Le Dr Mohamed Bekkat Berkani : «Les fake news, obstacle majeur à la vaccination»

Alors que la production du vaccin anti-Covid a débuté depuis un mois en Algérie, on constate paradoxalement une baisse d’engouement pour la vaccination. Cette situation inquiète les professionnels de la santé qui appellent à se faire vacciner pour éviter les conséquences fâcheuses d’une éventuelle quatrième vague. C’est l’avis du président du Conseil national de l’Ordre national des médecins qui souligne à El Moudjahid l’importance d’une «communication répétitive», pour convaincre les citoyens.
Le docteur Mohamed Bekkat Berkani estime que le relâchement constaté est lié à la responsabilité des populations qui, en ayant les yeux rivés sur le nombre de cas journaliers, pensent que l’épidémie est derrière eux. «Ils commettent là une erreur fondamentale en abandonnant les gestes barrières. Surtout, ils se disent que la vaccination devient secondaire. Pire, des informations confirment que certains citoyens primo-vaccinés ont jugé inutile de faire la deuxième injection. Ce qui est grave. Aussi j’appelle à une «pression médiatique et administrative».
Cette situation nécessite de rappeler et d’insister sans cesse sur l’importance du respect des gestes barrières et de saisir cette période caractérisée par une baisse du nombre de contaminations pour optimiser l’opération de vaccination. Il s’agit de mettre l’accent sur l’intérêt d’allier la communication avec la contrainte publique de se faire vacciner. «La communication est une science, elle doit, dans ce cas, être répétitive. Il faut rabâcher pour ramener les gens à la vaccination. La société civile joue aussi un rôle important pour convaincre les citoyens car si cela continue, nous allons doucement vers une quatrième vague qui sera très difficile à assumer.» Le praticien rappelle à ce sujet les difficultés rencontrées en matière de prise en charge des malades lors de la troisième vague. «Il fut un temps où on avait un problème de disponibilité du vaccin mais les gens étaient demandeurs alors qu’aujourd’hui, on dispose de quantités suffisantes mais les Algériens ne se bousculent pas. D’où l’intérêt de lutter contre les fake news qui continuent à alimenter les réseaux sociaux et constituent un obstacle majeur à la vaccination.»

L’hiver favorable au virus

L’intervenant affirme que l’hiver pourrait compliquer la situation car plus propice à toutes sortes de virus respiratoires, y compris la Covid et sur le plan épidémiologique le virus circule et n’attend que les conditions propices pour se développer.
«L’épidémie qui persiste encore va se mélanger en tant que symptômes avec la grippe saisonnière et pourrait engendrer un problème majeur de diagnostic.»
Le spécialiste évoquera, par ailleurs, l’application du pass sanitaire qu’il qualifie de «très bonne idée» mais dont la réalisation sur le terrain est très difficile. «Ce pass peut être appliqué pour les sportifs, les fonctionnaires, les supporters, les professionnels de santé et au sein des universités. Certes la vaccination n’est pas obligatoire mais elle est nécessaire car il s’agit d’un problème de santé publique. Il est clair que nous pourrions exiger, à l’occasion d’événements majeurs ou de rendez-vous sportifs, que les gens soient vaccinés.»
S’agissant de la levée du confinement, le Dr Bekkat Berkani estime qu’il n’est pas possible de maintenir une population donnée sous restrictions pendant deux ans et juge essentiel que la vie économique et sociale reprenne droit de cité. «Cependant, il faut juste continuer à respecter les gestes barrières, notamment le port du masque au moins dans les espaces fermés car tout relâchement pourrait nous coûter cher.»
Kamélia Hadjib

 

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