
L'Algérie est candidate aux élections, prévues le 6 juin, à l'Assemblée générale de l'ONU, pour briguer un siège de membre non permanent au sein du Conseil de sécurité pour la période 2024-2025.
La candidature de l'Algérie bénéficie du plébiscite et de l'approbation de l'Union africaine (UA), de la Ligue des États arabes et de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI).
Contacté par nos soins, le Dr Hamel, spécialiste en histoire militaire, chercheur associé à l'Institut de géopolitique appliquée (France), préfère analyser les ressorts du contexte géopolitique pour dire qu'à l'époque de la guerre froide, un grand nombre de pays du Sud, au-delà du continent européen et de l'Asie de l'Est, étaient «réticents à utiliser systématiquement les alliances comme principal outil de politique étrangère». «Aujourd'hui, poursuit-il, la majorité ne fait pas partie d'une alliance militaire. L'ordre international est constitué par les grandes puissances et les petits Etats adoptent des attitudes de suivisme.» C'est pourquoi, les institutions et les mécanismes régissant l'ordre mondial actuel ne sont plus, selon lui, adaptés et nécessitent des réformes «profondes» pour traduire les «nouvelles» réalités nationales et la «répartition du pouvoir» au niveau mondial. A ses yeux, ce décalage est l'une des causes de nombreuses crises mondiales.
«A sa création, l'ONU, par exemple, dit-il, contenait 51 Etats, et on l'a gardée telle qu'elle était, alors que le nombre d'Etats dépasse à présent 190».
Voilà la raison pour laquelle «l'Algérie est fermement convaincue que l’Afrique, qui revendique depuis longtemps une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin à l’injustice historique qui lui est infligée depuis près de huit décennies maintenant, a le droit de plaider instamment sa cause». Cela pose également le besoin urgent d’un multilatéralisme inclusif et équilibré pour relever les défis mondiaux de la sécurité, de l'élargissement du spectre de la menace terroriste, et la recrudescence des phénomènes liés au trafic d'arme, à l'immigration clandestine, et ce de manière effective et efficiente».
Sur le plan continental «l’Algérie poursuivra son rôle de force agissante pour la préservation de la paix et de la stabilité en Afrique et au-delà, en apportant son plein appui à la mise en œuvre des solutions africaines aux problèmes du continent, et des propositions et initiatives internationales ayant pour objectif d'atténuer les effets de la polarisation politique au niveau global». On s'attend à ce que l'Algérie reçoive le soutien d'un grand nombre de pays arabes et musulmans pour obtenir le siège au sein du Conseil de sécurité de l'ONU», et ce en raison d'une convergence de visions sur les questions régionales et internationales du bloc des pays arabes et musulmans. En effet, l'Algérie a déjà le soutien de la Ligue arabe et de l'Union africaine.
De son côté, le Dr Farouk Teifour, chercheur en sciences politiques, explique que la candidature de l'Algérie à un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU «intervient dans des circonstances régionales et internationales particulières, dont la plus importante est la montée en puissance du rôle diplomatique de l'Algérie et la réalisation d'importantes avancées au niveau international, en défense de ses intérêts stratégiques». Il affirme que «l'objectif de l'Algérie est de se rapprocher des centres de décision internationaux à travers le portail du Conseil de sécurité afin d'acquérir une meilleure compréhension des équations internationales et de la manière de traiter les questions régionales et internationales, et de composer avec les différents acteurs, aux stratégies divergentes».
L’attachement aux principes
Trouver un juste équilibre entre les différents blocs et puissances géopolitiques est un exercice très difficile. Il s'agit, pour l'Algérie, d'affirmer son attachement à ses principes dont dépend la crédibilité de sa diplomatie, et de souligner la solidité de ses relations avec les différents pays. Notre pays demeure un partenaire stratégique pour plusieurs pays, partageant, en cela, des intérêts communs et des visions convergentes.
Le spécialiste souligne que «le monde assiste actuellement, à un rythme accéléré, à la mise en place d'un nouveau système international», et l'Algérie veut voir, poursuit-il, «les changements à venir que les grands pays souhaitent aux niveaux régional et international». Selon lui, «l'Algérie doit gérer au mieux la période pendant laquelle elle sera présente au Conseil de sécurité, si elle est élue, et approfondir ses relations avec les membres permanents de l'organe onusien pour servir ses intérêts».
Mais de l'autre l’Algérie ambitionne d’apporter sa contribution à la stabilisation internationale à travers cette candidature dont le premier et principal objectif est de consolider le bloc africain et de défendre les valeurs de paix et de solidarité du Tiers-Monde au sein de la plus importante institution internationale pour la paix et la sécurité.
Tahar Kaidi