La légende

Il a su conduire sa nation vers la justice. Il a eu une vie considérable fondée sur le combat et l’engagement. Nelson Mandela fut une icône mondiale dédiée à la mutation du destin de son pays l’Afrique du Sud, édifié dans l’Apartheid sous une chape de plomb internationale. Condamné en 1964 à la prison à vie après son retour des camps d’entraînement en Algérie, il sera enfermé 27 ans sans que sa force morale, ses ressources personnelles et sa détermination soient entamées. Sa popularité au sein même de son pays et dans le monde le désigne naturellement comme premier Président d’une Afrique du Sud libérée enfin d’un système sordide. Pour autant, le plus dur vient de commencer pour cet homme hors du commun. En effet, aussitôt élu, il veut réaliser son rêve égalitaire de justice par un programme politique d’accès aux soins, à l’habitat et à l’école en faveur de la population noire majoritaire, réduite à un statut d’esclavage dans un pays aux ressources immenses, premier producteur mondial d’or et de diamant. Dans certains cercles blancs, la politique de Nelson Mandela est inacceptable, en raison de la mobilisation des ressources financières qu’elle implique et par l’ascension des couches populaires au pouvoir. L’onde de choc est mondiale. Dans les grandes capitales occidentales, on redoute le programme de Mandela dont on croyait le contenir dans une approche romantique sans effet sur la gestion du pouvoir de fait. Les Blancs n’étaient pas disposés à partager les richesses et à céder sur leurs privilèges. Mandela va faire face à un plan machiavélique organisé par le Premier Ministre britannique de l’époque, décidé à faire chuter les cours de l’or en injectant sur le marché international une forte quantité puisée dans les réserves britanniques. L’intervention de Mouamar El-Keddafi va faire échouer ce plan. Jusqu’à sa mort, Nelson Mandela évoquera le souvenir du leader libyen en termes affectueux et pleins de reconnaissance. Nul ne saura ce qu’a fait réellement Mouamar El-Keddafi pour empêcher l’Afrique du Sud de sombrer dans le chaos. Nous savons, en revanche, que la visite d’Obama en Afrique du Sud n’était pas étrangère au secours reçu par la Libye. Nelson Mandela, outré par les chantages, les menaces et les déceptions du monde occidental, s’est détourné de la rencontre avec le Président américain sous l’apparence d’une fatigue passagère.
Nelson Mandela, «dernier grand libérateur du XXe siècle», est né le 18 juillet 1918. Ce fut un homme politique qui a marqué l’histoire de son pays en luttant avec acharnement pour modifier durablement le destin. Suite au massacre de manifestants pour les droits des Noirs à Sharpeville en 1960 et l’interdiction de son parti l'ANC (African National Congress), Nelson Mandela quitte clandestinement son pays et rejoint ses frères algériens en lutte pour l’indépendance, où il s’initie aux armes et se ressource auprès des combattants de l’ALN. Après la prison, il sera élu, en avril 1994, à la présidence de son pays. Il accomplit un véritable miracle politique en devenant alors le premier Président noir d'Afrique du Sud, pour un seul mandat présidentiel, jusqu'en 1999. Toute son existence s'est articulée autour du combat contre la ségrégation raciale. Pour cela, il obtiendra le Prix Nobel de la paix en 1993 sans que sa qualification de «terroriste» soit levée par les autorités américaines. Vers la fin de sa vie, il se consacre entièrement au tissus associatif de son pays, donnant l’exemple d’un homme pétri d’engagements et d’efforts pour la paix jusqu’à sa mort survenue à sa 95e année, le 5 décembre 2013.
R. L.

Sur le même thème

Multimedia