Révision du dispositif des transferts sociaux : Approfondir la réflexion

Le débat sur la révision du système des transferts sociaux ne date pas d’aujourd’hui. Toutefois, ce dossier lourd est projeté au-devant de l’actualité, dans le sillage du PLF 2021, de par les coûts qu’il induit, et les conséquences qu’il implique sur la soutenabilité des finances publiques, dans le contexte actuel.
En fait, la révision des transferts sociaux est devenue irréversible dans une conjoncture financière contraignante, et qui ne permet pas, en conséquence, de grandes marges de manœuvre pour l’Etat dont les engagements sociaux sont de plus en plus pesants sur un budget en déséquilibre. Est-il utile de rappeler à ce titre que la valeur des transferts sociaux directs dans le projet de loi de finances pour l’exercice 2021 est de 1.927,5 milliards de dinars, soit (+4,3%) par rapport à la loi de finances complémentaire 2020, alors que celle des transferts indirects est de près de 2.000 milliards de dinars.
L’Etat mobilise entre 12 et 14 milliards de dollars par an au titre de ce chapitre. «Un chiffre doit être revu à la baisse, d'une manière ou d'une autre, sans pour autant attenter aux pauvres et aux indigents dans notre pays», avait déclaré le chef de l’Etat, en septembre dernier dans une entrevue avec des médias nationaux. Des chiffres qui renseignent sur les difficultés à poursuivre sur la même cadence au moment où les ressources de l’Etat s’amenuisent en continu, et que les indicateurs, internes et externes, plaident pour plus de modération dans les dépenses publiques. Décidée depuis quelques années déjà, sur recommandation d’experts, l’opération n’a pu être appliquée sur le terrain car jugée «complexe et sensible» par les pouvoirs publics au regard de l’importance du rôle des transferts sociaux dans l’amélioration du niveau de vie des citoyens, la réduction des inégalités sociales, et la stabilité de la société. Le ministre des Finances, qui a évoqué les principales raisons retardant l’application des conclusions de l’étude de 2016, lors de son passage devant le Parlement, a indiqué que «vu le caractère sensible des transferts sociaux, des conditions doivent être réunies avant le lancement d’un mécanisme de ciblage des subventions qui soit efficace, pratique et équitable». Une mise en œuvre qui interviendra «en temps voulu et selon un calendrier progressif et précis», a indiqué Aymen Benabderrahmane. Guidée par deux grands objectifs, à savoir la préservation des grands rééquilibres financiers de l’Etat, et la diversification de l’économie nationale, la feuille de route du gouvernement, à moyen terme, soit jusqu’en 2023, véhicule dans ce sens, un processus de réformes et de transformations structurelles à tous les niveaux. Deux principales orientations sont retenues à cet effet, à savoir, un ajustement budgétaire qui préserve le caractère social de l’économie, tout en ramenant les dépenses de l’Etat à des niveaux modérés, et une réaffectation des ressources budgétaires vers les facteurs devant concourir à la diversification de l’économie et des sources de son financement.
D. Akila

Sur le même thème

Multimedia