Forum de la mémoire : Hommage à Taleb Abderrahmane et ses compagnons

Ph. Y. Cheufi
Ph. Y. Cheufi

En commémoration du 63e anniversaire de l'exécution du martyr Taleb Abderrahmane et de ses compagnons, le 24 avril 1958, le Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid, avec l’association Machaâl Echahid et en coordination avec le Centre national d'études historiques, a organisé samedi une conférence intitulée «L'exécution de la peine de mort entre la guillotine et les balles, pour commémorer les martyrs exécutés».

Tenue au centre d’études historiques d’El Biar, la conférence a été animée par l'avocate Fatma-Zohra Ben Braham. Cette dernière est revenue sur le combat héroïque du chahid Taleb Abderrahmane, dont l’action a été retracée avec détails sur son engagement révolutionnaire, notamment avec la formation d’artificiers.
«On demande ma tête encore, et pour la troisième fois, messieurs, je suis un mort en sursis. Pour ma patrie, pour mon idéal et pour mon peuple, périr n’est qu’un sublime sacrifice. L’Algérie sera libre envers et contre tous», disait Taleb Abderrahmane à ses bourreaux.
La tête de Taleb Abderrahmane fut tranchée dans l’enceinte de la prison Serkadji (ex-Barberousse) à Alger, le 24 avril 1958, il n’avait alors que 28 ans. Taleb Abderrahmane est né l'année du centenaire de la colonisation, qui consacrait pour le pouvoir colonial un règne qui devait durer mille ans. Dans cette atmosphère de chape de plomb, le jeune Abderrahmane, à force d'opiniâtreté et de résilience, réussit à passer les interstices de tolérance pour acquérir un savoir, d'abord le brevet, ensuite le secondaire et enfin l'école de chimie qu'il quitte le 19 mai 1956. Très tôt structuré au sein du PPA, il s'engage rapidement dans la révolution et met ses compétences au service de la lutte armée en formant des artificiers. A l'appel du FLN, il quitte les bancs de la faculté pour se consacrer à la cause nationale.
Puis, à la suite de l'attentat du 10 août 1956, à la rue de Thèbes dans la Casbah d’Alger perpétré par des ultras de l’Algérie française contre les habitants de la Casbah, il est affecté à la Zone autonome d’Alger pour fabriquer des explosifs dans des laboratoires de fortune. Il va monter un atelier clandestin à l'impasse de la grenade dans la vieille citadelle puis un autre à la villa des Roses à El Biar. Activement recherché, il est appréhendé en juin 1957 au sud de Blida par le 3e RPC. Considéré comme l'artificier du «réseau bombes» de Yacef Saâdi, durant la bataille d’Alger, il est condamné à mort par le tribunal permanent des Forces armées d'Alger, le 7 décembre 1957.
Il faut rendre hommage à l'apport des révolutionnaires universitaires algériens. En effet, la seule inscription chaque année de la «question algérienne» de la session annuelle des Nations unies avait un impact exceptionnel dans la bataille de l'information que la délégation française à l'ONU a tenté en vain d'étouffer.
Les intellectuels de la révolution ont donc donné un contenu idéologique, scientifique et culturel à la révolution en utilisant toutes les ressources, de l'intelligence et du courage pour combattre le colonialisme.
M. B.

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