
La problématique de la hausse des prix des produits de large consommation a été débattue samedi au forum du quotidien Echaâb en présence de Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur (APOCE), de Ali Hamani, président de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB) et de l’analyste économique, Mahfoud Kaoubi.
Selon ce dernier la hausse des prix trouve son origine dans le fait que «le marché échappe à toute logique de contrôle, il existe deux marchés en Algérie, un marché où les prix sont administrés et un autre qui obéit à la règle de l’offre et de la demande».
Constatant que la moyenne des prix de certains produits défiscalisés est restée à la portée du citoyen l’année dernière, en dépit de la crise sanitaire, l’analyste dira que l’Algérie se trouve face à ce qu’il qualifie de «piraterie économique» à cause de la «faiblesse des mécanismes de contrôle administratif conjuguée à l’emprise du monopole et des situations de domination de marchés par certains opérateurs».
Cet impact se fait sentir notamment chez les classes défavorisés, et, est également «le résultat du détournement de la subvention qui avoisine les 1.800 milliard de dinars» note M. Kaoubi, expliquant que ce mécanisme qui était censé réparer les injustices sociales et pallier les disparités, est devenu la cause d’un malaise social.
Au lieu, de subventionner les producteurs afin d’agir sur le prix final, l’Etat a orienté l’aide sociale à la consommation, ce qui a provoqué deux effets négatifs, d’un côté l’affaiblissement de plusieurs secteurs d’activités, de l’autre l’encouragement d’un nouveau mode de consommation irrationnel». Pour remédier à cela, l’économiste plaide en faveur «d’une réorganisation de l’économie en définissant les priorités des Algériens au moment où les recettes de l’Etat sont en baisse de 40% ». M. Kaoubi estime au final que «les prix traduisent une réalité économique qu’il faut diagnostiquer». Il propose dans ce sens «la numérisation des secteurs d’activités, l’amélioration des mécanismes de contrôle administratif et la promotion de la coordination intersectorielle».
APAB : un chiffre d’affaires de 260 milliards de dinars
Ali Hamani, de l’APAB préfère dresser le bilan de ce secteur eu égard au contexte actuel en avançant les chiffres d’un «secteur générateur d’emplois, avec un effectif global estimé à plus de 20.000 emplois directs et à près de 100.000 emplois indirects».
«La fermeture d’unités a impacté lourdement les producteurs» explique M. Hamani qui assure que le secteur a produit 5 milliards de litres en 2019, avec un chiffre d’affaires avoisinant 260 milliards de dinars».
Une production qui a évolué de 30% dans le domaine de l’eau embouteillée et enregistré une baisse de moins 3% pour les boissons gazeuses et une stagnation pour la production des jus». Le président de l’APAB sollicite à ce titre l’intervention des hautes autorités afin de préserver les outils de production et de distribution et de maintenir le niveau d’emplois directs et indirects dans cette phase difficile que traverse notre pays».
Par ailleurs, il assure que l’APAB a pris la décision de «baisser le taux de sucre dans la production des boissons en application du Règlement technique algérien. A ce propos, tout un travail autour des normes à respecter dans cette filière a été réalisé avec des experts de l’association, en collaboration avec les ministères du Commerce et de la Santé. «Un dossier technique a été remis au ministère de l’Industrie et nous attendons sa signature depuis presque deux ans».
APOCE : les Algériens payent les effets de la crise
Mustapha Zebdi, président de l’APOCE estime que «les Algériens payent aujourd’hui une hausse liée notamment aux effets de la crise sanitaire qui a touché plusieurs secteurs d’activité à l’image du secteur industriel qui a reculé de 70%, ainsi que les activités commerciales qui ont stagné de 30%»
En tant qu’association de protection du consommateur, l’APOCE constate que «ces surprenantes hausses de prix dépassant dans certains cas 40% et sont exagérées». Mustapha Zebdi situe le point de départ de cette flambée des prix à la fin de l’année passée. Une augmentation qui a touché dans les marchés de gros la filière des viandes à 7%, les pâtes à 40%, les produits laitiers et dérivés à 15%, le sucre industriel, la quincaillerie à 300%, les pièces de rechange à 5%».
Rappelant le discours du président de la République faisant référence à l’importance de préserver le pouvoir d’achat des Algériens le président de l’APOCE appelle «les autorités à intervenir pour contrôler les marchés et sanctionner ceux qui ont versé dans la spéculation».
Tahar Kaidi