Fadi Tamim, représentant de l’Association de protection des consommateurs : «La spéculation est un crime»

L'association nationale pour la protection des consommateurs appelle le ministère du Commerce à faire faire connaître les dispositions de la loi relative à la lutte contre la spéculation illicite. Un crime passible de lourdes peines. Les enquêtes sur ce phénomène relèvent désormais du service central de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational. Le représentant de l'association, Fadi Tamim, a indiqué dans une déclaration à El Moudjahid, que les commerçants se sont habitués à des pratiques négatives, désormais incriminées par la loi. «Maintenant que la spéculation est classée parmi les crimes traités par le service de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, il est nécessaire de sensibiliser aux dispositions de la nouvelle procédure et de mettre en garde contre les actes incriminés par la loi», a-t-il ajouté. 
Il propose d'organiser une campagne de sensibilisation au profit des commerçants, pour leur expliquer le contenu de la dernière procédure, de les prévenir quant à la nécessité d'arrêter les pratiques négatives qui caractérisent de nombreuses activités commerciales, et qui sont passibles de peines sévères infligées à leurs auteurs ou à ceux qui sont impliqués, pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison ferme. Il a également souligné la nécessité de sensibiliser les consommateurs et les inciter à contribuer à travers le signalement des dépassements. Il a cité, à titre d'exemple, le stockage illégal de produits alimentaires, en particulier dans les zones reculées qui échappent souvent au contrôle des services compétents». Il a ajouté que «tout stock non autorisé par les services concernés est considéré par la loi comme étant de la spéculation». 
Fadi Tamim s'attend à ce que de nombreux commerçants se remettent en question après que la spéculation et les hausses de prix injustifiées, sont classées parmi les crimes dont le traitement est confié au service central de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. «Ces derniers vont renoncer, volontairement, à ces pratiques qui affectent le pouvoir d'achat et portent atteinte à l'économie», anticipe-t-il. Des mesures punitives strictes affecteront également les producteurs et les grossistes qui approvisionnent des commerçants illégaux en produits de consommation, indique M. Tamim, ce qui nécessite davantage de prudence et de vigilance de la part des opérateurs, afin que les opérations d'approvisionnement soient conformes aux mesures légales. 
Il souhaite aussi que le marché connaisse bientôt de nombreux changements, à commencer par la disponibilité de produits de large consommation, la stabilité des prix et l'amélioration du niveau de pouvoir d'achat des citoyens. Pour notre interlocuteur, «la spéculation est souvent menée par des personnes qui n'ont aucun lien avec une activité commerciale officielle, et leur objectif est de nuire à l'économie nationale. Ils ont soumis le marché, durant les dernières années, à des crises successives et des rumeurs malveillantes, avant que la loi anti-spéculation ne vienne mettre un terme à ces pratiques. Pour sa part, l'avocat Mohamed Smail estime que le durcissement des sanctions contre les spéculateurs concerne tout commerçant qui se livre à des pratiques qualifiées de spéculation et porte atteinte à l'économie nationale, que ce soit dans le but d'un gain illégitime, ou de nuire au pouvoir d'achat des citoyens, vendre des produits périmés ou augmenter les prix de produits de grande consommation de manière injustifiée. Il a également souligné que l'application de la loi se fera après des enquêtes approfondies pour identifier les vrais spéculateurs, et faire une distinction entre les commerçants qui agissent de manière légitime et ceux qui portent atteinte à l'économie nationale, estimant que la réalisation de cet objectif nécessite l'application de la loi de manière continue et non de manière circonstancielle. «Les citoyens doivent eux aussi faire preuve de civisme et signaler les dépassements de la part des commerçants», souligne le juriste, ajoutant que les nouvelles dispositions servent l’intérêt général, et que toutes les parties concernées devraient travailler sans relâche à leur application. 
 
Salima Ettouahria

 

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