CGEA : Généralisation du numérique au sein des entreprises

Une étude traitant des potentialités du développement économique et des réajustements à introduire pour optimiser l’exploitation de l’ensemble des leviers de croissance a été remise à la présidence de la République et aux services du Premier ministre,  pour servir d’appui à la mise en œuvre du Plan de renouveau économique.

Réalisée par la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), avec l’appui des experts du Bureau international du travail (BIT), cette étude d’une centaine de pages se décline sous forme d’une série de propositions tendant à corriger dans l’immédiat les «tares» dont souffre l’économie, trop bureaucratique et foncièrement dépendante de la rente pétrolière. Les suggestions phare contenues dans ce document, dont El Moudjahid a obtenu une copie, plaident en effet en faveur d’une vulgarisation et d’une généralisation des nouvelles technologies et du numérique au sein des entreprises, la consolidation de la politique de l’emploi en garantissant une meilleure insertion de la femme, la révision en profondeur du système de formation professionnelle et son adaptation aux besoins exprimés, la décentralisation et même une ouverture du capital de quelques sociétés publiques structurellement déficitaires, loin de toute tentation de liquidation.
Il s’agit de propositions ayant pour principal objectif l’accélération des réformes structurelles pour mettre en place «un nouveau modèle économique, fondé sur les gains de productivité, et non sur une rente qui s’est déjà fortement contractée».

L’Algérie n’est pas dans une situation désespérée

«Notre pays est certes confronté à de très nombreux défis économiques et sociaux, mais il a beaucoup d’atouts pour sortir rapidement d’une économie rentière, faiblement productive et vulnérable aux chocs externes, pour aller vers une économie diversifiée, fondée sur l’investissement productif et les exportations, l’innovation technologique et la valorisation des ressources humaines. Le tout doit être soutenu par un environnement des affaires sain suscitant la confiance des investisseurs et des partenaires économiques et commerciaux», préconise-t-on.
L’étude de la CGEA évoque aussi une série de réformes à mener impérativement suivant la vision de transformation profonde de la gouvernance publique et de l’environnement des affaires, en réorientant les aides publiques vers des secteurs à fort potentiel d’apprentissage et en investissant massivement dans les nouvelles technologies.
«La réforme du système bancaire et financier est une condition sine qua non pour réussir cette transformation, et ce virage stratégique doit être accompagné d’une politique de formation et d’emploi beaucoup plus volontariste suivant une vision de valorisation du capital humain dont dispose le pays», souligne le document qui met l’accent sur l’importance du dialogue social effectif et inclusif, pour construire un large consensus autour des actions de réformes à mener sur le terrain.
Les recommandations des experts traitent de l’efficience de la stratégie économique devant permettre à l’Algérie d’atteindre un statut de pays développé, avec la relance effective de l’outil de production, la promotion des investissements, la réduction des importations et la révision de la politique des transferts sociaux. L’étude met l’accent sur un ensemble de propositions susceptibles d’optimiser le processus de renouveau économique.

Une refonte urgence du système de formation professionnelle

«L’une des principales raisons de la persistance du chômage réside dans l’inadéquation du système de formation professionnelle aux besoins du marchés du travail», indique l’étude qui fait état de la «place marginale qu’occupe le secteur privé dans le dispositif de formation où l’on compte quelques 1.300 établissements publics». Il est recommandé d’accélérer la refondation de la gouvernance du système de formation professionnelle, en encourageant, notamment, la démarche de la décentralisation dans ce domaine, soit en transférant aux APC la tutelle des établissements de formation public (EFP), tout en leur conférant une autonomie de gestion.
Il s’agit également d’accroître la transparence financière pour parer à tout risque de déperdition des moyens et d’œuvrer à optimiser la contribution du secteur privé de la formation professionnelle et continue en simplifiant les procédures d’agrément et d’ouverture de centres de formation (physique ou virtuels). En matière de refondation de la gouvernance du système de formation professionnelle, l’étude plaide pour une application stricte des mécanismes prévus par loi 08-07 du 23 février 2008 de la loi 18-10 du 10 juin 2018 sur l’apprentissage.
«L’Algérie reste caractérisée par un faible usage et par une faible diffusion des technologies informatiques et numériques au sein des entreprises. Ce qui compte en effet, ce n’est pas seulement l’offre de technologies innovantes, mais aussi la capacité d’absorption de ces technologies par l’Administration, les entreprises et les ménages», souligne l’étude.
D’où la nécessité d’accentuer les sessions de formation dans ce domaine et d’encourager les investissements des entreprises dans les technologies numériques, quels que soient leur forme juridique et leur secteur d’activité. «L’État devrait aussi donner l’exemple en accélérant le déploiement des services du e-gouvernement, au-delà du paiement des impôts et des factures d’eau et d’électricité, et de l’obtention de certains documents administratifs (permis de construire, documents d’état civil)», indique-t-on.
Une approche plus décentralisée en matière de transition numérique pourrait donner des résultats intéressants, a-t-on plaidé, non sans mettre l’accent sur l’amélioration de la qualité des infrastructures numériques. «C’est le chantier de l’heure, pour combler le manque à gagner en matière de débit des communications électroniques, de disponibilité et compétitivité des services et d’hébergement des données. La question du paiement électronique — et du paiement mobile — doit être prise à bras-le-corps, au-delà des effets d’annonce. C’est un pré-requis indispensable à l’essor du e-commerce», a-t-on également soutenu.
Karim Aoudia

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