Droit du peuple sahraoui à l’autodétermination : L’Espagne s’en lave les mains

Le ministère des Affaires étrangères a rappelé, dans son communiqué du samedi 11 juin, que la décision de suspendre le Traité algéro-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération répondait « à des considérations légitimes, qui tiennent pour essentiel à ce que le partenaire se soit délié d’obligations et de valeurs essentielles inscrites dans ce Traité, prenant ainsi la responsabilité de vider cet instrument juridique de sa substance et de mettre en cause sa pertinence dans les relations entre les deux parties au dit traité».
Enseignant a la faculté de droit et de science politique à l’université de Tizi-Ouzou, Karim Khelfane rappelle que depuis le revirement du Gouvernement espagnol, le 18 mars 2022, sur la question saharaoui et son alignement sur la position de l’occupant marocain, l’Algérie n’a pas cessé de rappeler à Madrid la gravité d’une telle décision qualifiée d’«inacceptable moralement et historiquement». Le politologue regrette les conséquences graves de cette volte-face spectaculaire sur la cause juste du peuple sahraoui ainsi que toute la région. «Cette décision n’a pas manqué de susciter l’incompréhension et une large indignation et réprobation au sein de la classe politique en Espagne, y compris parmi les membres du gouvernement, du Parlement, de la classe politique, de la société civile en général et des militants des droits de l’homme ». L’expert politique trouve légitime que «n’ayant pas répondu favorablement aux attentes d’Alger, plus de deux mois après, et en dépit de sa volonté maintes fois réaffirmée de sauvegarder les relations entre les deux Etats, l’Algérie ait décidé la suspension immédiate du Traité d’amitié». Pour l’Algérie, la nouvelle position des autorités espagnoles «est en violation de leurs obligations juridique, morale et politique». Comme il trouve légitime que l’Algérie, par le biais d’un communiqué des Affaires étrangères, ait déploré la précipitation avec laquelle la commission européenne a réagi sans consultation préalable ni vérification aucune auprès du Gouvernement algérien, à la suspension par l’Algérie d’un traité politique bilatéral avec un partenaire européen. Le prétexte avancé par la commission européenne est que la décision d’Alger serait contraire aux dispositions de l’accord d’association liant l’UE et l’Algérie (2005). Notre interlocuteur rappelle que l’Algérie continuera à honorer tous ses engagements pris dans ce contexte, à charge pour les entreprises commerciales concernées d’assumer l’ensemble de leurs engagements contractuels», ceci pour répondre aux accusations empressées du Gouvernement espagnol et de l’UE pour faire diversion et étouffer les conséquences de la décision du Gouvernement espagnol à l’égard de la question du Sahara occidental, de son statut, de sa lutte pour son autodétermination et de la stabilité et de la sécurité dans toute la région, y compris au sein du Bassin méditerranéen. C’est aussi une façon de réaffirmer que la balle est toujours dans le camp du Gouvernement espagnol pour réparer l’injustice faite à la cause sahraouie depuis 1975 d’une part, et œuvrer pour des relations égales, souveraines, stables et confiantes pour l’intérêt et des peuples et de la région, d’autre part».

Farida Larbi

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