
«La situation épidémiologique actuelle est inquiétante et des confinements partiels ne sont pas à écarter si les cas de contamination augmentent davantage et que l’on dépasse la barre des cent cas dans une seule wilaya. Si l’on continue sur cette tendance haussière, pas moins de douze wilayas pourraient en effet faire l’objet de confinement partiel», a révélé hier le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, président de l’Ordre des médecins, dans une déclaration à El Moudjahid.
Le praticien, également membre du Comité scientifique national de veille et de suivi de l'évolution de la pandémie, a insisté sur toute l’importance de donner un signal d’alerte suite à cette inflexion vers une tendance haussière. Aussi et en faisant une relation de cause à effet, il observe que les citoyens ont pour la plupart tendance à baisser la garde ces derniers jours en se débarrassant des bonnes habitudes que l’on croyait pourtant acquises. En effet, pour de nombreuses personnes, la distanciation physique est jetée aux oubliettes, avec le masque du reste. Beaucoup ont même organisé des regroupements familiaux de manière clandestine pour fêter des mariages ou d’autres événements. Près des établissements scolaires du primaire, les adultes ne prennent pas les précautions nécessaires en récupérant leurs enfants de l’école. Pour le Dr Bekkat, «ces personnes confondent vraisemblablement rentrée sociale avec rentrée normale».
Il prévient que nous sommes encore dans une situation épidémiologique intense et dans un contexte marqué par l’émergence d’une deuxième vague mondiale. Le président de l’Ordre des médecins précise qu’en Algérie, «nous ne sommes pas dans une deuxième vague mais dans des effets rebond». Cela étant, il considère que «nous ne sommes pas à l’abri d’une deuxième vague avec l’arrivée du froid car la Covid-19 – comme tous les virus respiratoires – est un virus qui a tendance à se multiplier davantage dans un climat plutôt froid. Le scientifique explique que «le froid paralyse l’évacuation du virus du corps humain». A ce titre il rappelle l’impérieuse nécessité de renouer avec les bonnes habitudes, le port du masque, la distanciation physique ainsi que le lavage fréquent des mains ou leur désinfection avec des solutions hydro-alcooliques.
Le Dr Bekkat relève, en outre, qu’«il est attendu que le déconfinement progressif concerne également la libération des transports inter-wilayas, le retour aux prières des vendredis et, avant cela, la rentrée des collégiens et des lycéens, le 4 novembre prochain». «C’est pourquoi, dit-il, il est urgent d’appliquer rigoureusement toutes les recommandations qui concernent la santé du citoyen et par voie de conséquence la santé publique du pays. Dans le cas contraire, une recrudescence alarmante des cas pourrait éventuellement avoir lieu et entraîner un reconfinement partiel dans les régions où des clusters seront enregistrés. Si l’on dépasse la barre de cent contaminations quotidiennes dans telle ou telle wilaya, le retour au confinement partiel est vivement recommandé, avec arrêt de toutes les activités».
Soraya Guemmouri