
Le sous-directeur chargé de la communication et des statistiques à la Direction générale de la Protection civile (DGPC), le colonel Farouk Achour, a affirmé, hier, que «la plupart des feux de forêt sont désormais maîtrisés» et «ne représentent plus de danger pour les habitants».
Dans une déclaration à la radio nationale, le colonel Achour a évoqué le niveau de maîtrise sur le terrain des incendies de forêt déclenchés depuis quelques jours sur les hauteurs de plusieurs wilayas, assurant que «la plupart de ces incendies sont maîtrisés et ne représentent aucun danger pour les habitants». Les efforts des unités de la Protection civile sont focalisés actuellement sur «la protection des zones d’habitation, notamment dans les wilayas d’El- Tarf, Béjaïa, Jijel et Tizi Ouzou». S’agissant des dernières données sur la propagation des incendies, le même responsable a souligné «la poursuite des efforts pour l’extinction de 19 incendies au niveau de 11 wilayas», précisant que «plus de 74 incendies ont été éteints durant les dernières 24h». Concernant les solutions efficaces à prendre sur le terrain pour la maîtrise des feux de forêt et la levée des obstacles entravant les opérations d’extinction, le colonel Achour a fait savoir que «la plus importante question demeure la préparation, à travers la prise de mesures préventives et juridiques, car constituant un facteur déterminant dans la maîtrise rapide des feux et le renforcement de l’immunité des espaces forestiers en de pareilles circonstances urgentes».
Ceci, explique-t-il, «facilite l’ouverture des pistes, en impliquant les habitants, afin qu’ils aient un rôle fort et pivot dans la gestion de ces espaces forestiers à travers des mécanismes leur permettant d’en bénéficier», ce qui renforce leur sentiment d’appartenance. Soulignant l’impératif d’«ouvrir les pistes», le même responsable a rappelé que les agents de la Protection civile se retrouvaient souvent contraints à parcourir plusieurs kilomètres pénibles pour atteindre les foyers, d’où la nécessité de l’intervention des unités de l’Armée nationale populaire (ANP) en vue d’ouvrir en urgence ces voies, ce qui représente un danger pour les intervenants qui se trouvent dans une situation similaire.
Parmi les autres solutions d’une importance capitale dans la lutte contre les incendies de forêt et qui «doivent être mises en œuvre d’urgence à l’avenir», figurent la création de «points d’eau» et le recours au plan «d’alerte précoce», en tant que mécanisme auquel participent les citoyens qui habitent près des forêts. Dans le cadre de la stratégie prospective en matière de surveillance de ces incendies, le même responsable a souligné «la nécessité d’utiliser les technologies disponibles, telles que les avions de reconnaissance qui sont actuellement en service 24 heures sur 24», ainsi que «l’utilisation de satellites et l’intensification des centres de surveillance et d’alerte, pour permettre à la Protection civile d’obtenir des informations en temps opportun». En outre, «l’exploitation scientifique des forêts permet de réduire leur fragilité», tous des facteurs déterminants, qui vont permettre «sans aucun doute de réduire le nombre de ces incendies», précise-t-il. Les unités de la Protection civile sont, ainsi, parvenues, ces dernières 24 heures, à éteindre 33 feux de forêt dans 12 wilayas : Tizi Ouzou (17) et Béjaïa (3), deux incendies dans chacune des wilayas de Jijel, Boumerdès et Médéa, et un à El-Tarf, Tébessa, Skikda, Tiaret, Batna, Mila et Souk Ahras. En collaboration avec les services compétents, les équipes de la Protection civile œuvrent actuellement à éteindre «19 incendies en cours à travers dix wilayas : Béjaïa (6), El-Tarf (3) et 2 dans chacune des wilayas de Tizi Ouzou, Sétif et Guelma, en sus d’un incendie dans chacune des wilayas d’Aïn Defla, Annaba, Bouira et Skikda». À noter que les éléments de la Protection civile de la wilaya de Souk Ahras sont parvenus, samedi, à éteindre deux incendies dans les forêts de Dekma (commune de Lahnancha) et El-Ma Lahmar (commune frontalière d’Aïn Zana). L’opération a permis de maîtriser les flammes qui ont ravagé des centaines d’hectares d’arbres forestiers, de broussailles, et causé de grandes pertes aux ressources agricoles des habitants de la forêt et des régions adjacentes, des brigades de la Protection civile demeurent sur les lieux pour des opérations de contrôle afin de prévenir toute réapparition du feu.
