
Le 13 février 1960, débute près de Reggane une série d’essais nucléaires réalisés dans le plus grand secret par la France.
La bombe au plutonium d’une puissance de 70 kilotonnes, trois à quatre fois celle d’Hiroshima, explosa à 7h04. Hourrah pour la France, jubile le général de Gaulle : «Du fond du cœur, merci à vous et à ceux qui ont, pour elle, remporté ce magnifique succès.»
Ce premier essai a été condamné par l’ONU. Jules Moch, ministre à plusieurs reprises, discourait avec prétention et emphase du haut de la tribune de cette instance internationale, tentant de faire avaler des couleuvres. Jugez-en : «Les essais de la bombe atomique française sont sans danger pour les populations du Sahara, de l’Algérie et du Maroc. Pourquoi nous demande-t-on de préparer cette explosion au Sahara, plutôt que dans une île lointaine du Pacifique ? Je pourrais me borner à répondre que si le gouvernement français avait, il y a déjà plusieurs années, retenu la seconde solution au lieu de la première, l’argument nous eut été retourné par d’autres États, mais des raisons techniques commandaient sa décision. Le Sahara se prête mieux que toute autre région à cette expérimentation, parce que le site choisi est à la fois désert (quel mensonge), beaucoup plus proche que les atolls des antipodes de la France. Il s’y prête mieux que le Nevada ou le Kazakhstan… »
Comment pouvait-on faire accroire à la communauté universelle une telle ignominie ?
Cette déshonorante tromperie ne parviendra jamais à cacher la tragédie vécue par la région et ses habitants.
Ces opérations baptisées étrangement Gerboise bleue, verte, blanche et rouge, ont été menées avec un total mépris de la vie humaine, sans aucune once d’humanité. Fort heureusement, les témoignages s’accumulent et tendent à rétablir la vérité historique concernant les victimes expiatoires de ces nombreuses explosions. On enregistre jusqu’à présent une inquiétante recrudescence des cas de cancer de tout type, des malformations congénitales et des cas de stérilité dus à la radioactivité.
Nul n’ignore les effets persistants des radiations atomiques et les conséquences désastreuses sur l’écologie. Les crimes nucléaires commis à Reggane et dans le Sahara algérien sont imprescriptibles, compte tenu de leurs répercussions catastrophiques sur les habitants, la faune et la flore. Des nostalgiques de l’Algérie de papa, à l’esprit enhardi par la perfide loi de 2005, veulent envelopper du lin blanc de la probité et des missions civilisatrices, un passé colonial meurtrier avec ses massacres à grande échelle, ses enfumades, ses déportations, ses tortures, ses dépossessions de terres, ses sanglantes razzias, etc. L’étalage de la «bonne conscience» de certains cercles politiques de l’Hexagone, ennemis invétérés de l’Algérie, fait décidément peine à voir. Des suprémacistes déclarés et autres supplétifs demeurent emprisonnés dans des mythes récurrents, constituant une clientèle électorale attitrée de l’extrême droite, voire de la droite.
Cette bonne conscience plastronne sans se lasser, avec des stèles mémorielles de triste engeance, symbole d’un pseudo «roman national» ostensiblement magnifié.
Haine abyssale de ceux qui n’ont jamais digéré l’indépendance de notre pays.
Les gens intègres, les intellectuels objectifs auront bien du mal à amener à résipiscence ces escouades de vaincus de l’histoire.
Mohamed B.