
L’Algérie et l’Italie sont déterminées à hisser leurs relations à un niveau très élevé, notamment dans le domaine sécuritaire.
La visite du chef de la police italienne Vittorio Pisani, en Algérie, s’inscrit en ligne droite dans le cadre de l'élaboration d'un plan d'action commun pour la mise en œuvre du protocole signé à Rome en janvier dernier, le premier du genre.
En effet, la coopération policière bilatérale a connu un saut qualificatif traduit par «un échange de visites ces dernières années et la mise en œuvre des activités de partenariat visant la concrétisation opérationnelle commune des approches et visions dans l’intérêt des deux pays dans le domaine sécuritaire et la lutte contre la criminalité». C’est ce qu’a souligné jeudi, le Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Badaoui dans une allocution lors d’une réunion de travail avec son homologue italien en présence de hauts cadres des deux institutions et l’ambassadeur d’Italie en Algérie. Il a relevé «des relations privilégiées unissant la Police algérienne et son homologue italienne», basées sur des valeurs et des standards communs. Le DGSN a ajouté que ces liens s'inscrivent dans le cadre de «l'action bilatérale et multilatérale dans l'espace des instances de l'Union européenne (UE) chargées de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme».
M. Badaoui a assuré que «cette rencontre constitue une opportunité propice pour œuvrer ensemble à hisser la coopération et la coordination policières communes vers de hauts niveaux, au mieux des intérêts des deux institutions».
Unis face aux défis dans le bassin méditerranéen
Une coopération qui se traduit sur le terrain par «l’échange efficace d'informations opérationnelles et d'expertises et l'intensification des visites entre responsables, de manière à contribuer à la neutralisation et à la répression des réseaux du crime organisé», détaille –t-il.
Le chef de la police algérienne a mis l’accent sur l’importance de la coopération et la coordination afin de faire face efficacement aux menaces sécuritaires. Tout en définissant les grands défis auxquels sont confrontés les deux pays de la méditerranée, il a affirmé, que la lutte contre le crime organisé transnational, notamment le narcotrafic, la cybercriminalité, les crimes économiques, la traite humaine, la migration clandestine et le trafic d’armes et d’organes «requiert un renforcement accru de la coordination et de la coopération entre les forces de l'ordre des deux pays». De son côté, le chef de la police italienne Vittorio Pisani a réitéré l’engagement de la Police italienne «à toute forme de coopération et de coordination avec son homologue algérien». Mettant en exergue «la convergence de vues entre les deux parties sur l'ensemble des questions d'intérêt commun», il a soutenu, que «la vision partagée des deux pays permettrait d'aboutir à des modèles de coopération susceptibles de consolider la coordination en matière d'échange d'informations».
Le chef de la police italienne a insisté de son côté, sur «l'impératif de renforcer les échanges et la coordination opérationnelle».
La réunion a porté, selon la DGSN, sur les mécanismes de renforcement de la coopération sécuritaire, lutte contre le crime organisé transfrontalier et échange d’expertises en matière de formation et d’expérience dans le but de renforcer les capacités opérationnelles des polices des deux pays.
La délégation italienne a suivi à l’occasion de cette visite un exercice de simulation mené par le GOSP (Groupement opérationnel de sécurité et de police), unité d’élite d’intervention spéciale de la Sûreté nationale «reflétant la maîtrise des techniques et le professionnalisme de cette unité spéciale». Un exposé sur les missions du GOSP a été présenté aux cadres policiers Italiens.
La visite du directeur général de la Police italienne en Algérie s'inscrit dans le de la mise en œuvre de plusieurs accords de partenariats dont l'accord sécuritaire liant les deux pays, signé en février 2024, par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire et son homologue italien, visant à adapter la coordination et la coopération communes aux nouveaux défis sécuritaires.
Un autre protocole phare, le premier du genre. L’Algérie et l'Italie ont signé un protocole de coopération en matière de formation policière, dans le cadre de la visite effectuée par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Brahim Merad en Italie en janvier dernier.
Il s’agit d’un protocole de coopération en matière de formation entre l'Ecole supérieure de Police Ali-Tounsi et l'Ecole italienne de formation des forces de police, signé par le DGSN et son homologue italien. Cet accord constitue un nouveau cadre à même de renforcer la dynamique actuelle entre les secteurs de l'Intérieur des deux pays.
Selon le ministère de l’Intérieur, Il inclut des mécanismes pratiques pour l'échange d'expertises en matière de formation et de développement de compétences, et de méthodes de formation théorique et pratique, outre la formation des formateurs, notamment dans les nouveaux domaines, en réponse aux défis actuels, de même qu'il permet de réaliser des études conjointes dans les axes liés à l'action policière.
Il a été convenu dans le cadre de ce protocole «l'élaboration d'un plan d'action commun pour la mise en œuvre du protocole, et ce, lors de la visite de responsables de la police italienne en Algérie ».
Le partenariat élargi
Cette visite s’inscrit également dans le cadre du prolongement des relations bilatérales qui enregistrent un essor ces dernières années marquées, notamment par un échange de visites de haut niveau entre les deux pays.
La visite constitue une nouvelle opportunité pour approfondir la coopération sécuritaire entre les deux pays surtout que l’Italie considère que «l’Algérie est un partenaire stratégique en Afrique».
Le déplacement du chef de la police italienne intervient dans un contexte régional sécuritaire particulier marqué par des tensions régionales et des défis, notamment dans la région du Sahel.
Le rôle de l’Algérie dans la stabilité de la région est souligné par les responsables italiens. Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, avait souligné «l'impératif de développer davantage la coopération avec l'Algérie dans plusieurs domaines dans l'objectif de consacrer la stabilité dans la région du Bassin méditerranéen mais aussi la région du Sahel», avait indiqué M. Crossetto, dans une déclaration à la presse à l'issue d'une audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
N. B.