La colonne mobile de lutte contre les incendies de forêt se trouve toujours au niveau de l’Unité secondaire de la Protection civile à Machroha, en état d’alerte, pour intervenir en cas de propagation des incendies depuis les wilayas voisines d’El-Tarf et de Guelma vers Souk Ahras. Les opérations d’extinction ont été suivies par le chef de l’exécutif local, Lounes Bouzegza, qui a donné des instructions à l’effet de mobiliser tous les moyens, et supervisées par le directeur local de la Protection civile, le lieutenant-colonel Zoubir Maariche.
Synthèse R. N.
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Recensement des dégâts
Un premier bilan catastrophique
Plus de 25.000 ha de couvert végétal, dont 8.800 ha d’arbres fruitiers et 100.880 sujets d’élevage, ont été détruit par les incendies enregistrés depuis le 9 du mois en cours dans 16 communes de la wilaya de Tizi Ouzou, où subsistaient encore quelques foyers, hier, a-t-on appris des services compétents. Le Conservateur local des forêts, Youcef Ould Mohamed, a indiqué à l’APS que selon les images satellites, les incendies ont ravagé plus de 25.000 ha de couvert végétal entre forêts, maquis, broussailles et vergers. À propos des évaluations sur le terrain, ce même responsable a indiqué que les services des forêts se sont déjà déplacés dans les forêts de Tigzirt, Azeffoune et Azazga, relevant, à propos des autres régions touchées par les incendies, que l’évaluation se fait progressivement en fonction de l’extinction des feux, observant que dans certaine zones, il y encore de la fumée et de la cendre chaude. De son côté, le directeur local des services agricoles (DSA), Djamel Sersoub, a indiqué à l’APS qu’une première estimation «sommaire» établie par les subdivisions agricoles des localités ravagées par les feux fait état de 8.800 ha d’arbres fruitiers réduits en cendre, principalement des oliviers, et de 100.880 sujets d’élevage (grands ruminants, petits ruminants et avicole). Selon le détail communiqué par ce même responsable, les feux ont détruit plus de 8.000 ha d’oliviers et 800 autres ha de divers arbres fruitiers. En outre, sur les 100.880 sujets d’élevage, le même bilan provisoire fait état de plus de 200 têtes de bovins, 300 têtes d’ovins, 380 caprins et 100.000 sujets avicoles (poulets de chair et poules pondeuses). À ces pertes, s’ajoutent la destruction par les feux de plus de 10.000 ruches, de 60 bâtiments d’élevage avicole et de 35 bâtiments d’élevage de grands ruminants (étables) selon une première estimation sommaire, a-t-il insisté. M. Sersoub a indiqué que le recensement réel des dégâts a commencé hier, avec la sortie sur le terrain de commissions mixtes composées de cadres et d’experts de la DSA, de la Caisse régionale de la mutualité agricole (CRMA) et d’experts d’autres wilayas dépêchés, samedi à Tizi Ouzou, au titre de mesures prises par le gouvernement, pour évaluer les dégâts, pour entamer l’indemnisation des sinistrés.
