L’Algérie au Conseil de sécurité : Quelles perspectives pour résoudre le conflit au Soudan ?

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l’Algérie sera toujours aux côtés des peuples et des causes justes. La succession inédite des crises et conflits dans le monde impose à la communauté internationale, aujourd’hui plus que jamais, de traiter le dossier de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies avec la plus grande diligence, pour redresser l’injustice historique faite au continent africain.

L’élection de l’Algérie au Conseil de sécurité ravive les espoirs des Africains, pour une implication active dans la résolution des conflits dont souffre le continent. Outre la cause palestinienne, la dégringolade que connaît le Soudan est l’une des illustrations de la complexité des situations où des puissances étrangères tentent de semer la zizanie dans une région qui en souffre déjà beaucoup.
Estimant que les échecs de la Ligue des Nations qui avait précédé la formation des Nations unies après la Seconde guerre mondiale ont fourni des leçons importantes, Fidel AmakyeOwusu, analyste au consortium de recherche sur les conflits en Afrique, souligne que le Conseil de sécurité «a été créé pour être l’organe le plus important du système des Nations unies. Et d’ajouter : «Si l’ONU a été créée pour empêcher une Troisième guerre mondiale, le Conseil de sécurité était l’institution qui devait s’assurer de l’équilibre et la stabilité».
«Bien que la conception, les processus et l’approche du Conseil aient fait l’objet de critiques au fil des décennies, AmakyeOwusu, estime qu’il a été ‘’efficace’’ en ce qui concerne l’objectif majeur de l’ONU, à savoir la préservation de la stabilité internationale»
L’analyste explique : «L’Algérie a remporté un siège au CSNU en tant que membre non permanent pour le mandat 2024-2025» et de rappeler que les membres non permanents «sont beaucoup moins puissants que les 5 autres disposant d’un droit de veto», néanmoins «l’Algérie pourrait, pour une raison quelconque, instrumentaliser son appartenance au Conseil pour aider à la recherche d’un consensus et la paix au Soudan».
S’agissant des stratégies et de la marge de manœuvre au sein du CSNU, le chercheur fait savoir que «l’Algérie comme le Soudan partagent les mêmes valeurs culturelles» qui pourrait, en faire, «un médiateur honnête et neutre». Il trouve intéressant «le fait que l’Algérie ne partage pas de frontières directes avec le Soudan». Cela pourrait «renforcer sa crédibilité et sa neutralité car elle n’a pas d’intérêt direct dans le conflit».
L’Algérie, poursuit-il, «entretient des relations cordiales avec les États-Unis et la Russie, et a soutenu le premier dans sa lutte contre le terrorisme mondial au cours des dernières décennies, et est également le plus gros acheteur d’armes du second sur le continent». Cela signifie que notre pays pourrait envisager une collaboration renforcée et solide avec les États les plus puissants du Conseil».
Amakye Owusu note que «ce facteur serait très important pour résoudre le conflit car les deux pays puissants semblent avoir des intérêts concurrents au Soudan».
Ainsi, avec la position stratégique de l’Algérie en tant que plus grand pays d’Afrique, «ces puissances ne peuvent ignorer ces initiatives qui ont été, jusque-là, fructueuses au Mali, en Libye et ailleurs» estime-t-il. En outre, «le rôle croissant et actif de l’Algérie dans les affaires continentales lui confère une stature d’intermédiaire crédible», précise Amakye Owusu. Et de rappeler dans ce contexte : «Le pays a annoncé, il y a quelques mois, des mesures d’aides et d’investissements d’un milliard de dollars pour financer des projets de développement à travers l’Afrique».
L’analyste indique que les pays membres non permanents peuvent assurer la présidence du CNSU et ont la possibilité et le pouvoir d’agir pour façonner l’ordre du jour et l’agenda du Conseil, car, «ils sont autorisés à convoquer des réunions à tout moment» a-t-il affirmé. Et de souligner : «Si l’Algérie pouvait tirer parti de ces atouts et s’engager en faveur de la paix au Soudan, elle pourrait investir de sa présence pour aider à stabiliser le continent», mais cela se joue également, selon lui, avec le soutien d’acteurs et d’institutions régionaux puissants telles l’Égypte, l’Éthiopie, l’UA et l’Arabie saoudite, «dont la contribution ne peut être ignorée pour l’aider à atteindre cet objectif».

Tahar Kaidi

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