
Le pôle national financier et économique près le tribunal de Sidi M’hamed a renvoyé, hier, deux affaires de corruption. La décision du président de l’audience a été motivée par l’absence des principaux accusés, en l’occurrence les deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que d’anciens ministres, walis et hauts responsables poursuivis dans l’affaire du PDG de Cima Motors, Mahieddine Tahkout, dont le procès en appel se poursuit toujours à la cour d’appel d’Alger.
Le procès de GB Pharma, filiale du groupe Condor, a aussi été de nouveau renvoyé à l’audience du 16 novembre, par le pôle national financier. Dans cette affaire, sont poursuivis également Abdessalem Bouchouareb (en fuite à l’étranger), ainsi que l’ancien wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, qui a été déféré devant une autre juridiction.
L’accusé principal dans cette affaire est Moussa Benhamadi, poursuivi en sa qualité de ministre de la Poste et des Télécommunications, lors des faits. Placé en détention provisoire, en août 2019, il est décédé en juillet dernier. Il bénéficiera, de ce fait, de l’extinction des poursuites judiciaires.
Près de 86 témoins sont appelés à la barre dans ce dossier, dont Houda Imene Faraoun, ancienne ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Mohamed Hattab, ancien wali et ancien ministre des Sports et de la Jeunesse, Mokhtar Hasbelllaoui, ancien ministre de la Santé, Chaid Hamoud (décédé), témoin dans l’affaire du financement occulte de la campagne électorale 2019, en sa qualité de trésorier de la direction de campagne de Bouteflika, Mohamed Salah Daas, ancien chargé de communication de Mobilis et conseiller du PDG à l’époque Saad Damma, Omar Benhamadi, placé en détention provisoire dans l’affaire Condor, est auditionné dans ce procès, en qualité de témoin.
Selon le dossier, il s’agit de la filiale Condor, le groupe GB Pharma spécialisé dans la fabrication des implants oculaires et des lentilles de contact.
Dans cette affaire, les deux anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ainsi que l’ancien wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, sont poursuivis pour octroi d’indus avantages à autrui, en violation des dispositions légales et réglementaires, de passation de contrats en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur en vue d’accorder d’indus privilèges à autrui et de dilapidation de deniers publics, selon le parquet général près la Cour suprême.
L’ancien ministre des Transports, Abdelghani Zaâlane, est poursuivi pour «financement occulte de la campagne électorale» de l’ancien Président Bouteflika. Quant à l’ancien wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, son dossier a été renvoyé devant une autre juridiction.
D’anciens hauts responsables
à la barre le 23 novembre
En outre, le pôle national financier et économique examinera une nouvelle affaire de corruption liée au trafic et détournement de foncier dans le secteur du transport. D’anciens responsables et cadres sont poursuivis dans cette affaire, renvoyée hier par le président de l’audience, en raison de l’absence de certains accusés, au 23 novembre prochain. Deux anciens walis de Skikda ont été placés en détention provisoire par le conseiller magistrat instructeur près la Cour suprême. Il s’agit de Mohamed Derbali et de Fouzi Belhocine, mis en cause dans l’affaire de l’opérateur économique, Mohamed Benfessih, investisseur dans le secteur touristique privé, pour octroi d'indus privilèges à autrui, dilapidation de deniers publics et abus de fonction et conflit d'intérêts. Le report a été décidé à la demande de la défense, mais également en raison de l’absence des principaux accusés, dont l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia et l’ancien ministre des Transports Abdelghani Zaâlane, en sa qualité de wali de Skikda lors des faits, et l’ancien ministre des Transports, Amar Ghoul, qui est également présent au procès en appel de Mahieddiene Tahkout. La défense a relevé les difficultés rencontrées dans le contact avec les accusés en détention, notamment au niveau de l’établissement pénitentiaire de Koléa, à cause de la pandémie de Coronavirus. Sont poursuivis dans cette affaire, plus de 25 accusés, dont des hauts cadres de l’État. On cite Djamel Khaznadji, DG des domaines d’État, des cadres de l’Agence nationale de développement de l’investissement, l’ancien SG du ministère des Transports, Ahmed Mouhareb, poursuivi également dans l’affaire Tahkout, le DG de l'Entreprise portuaire de Skikda, Laïdi Lemrabet, l’ancien directeur des Domaines de Sétif, Nacerdine Khlefaoui, Abdelkrim Mansouri, directeur général de l'ANDI, ainsi que l’ancien directeur de la Conservation foncière de Skikda, le directeur de l'Agence de gestion et de régulation foncières urbaine. Cette affaire, qui a fait l’objet d’une vaste enquête anticorruption, concerne la vente de terrains relevant du domaine de l’État, situés dans le tissu urbain de la ville de Skikda, à ces investisseurs à des prix en-deçà de leur véritable valeur, avec un écart atteignant environ 2 milliards DA, selon le parquet près le tribunal de Skikda.
Neila Benrahal