APS
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Béjaïa : les canadairs soulagent les villages les plus touchés
La grande partie des feux de forêt déclenchés dans les différents villages de Béjaïa sont éteints, grâce à la mobilisation des services de la Protection civiles, des éléments de l’ANP, des employés des forêts et des citoyens bénévoles, qui ont coordonné leurs actions. Les canadairs affrétés par l’Algérie de France et d’Espagne et l’hélicoptère de l’ANP ont réussi à soulager les villages les plus touchés et dont les flammes ont calciné et anéanti le massif forestier avec des pertes en matière de végétation, de cheptel, de ruches, d’arbres fruitiers et de grandes parcelles d’oliviers et de figuiers. Des dégâts ont concerné aussi les biens des populations, dont des véhicules et des maisons. Mais surtout des pertes humaines, avec quatre décès a Barbacha. Hier, la situation s’est stabilisée progressivement au niveau de plusieurs communes. Selon la Protection civile, les quelques foyers restants sont maîtrisables, à l'instar de ceux de Toudja et de Kendira. Celui d'Adekar est sous contrôle après son extinction, mais l’hélicoptère de l’ANP continue de larguer de l’eau sur les derniers foyers actifs. À Barbacha, Tifra, Chemini et Timezrit, les foyers de feux sont totalement maîtrisés et des opérations de contrôle des services de la Protection civile se poursuivent, pour éviter d’éventuelles reprises des flammes.
M. Laouer
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Désastre environnemental : l’autre face de l’incendie
L’Observatoire de veille pour les droits de l’homme et les causes justes a appelé hier à l’impératif de poursuivre les opérations de solidarité et de prise en charge des sinistrés, suite aux feux de forêt déclenchés dans plusieurs wilayas, en vue de sauver la faune et la flore et les biens des citoyens, a indiqué l’instance, dans un rapport.
Dans un rapport établi à la lumière de sa participation à une caravane de solidarité au profit des sinistrés à Tizi Ouzou, l’Observatoire a relevé que les feux de forêt enregistrés avaient provoqué «d’importantes pertes humaines et matérielles», d’où l’impératif aujourd’hui d’une prise en charge continue au niveau des villages touchés. Sillonnant les villages d’Aït El-Kaïd, Aït Khelifa, Ouadhias, Tamda, Aït Bouaddou, Cheurfa et autres, les membres de l’Observatoire ont déploré les dégâts en termes d’oliviers et de caroubiers, mais également les pertes en termes de richesse animalière. Des maisons entières ont brûlé et des toits ou des parties d’autres maisons détruites provoquant une coupure du courant électrique et du réseau internet, précise le rapport, relevant «une détresse psychologique» chez les sinistrés, particulièrement les enfants, inquiets quant au devenir de la prochaine rentrée scolaire.
Lors de leur présence dans la région, ajoute le rapport, les membres de l’Observatoire ont constaté que «des incendies étaient toujours en cours dans différentes régions, contre lesquels un avion bombardier d’eau était déployé, appuyé par les agents de la Protection civile, en sus du soutien des jeunes volontaires dans les opérations d’extinction des feux de forêt», soulignant, à ce propos, «la maîtrise de la plupart des feux». Les mêmes membres ont exprimé leur préoccupation quant aux séquelles de ces feux de forêt qui ravagent plusieurs wilayas et «impactent négativement l’environnement», affirmant que l’intégrité de l’environnement «fait partie des droits de l’homme, car étant étroitement liée à d’autres droits».
À cette occasion, l’Observatoire a préconisé une série de recommandations en direction des autorités concernées à l’effet de fournir des logements et d’indemniser les familles sinistrées, de trouver des mécanismes permettant un retour à la vie normale et de mettre en place un programme spécial pour faire face aux problèmes environnementaux et à la pollution induite par la catastrophe. Il a en outre dénoncé le crime odieux dont a été victime le jeune Djamel Bensmaïl, soulignant qu’«il s’agit d’une atteinte au droit à la vie nécessitant un procès juste, et d’une violation des lois nationales et internationales, avant d’estimer que «l’unité de l’Algérie et son indépendance sont une ligne rouge à ne pas franchir».
APS