Enseignants et spécialistes en droit constitutionnel : L’ANIE a organisé un scrutin transparent

Le docteur en droit constitutionnel, Messaoud Chihoub, qualifie les résultats du référendum de positifs, car une majorité s’est exprimée en faveur du «oui», même si le taux de participation est relativement faible.

Il précise que la Constitution entrera en vigueur, après sa promulgation sous forme d'un décret présidentiel, pour procéder à une deuxième étape, celle de préparer les lois organiques.
«Ceci commencera par l’application des principes généraux régissant plusieurs domaines pour l’élaboration des lois organiques pour la liberté de la presse, l'indépendance de la justice et loi organique pour les partis politiques et sur le rôle de la société civile sans oublier la loi organique portant régime électoral», explique l’expert.
Il affirme que la Constitution énonce des principes généraux qui sont appliqués à travers ses lois et s’attend à l’ouverture de nombreux ateliers afin de la mettre en application, relevant l’importance de procéder en urgence à l’élaboration de la loi électorale. «Il faut savoir que c’est à la lumière de cette loi que nous pourrons organiser des élections législatives et locales correctes, conformément aux principes énoncés dans la Constitution», souligne le Dr. Chihoub.
Il soutient que le référendum s’est tenu dans la transparence, saluant à cet égard l'Autorité nationale indépendante des élections pour sa réussite. «La problématique de la fraude qui revenait à chaque élection ne devrait plus se poser. L’ANIE a bel et bien montré qu’elle est indépendante de l'administration et des différents partis et autres courants. Elle a veillé à l'intégrité de ce référendum», se félicite-t-il.
S’exprimant sur le taux de participation de 23,72 %, le spécialiste admet qu’il reste faible et qu’il s’agit d’un phénomène observé lors des précédentes élections.
«Les raisons de cette abstention sont nombreuses et peuvent être politiques, juridiques ou sociales. En général, on peut dire que les gens continuent à croire que les résultats des élections sont connus d'avance et que leurs voix seront détournées. Donc, dans l’esprit des gens, le fait de voter ne changerait rien», analyse-t-il.
Selon le docteur en droit constitutionnel, la démocratie représentative à travers les élections traverse une crise de confiance dans les relations entre les citoyens et le pouvoir. «Les citoyens trouvent que les élections ne les représentent pas réellement, c'est pourquoi la démocratie participative est apparue, offrant aux Algériens la possibilité de participer directement à la gestion à travers des comités, des conseils et des élus locaux, non pas comme un substitut à la démocratie représentative, mais pour la compléter et remédier aux lacunes que connaît le monde dans les élections en général», souligne-t-il.
Il appelle à tirer les leçons de la faible participation et à connaître les causes qui sont à l’origine de cette situation pour les corriger à l'avenir. Il plaide en faveur de l’amendement de certaines lois qui incitent et motivent les citoyens à voter.
«L'expérience réussie de l'Autorité nationale indépendante des élections qui a pu garantir la crédibilité du référendum sur la révision de la Constitution et, avant cela, les élections présidentielles, encourage à l’avenir les citoyens à participer efficacement aux élections et aux référendums», considère-t-il.
Pour sa part, le docteur Redouane Bouhidel, enseignant à la faculté des sciences politiques et des relations internationales de l’université Alger III relève l’importance de rétablir la confiance avec le citoyen et évoque les raisons à l’origine du faible taux de participation au référendum. «Outre la réticence du citoyen par rapport à l’épidémie du coronavirus, il y a le fait que la campagne électorale a été menée par certaines personnalités rejetées par la population et que le message utilisé lors de la campagne n’a pu atteindre les objectifs escomptés et convaincre le citoyen d’aller voter», soutient-il.
Selon lui, la mobilisation n’était pas suffisante pour faire adhérer la population autour du projet constitutionnel qui apporte des nouveautés considérables.
Kamélia Hadjib

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