras de fer qu’il veut imposer à l’Algérie», indique le ministère dans ce communiqué.

Ce dernier observe, ajoute-t-il encore, que «le chantage aux visas continue de la part du gouvernement français».

«La première phase de ce chantage s’est achevée avec la dénonciation par l’Algérie de l’Accord algéro-français de 2013 sur l’exemption réciproque de visas aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Aujourd’hui, les autorités françaises ouvrent une seconde phase qui concerne les passeports ordinaires qu’elles entendent gérer par le chantage, le marchandage et l’intimidation», a lancé en dernier lieu le MAE.

Pour rappel, l’Algérie, et suite à la décision du Président français, Emmanuel Macron, de suspendre l’Accord de 2013 sur l’exemption des visas aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service, avait annoncé, le 7 août dernier, la dénonciation pure et simple dudit accord.

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