Deux États pour réparer l’injustice faite à l’Afrique

Par Karim Aoudia

La visite officielle du Président de la Sierra Leone en Algérie avait, notamment, un lien direct avec l’intégration de ces deux pays du même continent et de la même sphère régionale en tant que membres non-permanents au Conseil de sécurité (CS) de l’ONU pour la période 2024-2025.
Assurément, un perfectionnement d’une feuille de route commune, soit une optimisation de la coordination de l’action que mèneront en synergie l’Algérie et la Sierra Leone au sein de cet organe central de l’Organisation des Nations unies, est parmi les objectifs phares de la visite de Julius Maada Bio. Les deux pays sont aussi membres influents du Groupe des dix de l’UA concerné par la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU et dont la tenue du 5e Sommet, en novembre dernier à Oyala (Guinée équatoriale), devrait donner lieu à une réunion de rang ministériel, prévue prochainement à Alger. L’Algérie et la Sierra Leone ont aussi remporté, haut la main, l’élection des membres non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, lors du vote, à bulletin secret, de son Assemblée générale, en juin dernier. Avec 184 voix obtenues, pour l’un, et 188, pour l’autre, sur un total de 194 votants, les deux États africains, qui partagent des relations historiquement paisibles et cordiales, sont donc en position très confortable leur permettant de faire valoir leur revendication commune, légitime et plus que justifiée quant à l’urgence d’amorcer une profonde réforme du CS onusien. Autant pour lui redonner sa vitalité, afin d’assumer pleinement ses responsabilités, dans le but de réparer une injustice historique faite au continent africain. Dans ce cadre, l’Algérie, et comme l’a affirmé le président de la République, lors du 5e Sommet du Groupe des dix de l’UA, «œuvrera, au cours de son mandat au Conseil de sécurité, en coordination avec ses frères africains des Républiques de la Sierra Leone et du Mozambique, à faire entendre la voix de l’Afrique au sein de cet organe central des Nations unies. Mais aussi à défendre les préoccupations, les intérêts et les aspirations de nos pays unis sous la bannière de l’Union africaine (UA), afin de garantir l’efficacité, l’efficience et l’influence dans la défense de nos causes justes et de nos intérêts communs, et convaincre nos partenaires quant à la pertinence de notre droit». En effet, dans son allocution, le Président Tebboune avait clairement souligné la nécessité de réformer le Conseil de sécurité onusien avec diligence et rigueur. Il a mis l’accent, dans ce cadre, sur la nécessité d’une position africaine unifiée, pour appeler, avec insistance, «à redresser l’injustice faite au continent africain, étant le seul absent et oublié dans la catégorie des membres permanents au Conseil de sécurité, et le moins représenté dans celle des membres non permanents, alors qu’il est concerné par plus de 70% des points et questions inscrits à son ordre du jour». En outre, il a été question de la réaffirmation de la convergence de vision entre Alger et Freetown, pour mener à bien et accomplir avec succès cette mission diplomatique de dimension internationale et à caractère décisif pour l’avenir du continent africain.
C’est le cas de le dire, en effet, si l’on s’imprègne du discours qu’avait prononcé Julius Maada Bio, lors de la 77e session de l’Assemblée générale de l’ONU : «Nous avons pensé qu’avec les indépendances politiques, l’Afrique était enfin libérée de toute emprise, et pouvait désormais et pleinement jouer son rôle légitime sur la scène politique internationale. Cependant, force est de constater que l’Afrique continue d’être sous-représentée au sein d’importantes instances décisionnelles internationales, dont le Conseil de sécurité des Nations unies. Notre détermination pour la réforme du Conseil de sécurité répond à l’aspiration légitime de notre continent à plus de justice et à une démocratisation du système des Nations unies.»

K. A.

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