
Le projet de loi de finances pour l’exercice 2021, présenté mardi dernier devant l’Assemblée populaire nationale par le ministre des Finances, a suscité un débat révélateur sur la crise que traverse le pays. Une crise qui a jeté son dévolu sur de larges pans du secteur économique national, en fragilisant des milliers d’entreprises et en aggravant les conséquences se marché de l’emploi et, par ricochet, le niveau du pouvoir d’achat d’une grande majorité de la population. Aussi, l’élaboration du PLF est censée répondre à une situation d’urgence. Par conséquent, on ne peut parler de vision tant il s’agit de mesures destinées à faire face à des besoins immédiats et dans le court terme. Néanmoins, le texte n’a pas tari de critiques de la part des députés qui ont exigé des explications sur les motivations ayant guidé la prise de certaines décisions et l’anticipation de prévisions dans un contexte d’incertitude, la pandémie liée au coronavirus n’étant pas maîtrisée et les cours du pétrole non plus. Il est ainsi pour la dévaluation de la monnaie nationale de près de 5%, sur les trois prochaines années, une mesure vivement critiquée par certains députés, pourtant préconisée par les économistes comme étant incontournable dans une telle conjoncture. Des interrogations ont aussi porté sur les «moyens que l’Etat compte mobiliser pour juguler le déficit budgétair » au moment où ses ressources s’affaiblissent et que ses capacités financières se réduisent. Une préoccupation justifiée par le fait que toutes les prévisions sont tributaires de l’évolution du prix du baril de pétrole et de la pandémie de Covid-19 qui affecte les économies mondiales, et en définitive, les cours de l’or noir dont dépend directement notre économie. On retient des débats de l’APN, cette revendication pour un «meilleur climat à l’investissement agricole» car «les lois n’encouragent pas l’investissement productif» dans ce secteur stratégique. Dans le même contexte, le député El Hadi Kouidri a fait remarquer que les «agriculteurs de la wilaya d’El Oued ne sont pas suffisamment accompagnés, en particulier en ce qui concerne la filière de la datte, alors que des éleveurs qui ne sont pas logés sous une meilleure enseigne souffrent de la cherté des aliments de bétail». Aussi, a-t-il souligné la nécessité d’un «contrôle réel et effectif à tous les niveaux». Aussi, les représentants des régions du sud du pays au sein de l’APN ont évoqué la nécessité d’une plus grande «justice» dans la répartition des projets de développement à travers le territoire national. D’autres observations retenues lors des débats ont concerné «les primes de zone, notamment au profit des médecins pratiquant dans le Sud, qu’ils ont jugées «dérisoires», alors que l’impôt forfaitaire a été critiqué dans ses dispositions considérées comme étant «injustes et inéquitables». D’autres questions ont concerné le manque de liquidité qui persiste au niveau des postes malgré les promesses de régler le problème, les lenteurs dans la numérisation des services relevant du secteur financier, notamment ceux relevant de l’administration fiscale, la faiblesse des recouvrements fiscaux et les pratiques spéculatives sur les prix des produits de consommation large. De la synthèse des débats autour du PLF 2021 ressort, en définitive, l’impératif d’aller vers des «réformes structurelles profondes» d’autant plus que les chiffres avancés traduisent une situation de «crise structurelle profonde».
D. Akila