Jeux méditerranéens-2022 : Oran, métropole du futur

L’ambition d’Oran est de figurer au rang des grandes métropoles qui comptent à travers la Méditerranée, une ville attractive et créative.

Par Abderrahmane Mebtoul *

Les Jeux Méditerranéens-2022 se dérouleront à Oran, un grand honneur pour l’Algérie à la veille de la fête de l’indépendance. Vingt-six pays participeront à cette édition des Jeux Méditerranéens : l’Albanie, l’Algérie, Andorre, la Bosnie-Herzégovine, Chypre, la Croatie, l’Égypte, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, le Kosovo, le Liban, la Libye, la Macédoine du Nord, Malte, le Maroc, Monaco, le Monténégro, le Portugal, Saint-Marin, la Serbie, la Slovénie, la Syrie, la Tunisie et la Turquie.

Oran, une longue histoire méditerranéenne

Oran (Wahrāan), surnommée «la radieuse» (El-Bahia), est une ville portuaire de la Méditerranée, au nord-ouest de l’Algérie, chef-lieu de la wilaya du même nom, en bordure du golfe d’Oran, se trouvant à 432 km à l’ouest de la capitale Alger. Bon nombre d’historiens rappellent que le nom Wahran vient du mot arabe «wahr» (lion) et de son duel (deux) Wahran (deux lions). La légende dit qu’à l’époque (vers l’an 900), il y avait encore des lions sur la montagne près d’Oran, qui d’ailleurs, s’appelle «la Montagne des lions». Il existe devant la mairie d’Oran deux grandes statues symbolisant les deux lions en question. Oran aurait été créée en 902 par les marins andalous et a connu différentes occupations. D’où les conflits entre Omeyyades d’Espagne et Fatimides de Kairouan. En 1016, la ville devient Omeyyade, et en 1081, c’est l’avènement de l’empire almoravide. Avec le début du XIIIe siècle, c’est la constitution des royaumes de l’Est et de Tlemcen sur le corps de l’empire almohade. Le royaume zyanide de Tlemcen, dont font partie Oran et sa province, est alors pris en étau entre les Hafcides de l’Est et les Mérinides de l’Ouest.
Durant toute cette période aussi, la ville d’Oran sera, tour à tour et plusieurs fois de suite, Zeyanide, Mérinide, Hafcide. S’ensuit alors une longue période tragique marquée par des luttes intestines au sein du royaume de Tlemcen pour la succession au trône jusqu’en 1425, période du sultan hafcide Abou Farès, qui reprend tout le Maghreb central…
C’est sans doute à la faveur de ces dissensions et de ces déchirements continus, qui affaiblissent le royaume, que se fait la prise d’Oran par les Espagnols en 1509 après l’occupation de Mers el Kébir. La première libération d’Oran s’est faite en 1705 par le bey Bouchelagham qui en fit le siège du beylick. Mais cette libération est de courte durée — puisque les Espagnols reprennent la ville — et prend fin le 8 octobre 1792. La ville est assiégée par Mohamed ben Othman, dit Mohamed El-Kébir, mais au cours de la première nuit du siège, un tremblement de terre détruit Oran. Le bey propose un traité au roi Charles IV, et dès 1792, les Espagnols quittent définitivement Oran. En 1831, la ville, comme le reste du pays, devint colonie française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 3 Juillet 1940, la flotte française du gouvernement de Vichy, basée à Mers el-Kébir, fut bombardée par la flotte anglaise venant de Gibraltar.
Le 8 novembre 1942, c’est au tour des Anglais et des Américains de débarquer, prélude au débarquement en Italie. Durant la guerre de Libération nationale, Oran, à l’Instar de toutes les wilayas du pays, a payé un lourd tribut pour que l’Algérie retrouve sa souveraineté.

Émergence d’une métropole en fonction de l’aménagement du territoire

Ce processus d’émergence implique une réelle décentralisation autour de six à sept grands pôles régionaux économiques (Est, Centre, Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest...). L’objectif stratégique à l’horizon 2022/2025 est de rapprocher l’État du citoyen pour sa participation à la gestion de la cité. La fonction de wali ­—dont le rôle essentiel est l’animation et la coordination des communes— ne doit plus répondre aux critères où l’administratif prime, mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays.

La réussite implique plusieurs actions coordonnées

- 1) Impliquer les acteurs-clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la métropole doit être assise sur les technopoles. Elle doit être soutenue à la fois par les acteurs publics, notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (État, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, chambre de commerce, syndicats patronaux..).

- 2) L’efficacité doit reposer sur un modèle opérationnel performant. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services, etc.).

- 3) Les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…).
Ces trois actions nécessitent une nouvelle politique de l’aménagement du territoire. l’Algérie est en face de l’Europe, côtoyant la Tunisie, l’Atlantique (Maroc, Mauritanie), la Libye, le Mali et le Niger comme point d’appui de l’Afrique subsaharienne s’étendant sur 2.380.000 km2 dont 2.100.000 km2 d’espace saharien.
L’heure est au partenariat entre les acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. En résumé, le rôle du CIJM est de promouvoir le sport et l’olympisme ainsi que les idéaux et les valeurs dont ils sont porteurs dans les pays du Bassin méditerranéen, s’engageant à promouvoir l’esprit de paix, d’amitié, d’excellence, d’ouverture d’esprit et d’unité entre les pays du pourtour méditerranéen, une mer qui, depuis 3.000 ans, a vu la naissance de grandes civilisations, religions, cultures et traditions, ainsi que les valeurs et l’esprit de l’olympisme. L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De Saint-Augustin à l’Émir Abdelkader, les apports de l’Algérie à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines. Bienvenue en Algérie et à Oran à nos amis des deux rives de la Méditerranée.

