Conférence internationale sur les crimes du colonialisme en Afrique – Téte Antonio, président du Conseil exécutif de l’Union africaine : reconnaissance, réparations et vérité

Ph.:Nesrine.T
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Le ministre angolais des Relations extérieures et président de l’Union africaine, Téte Antonio, a souligné la détermination du continent «à écrire une nouvelle page de son histoire collective».

Dans son allocution prononcée hier à la cérémonie d’ouverture de la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme en Afrique, il a rappelé l’importance cruciale de cette rencontre dans la quête de reconnaissance des injustices coloniales et des mécanismes de réparation.

Il a indiqué que cette conférence constitue la concrétisation de la décision 903 de l’Assemblée de l’Union africaine, qui avait approuvé la proposition du Président algérien Abdelmadjid Tebboune d’accueillir le premier espace international dédié à l’analyse globale des crimes coloniaux et de leurs conséquences persistantes. Il a tenu à rendre hommage au peuple et au gouvernement algériens, pour l’organisation de cet événement qualifié d’historique, ainsi qu’au ministre d’État et ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, pour son rôle déterminant dans la réussite de cette initiative.

Il a affirmé que ce forum dépasse le cadre d’un simple débat intellectuel et s’impose comme une plateforme d’action concrète, pour examiner les dimensions politique, économique, humanitaire, culturelle et juridique des violations héritées de la colonisation, et pour proposer des mécanismes viables de réparation juste et durable.

Il a insisté sur la portée politique et morale sans précédent de cet événement continental majeur, soulignant que, pour la première fois, «l’Afrique et sa diaspora s’efforcent de construire une narration commune, cohérente et crédible sur la scène internationale, afin d’exiger la reconnaissance des injustices coloniales et l’adoption de mesures de réparation fondées sur la vérité et le droit». Il a rappelé les conclusions du 2e sommet de l’Union africaine, tenu en septembre 2025 à Salvador, au cours duquel les deux régions ont réaffirmé leur volonté de transformer les blessures historiques laissées par l’esclavage, la colonisation et la traite transatlantique en opportunités de solidarité et de développement partagé.

Il a indiqué que dans ce cadre, «une Décennie de la justice et de la réparation s’étendant de 2026 à 2036 a été proposée, comprenant la création d’un mécanisme Afrique–Caraïbes de justice réparatrice, l’établissement d’un fonds mondial de réparations basé en Afrique et la mise en place d’une commission spéciale chargée du dialogue avec les victimes et les institutions internationales». «Ces mesures traduisent un engagement politique et moral en faveur de la restauration de la dignité et de la construction d’un récit collectif porteur de résistance et d’espoir», a-t-il affirmé.

Il a également évoqué les recommandations issues de la conférence de haut niveau, tenue à Genève le 23 octobre 2025, sur la justice pour les victimes de l’esclavage et de la colonisation, organisée avec l’appui des missions permanentes d’Afrique du Sud, du Ghana, du Togo, de l’Union africaine et des Caraïbes. Il a précisé que cette rencontre, qui constitue une étape préparatoire au 9e congrès panafricain, prévu à Lomé du 8 au 12 décembre, a reconnu officiellement la souffrance historique des peuples africains et afro-descendants, tout en renforçant l’exigence de réparations symboliques, morales et matérielles.

Il a insisté sur l’importance de reconnaître les droits historiques inaliénables des peuples, dont celui à l’autodétermination, et de libérer l’Afrique de tout vestige de colonialisme ou de néo-colonialisme, sous quelque forme qu’il se manifeste.

K. A.

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