
Avec des investissements estimés à 5 milliards de dollars, la Turquie est assurément un partenaire de choix pour l’Algérie. Les deux parties ont, en effet, mis en place une stratégie globale de coopération qui comprend tous les secteurs, les aspects économiques, mais également les domaines culturel, social, humain, sécuritaire et de défense. «Contrairement à d’autres pays, nous ne considérons pas l’Algérie comme un marché pour écouler nos produits, nous aspirons aussi à la réalisation d’importants investissements», avait souligné Erdogan, lors de sa visite de travail et d’amitié en Algérie les 26 et 27 janvier 2020, en affirmant que les relations entre l’Algérie et la Turquie revêtent un «caractère stratégique».
Expert en questions géopolitiques, Hassan Kacimi affirme que dans toutes ces relations internationales, l’Algérie «se mobilisera» pour «défendre» ses intérêts, en privilégiant des relations de coopération stratégique, fondées sur le partage des intérêts. «Les relations commerciales avec la Turquie sont exemplaires. Elles ont permis la réalisation, en Algérie, des investissements turcs d’un montant de 5 milliards de dollars et qui ont été fixés, pour le futur immédiat, à 10 milliards de dollars», se félicite-t-il.
Ce dernier estime que «sur des questions importantes, en relation avec les crises et les conflits, on relève, entre les deux pays, des points de vue complémentaires, qui peuvent concourir au règlement de plusieurs contentieux, au Sahel, au Maghreb et en Palestine».
Au plan économique, l’expert dit s’attendre à ce que ce partenariat évolue vers des niveaux plus importants, dans les domaines de la sécurité collective, de l’industrie militaire, de la marine et de l’aviation. Et d’ajouter : «Il y a des négociations en cours avec des entreprises privées dans des domaines stratégiques. Il est également question de mettre en place des mécanismes de coordination et de concertation sur des dossiers importants. De grands projets dans l’agriculture sont également programmés pour garantir la sécurité alimentaire des deux pays, et cela au regard des grandes potentialités de l’Algérie dans ce domaine. Ce créneau constitue un levier puissant, d’influence, dans les relations internationales. D’autres créneaux d’investissement sont déjà en projet dans plusieurs secteurs, de l’industrie, du tourisme et de la culture.»
Progression notable des échanges
L’Algérie est le deuxième partenaire commercial de la Turquie en Afrique, tandis que la Turquie est le premier investisseur étranger en Algérie ces dernières années avec plus de 377 projets d’investissement. Les échanges commerciaux ont progressé de 30% en 2022. L’objectif fixé par les deux pays est d’atteindre 10 milliards de dollars, pour les échanges commerciaux et les investissements turcs en Algérie, et de renforcer le nombre, en constante évolution, des entreprises turques dans notre pays qui sont aujourd’hui quelque 1.550 entités activant dans des secteurs variés.
Notre pays, qui ne comptait en l’an 2000 que 7 entreprises turques, se place aujourd’hui au 7e rang des pays dans lesquels, la Turquie investit le plus dans le monde et la première en Afrique. Les investissements directs turcs en Algérie ont atteint près de 5 milliards de dollars et ont généré quelque 30.000 postes d’emploi, selon des données officielles turques.
Ces investissements ont été réalisés notamment dans les secteurs de l’acier et du fer, du textile, des produits chimiques et d’entretien, des produits pharmaceutiques et agro-alimentaires. Il s’agit, notamment, du complexe sidérurgique TOSYALI, implanté à Oran, investi dans la production du rond à béton, du fil machine et des tubes en spirale et prochainement dans l’acier plat, ainsi que du complexe intégré des métiers de textile du groupe Tayal de Sidi Khettab à Relizane.
Au total, le nombre d’entreprises turques présentes en Algérie a atteint les 1.400 englobant divers secteurs dont la construction, le bâtiment, les travaux publics, l’industrie, l’agriculture, la distribution et les technologies de la communication, ainsi que les transports maritime et aérien. La valeur totale des projets gérés par les entrepreneurs turcs en Algérie est d’environ 20 milliards de dollars.
En 2021, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint, selon les statistiques du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, les 4,2 milliards de dollars. Les exportations de l’Algérie vers la Turquie ont atteint la valeur de 2,5 milliards de dollars tandis que les importations ont été de l’ordre de 1,7 milliard de dollars.
Les exportations sont composées, à plus de 90%, de produits énergétiques, tels que le gaz naturel liquéfié (GNL), le pétrole brut et le gaz naturel. Pour les exportations turques vers l’Algérie, elles sont constituées de véhicules de transport, de pièces de rechange, de produits de fer et d’acier, d’outils et pièces de machines, de produits textiles, d’habillements non-tissés, d’outillage, d’appareils de télévision et de communication, de métaux non ferreux, de céréales et leurs dérivés, ainsi que d’emballages de papier-carton et plastique.
Par ailleurs, la nouvelle loi sur l’investissement est à même d’ouvrir la voie à de «nouveaux partenariats et projets structurants et solides entre opérateurs algériens et turcs» dans divers domaines. C’est dire que les relations algéro-turques passent donc par une nouvelle phase grâce aux efforts déployés par les deux parties visant le renforcement de la coopération, tous domaines confondus, dans le cadre du partenariat stratégique continu entre les deux pays. Les deux pays sont, pour rappel, liés depuis 2006 par un traité d’amitié et de coopération.
Farida Larbi