A. M.

* Professeur des universités, docteur d’État 1974, expert international

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  •  La ville est assiégée par Mohamed ben Othman,
    dit Mohamed El-Kébir, mais au cours de la première nuit du siège, un tremblement de terre détruit Oran.
    Le bey propose un traité au roi Charles IV, et dès 1792, les Espagnols quittent définitivement Oran.
  •  Après la «commune providence» du tout-État, l’heure est au partenariat entre les acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes, en évitant le gaspillage, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue par des perspectives de long terme, d’une part, et les arbitrages cohérents, d’autre part, qu’implique la rigueur de l’acte de gestion.
  •  Le rôle du CIJM est de promouvoir le sport et l’olympisme, ainsi que les idéaux et les valeurs dont ils sont porteurs dans les pays du bassin méditerranéen, s’engageant à promouvoir l’esprit de paix, d’amitié, d’excellence, d’ouverture d’esprit et d’unité entre les pays du pourtour méditerranéen, une mer qui, depuis 3.000 ans, a vu la naissance de grandes civilisations, religions, cultures et traditions, ainsi que les valeurs et l’esprit de l’olympisme.

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Un rôle économique crucial

La wilaya d’Oran compte 9 daïras : Oran, Aïn el-Turk, Arzew, Bethioua, Es-Senia, Bir El-Djir, Boutlélis, Oued Tlélat et Gdyel. La Population de la wilaya (2018) est de 2 053 204 habitants. Pour une superficie de 2.114 km2, elle est bordée par la wilaya de Mostaganem, Mascara, Sidi Bel-Abbès et Aïn Témouchent. La wilaya a un climat méditerranéen, son relief étant marqué, notamment par une façade maritime composée de côtes rocheuses s’étalant des monts d’Arzew jusqu’à Mers el-Kébir à l’Ouest et du Cap Lindles jusqu’à Cap Sigal, limite administrative de la wilaya avec des plages sableuses de la basse plaine de Bousfer, les Andalouses et la baie d’Arzew. Le plateau d’Oran-Gdyel s’étend sur une vaste superficie, des piémonts du Murdjadjo jusqu’au Sahel d’Arzew, et la partie orientale de la plaine de la M’leta entre les piémonts Sud de Tessala, les coteaux de la forêt de Moulay Ismaïl et la bordure immédiate de la grande Sebkha constituée par une dépression située à 80 m d’altitude d’une étendue dépassant les 30.000 ha (près du 6e de la surface de la wilaya). La wilaya recèle une superficie agricole utile de 90.271 ha, la superficie forestière s’étendant sur 41.260 ha et ses potentialités économiques sont l’agriculture, l’industrie, la pêche, les nouvelles technologies et le tourisme. Des campus comme l’USTO Mohamed-Boudiaf d’Oran, le pôle de Belgaïd ou encore l’université Abou-Bakr-Belkaïd peuvent servir de segment dynamisant pour la wilaya. C’est que la wilaya d’Oran aspire à se hisser au rang des grandes métropoles ; elle en a les potentialités. Elle est dotée d’infrastructures de base non négligeables (routes, ports, aéroport), abrite les plus grands complexes pétroliers et gaziers du pays, une côte attrayante sur la mer ; ce qui lui permet, sous condition d’une gestion optimale, d’offrir des conditions satisfaisantes à l’activité économique et commerciale. Les extensions du port d’Arzew, pôle pétrochimique, et de l’aéroport Ahmed-Ben-Bella, où de grands projets sont en cours devraient permettre une meilleure fluidité de la circulation des personnes et des marchandises. La protection de la grande sebkha d’Oran –une zone humide classée «site mondial» par la convention Ramsar– a bénéficié d’opérations d’aménagement s’étalant sur plusieurs années, dans le cadre d’une vision globale notamment des stations de traitement des eaux usées en contrebas d’El-Kerma. Les eaux traitées devraient être déversées dans ce lac salé, faisant partie du bassin versant de la grande Sebkha qui s’étend sur une superficie de 2.275 m2 comprenant les wilayas d’Oran, de Sidi Bel-Abbès et d’Ain Témouchent. L’ambition d’Oran est de figurer au rang des grandes métropoles qui comptent à travers la Méditerranée, une ville attractive et créative. Le rôle d’Oran dans l’économie algérienne et dans la région Ouest est crucial, avec les nouvelles mutations mondiales où la concurrence internationale est vivace. La wilaya peut connaître de grandes perspectives en matière d’investissement afin d’impulser le développement local avec la création de nouvelles zones industrielles, la réhabilitation des zones d’activités existantes et la création d’autres, de petite envergure, au niveau des communes. Aussi, avec ses infrastructures portuaires, aéroportuaires, ferroviaires et routières, Oran peut attirer de nombreux investissements. Son attractivité peut lui faire jouer le rôle de pôle d’excellence et de compétitivité sur lequel s’appuient les villes-relais du Tell, telles que Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Mascara et Relizane.

A. M.

 

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