Forum de la mémoire d'El moudjahid : L’intelligentsia au service de la Révolution

Ph. : Wafa
Ph. : Wafa

Le Pdg d’El Moudjahid, Mohamed Koursi a rappelé lors de son allocution d’ouverture l’importance de transmettre le message des moudjahidines aux jeunes générations en présence des écolières de l’établissement El fitia, qualifiant la Révolution algérienne de symbole d’exemple et de modèle ayant inspiré plusieurs pays africains pour s’émanciper du joug colonial. M. Mohamed koursi a fait savoir que la grève des étudiants du 19 mai 1956 a donné un élan intellectuel pour porter le combat libérateur sur tous les fronts. «Par les armes, la plume et la diplomatie, les étudiants ont été d’un apport considérable pour l’indépendance. La jeunesse a porté haut le flambeau, conjuguant l’amour de la patrie et les valeurs universelles », a-t-il noté. Rappelant l’engagement du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune en Turquie à conférer plus de visibilité à l’université algérienne, M. Koursi a insisté sur l’impératif de valoriser les sacrifices de nos aïeux pour mieux se projeter dans l’avenir. «Nous avons besoin de sciences et de technologie pour faire face aux défis. L’université doit s’ouvrir sur le monde en s’inspirant du sacrifice de l’élite de la lutte de libération», a-t-il souligné. La moudjahida, Zohra Drif-Bitat à égrené ses souvenirs lorsqu’elle était au lycée Descartes et à l’université d’Alger, rappelant le racisme et le mépris des professeurs. «Nous étions 500 étudiants à la faculté, sur 10 millions de population à l’époque, et la plupart de nos professeurs nous étaient hostiles. N’empêche, nous allions toujours de l’avant», a-t-elle fait savoir. Zohra Drif reviendra sur son engagement avec l’ALN, notamment au lendemain du 19 mai 1956. «Après la grève, les étudiants se sont dispersés et chacun cherchait à rejoindre le maquis : il fallait faire très attention. En compagnie de mon amie, Lakdari, et après des semaines de recherches, Boualem Oussedik qui était étudiant en lettres nous a mis en contact avec Ali El Hadi, pour rejoindre le front». La femme, une résistante sur tous les fronts Zohra Drif-Bitat a mis en exergue le rôle positif et capital des étudiants durant la guerre de Libération. Instruits et possédant un savoir-faire dans différents domaines, les étudiants ont contribué à encadrer le peuple en lutte. Le rôle de la femme a été au cœur du débat du Forum, abordant les différentes tâches qui leur été confiées. « La femme a été infirmière, secrétaire chargée de correspondance ou encore combattante. Elle a été d’un grand apport lors des opérations militaires dans les quartiers européens. Il faut rappeler que les colons étaient tous armés et n’hésitaient pas à tirer sur les hommes après l’opération, tandis que la femme avait plus de chance de réussir son coup et de s’en sortir indemne», a-t-elle confié. Une thèse doctorale préparée par la chercheuse à l’université de Bouzareah Samira Aboud évoque également le grand sacrifice de la femme dans différents domaines. «L’élite estudiantine a apporté le savoir-faire nécessaire pour une plus grande dimension à la Révolution algérienne dans différents domaines, notamment celui de la santé. La femme a contribué au renseignement, au travail de secrétariat ainsi qu’à la collecte des écrits pour le journal El Moudjahid», a fait savoir Samira Aboud. Le moudjahid Salah Laouir a qualifié la grève des étudiants du 19 mai 1956 de «locomotive d’éveil de la Révolution algérienne au niveau intellectuel». Il a déclaré que la France avait de grands moyens militaires et logistiques mais «qu’elle n’a jamais pu comprendre l’ingéniosité du peuple algérien». Salah Laouir était fidai, auteur d’opérations dans la zone autonome d’Alger. « Nous étions des groupes de trois à être introduits à Alger, en tant que membres de l’ALN et indépendant de la zone autonome d’Alger pour réfuter la propagande française qui disait que les parachutistes avaient libéré la capitale», a-t-il fait savoir.

Kader Bentounes

Mohamed Lahcen Zghidi, historien : «La femme a été l’école qui a forgé des résistants»

La femme algérienne a grandement contribué au recouvrement de la souveraineté nationale, et ce, depuis 1830, souligne l’historien Mohamed Lahcen Zeghidi. «L’engagement de la femme a commencé depuis les révoltes populaires. Elle a combattu le colonialisme avec l’Emir Abdelkader, elle a dirigé des révoltes à l’exemple de Lalla Fatma N’soumer. Dans le Mouvement national, la femme, de plus en plus instruite, a milité avec dévouement. Elle a été au premier rang lors des manifestations et elle a payé un lourd tribut lors du massacre du 8 mai 1945». Selon lui, la femme a souffert autant que l’homme durant la guerre de libération nationale. « On a tendance à mettre l’accent sur l’apport de la gent masculine dans le combat libérateur, or, Mustapha Ben Boulaid a été certes l’homme ayant tiré le premier coup de feu, mais il avait une mère, une femme et une fille qui ont certainement souffert plus que lui»,a-t-il noté.

K.Bentounes

Salah Laouir, Moudjahid et membre du Conseil de la nation : «Des combattantes intrépides»

Le membre du conseil de la nation, Salah Laouir, a souligné le rôle important joué par la femme algérienne pendant la guerre de Libération. Le FLN voulait mobiliser les étudiants et notamment les lycéens dans la révolution. Chose faite au lendemain de la grève de 56. « Ils sont devenus d’ailleurs des responsables importants dans le FLN/ALN à l’instar du chef de la wilaya 4 en l’occurrence M. Hassan Khattib». La femme algérienne, surtout la femme rurale, a subi et participé à la révolution d’une façon magnifique et exemplaire, ajoute-t-il. «Elle a été une combattante courageuse, Elle avait la charge la charge de nourrir la troupe. Ce n’est pas aussi simple de faire ce travail qui était très pénible, il faut avoir un grand courage et aussi l’amour du pays. Ajoutant que lorsque un moudjahid tombait aux champs d’honneur, les youyous des femmes algériennes insufflaient du courage aux combattants.

Dr Samira Aboud, cadre au ministère de l’éducation : «Le rôle précieux des femmes algériennes»

Le Dr Samira Aboud, cadre au sein du ministère de l’éducation, est en train de terminer son doctorat avec en prime un travail spécifique sur la contribution à la lutte armée de la femme algérienne . Elle recueillera des témoignages précieux au niveau des wilayas . Aux archives départementales des Hauts-de-Seine, en France, elle fouillera les documents d’archives militaires témoignant du rôle de la femme algérienne. « La révolution a eu un écho retentissant à travers le monde», dit-elle, saluant les sacrifices d’un «peuple révolutionnaire» par sa nature.

Zine Eddine Gharbi

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