Célébration de la fête de l’Aïd-El-Adha, Collecte des peaux de mouton : Rien ne se perd tout se récupère

Ph.:Y-Cheurfi
Ph.:Y-Cheurfi

Derrière les scènes familières de la fête de l’Aïd-El-Adha, une autre mobilisation, plus discrète, s’est mise en marche. Depuis quatre ans, le groupe public GETEX, spécialisé dans le textile et le cuir, organise une vaste opération nationale de collecte des peaux d’ovins, de caprins, de bovins… issues des sacrifices rituels. Cette matière première, longtemps négligée ou jetée, devient aujourd’hui le centre d’une initiative à la fois économique et écologique.

Cette année, plus de trois millions de peaux sont visées à l’échelle nationale. Sur le terrain, l’opération est bien huilée. Une soixantaine de camions ont été déployés dans plusieurs régions, avec à leur bord des équipes formées à la récupération et au transport des peaux. Au total, ce sont quelque 600 travailleurs mobilisés, encadrés par les responsables du groupe, pour couvrir un maximum de wilayas. Des centres de tri ont été installés à proximité des grands abattoirs ou dans des zones à forte densité de population. Là, l’ambiance est studieuse. Les peaux arrivent en vrac, souvent encore chaudes, enveloppées dans des sacs ou pliées à la main. On les trie selon leur origine et leur état, en gardant les plus belles pour les produits de qualité. Parallèlement à la logistique, la sensibilisation occupe une place centrale. Des prospectus sont distribués dans les marchés et les mosquées, des stands sont installés dans les lieux de passage, pour expliquer l’importance de cette collecte. Une fois collectées, les peaux passent par un long processus industriel. Lavage mécanique, peignage, tri… puis elles sont dirigées vers les unités de transformation du groupe. Sur les chaînes, les gestes sont précis : chaque peau est manipulée avec soin, découpée, tannée grâce à des sels industriels, puis séchée et teintée, selon l’usage final. Certaines de ces peaux sont exportées à l’état semi-fini. D’autres, en revanche, poursuivent leur parcours en Algérie. Dans les ateliers de maroquinerie affiliés à GETEX, elles prennent une nouvelle vie : sacs en cuir, ceintures, babouches, gants artisanaux… Autant de produits finis qui témoignent de l’importance de cette matière première, souvent perçue comme un simple résidu. Un appel a été lancé aux citoyens, pour qu’ils évitent les erreurs courantes : ne pas saler avec du sel de cuisine, ne pas laisser la peau exposée au soleil ou à la chaleur, ne pas la plier de manière à provoquer des moisissures. Chaque détail compte pour préserver la qualité et la valeur de cette ressource.

Une ressource inestimable pour l’industrie du cuir et du textile

La collecte des peaux de moutons est devenue un véritable geste de salubrité publique. Souvent reléguée au second plan, elle constitue désormais une ressource précieuse pour l’industrie du cuir et du textile. Chaque année, la fête du sacrifice génère des milliers de peaux pouvant alimenter les filières de la maroquinerie, de la chaussure et du textile. Encore faut-il les préserver correctement, pour qu’elles ne finissent ni abandonnées ni en décharge. Bien traitées, elles peuvent, en effet, rejoindre une filière industrielle en quête de relance. En 2025, les autorités ont mis en place un dispositif renforcé. Une vaste campagne de sensibilisation a été lancée, accompagnée de moyens logistiques à l’échelle nationale. Des consignes simples mais cruciales ont été diffusées : ne pas laver la peau, la saler côté chair pour éviter sa détérioration, puis la déposer dans les points de collecte désignés. À travers le pays, des sites de dépôt ont été installés, notamment à proximité des abattoirs agréés et dans les communes, avec le soutien des collectivités locales, des associations, des volontaires et des services du ministère de l’Industrie. Parallèlement, des abattoirs mobiles ont été mis en service par GETEX, pour améliorer les conditions d’écorchage et de tri, et ainsi garantir la qualité des peaux collectées. L’objectif affiché est clair : dépasser les 500.000 peaux récupérées lors de l’Aïd précédent. Pour y parvenir, l’Algérienne des cuirs et dérivés (ACED), filiale du groupe public GETEX, a noué plusieurs partenariats avec des centres d’enfouissement technique (CET), afin d’éviter que ces peaux ne soient assimilées à de simples déchets. Deux outils numériques ont également été mis à disposition du public : l’application «MriguelHidora» permet de localiser les points de collecte, via une carte interactive, tandis que «Moustafid» offre la possibilité de faire don de sa peau à un collecteur identifié, en quelques clics. Au-delà de sa dimension solidaire, la collecte de ces peaux participe à un double objectif : dynamiser les filières locales de transformation et réduire l’impact écologique des déchets organiques générés durant l’Aïd. Cette initiative témoigne aussi d’une prise de conscience collective : en donnant une seconde vie à un sous-produit du sacrifice, l’Algérie s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, porteuse de valeur ajoutée et d’emplois durables.

S. B.

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Permanence durant les jours de l’Aïd : «Mobilisation quasi-totale des commerçants»

Dans le même esprit de mobilisation citoyenne qui a marqué la collecte des peaux de moutons, les commerçants, à travers le pays, ont répondu massivement à l’appel du ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national. Selon un communiqué officiel publié à l’occasion de l’Aïd-El-Adha, le ministère du Commerce intérieur a salué une adhésion «quasi-totale» au programme de permanence, mis en place pour assurer la continuité de l’approvisionnement des citoyens en produits de première nécessité et en services essentiels durant les deux jours de fête. Sur un total de 55.602 commerçants mobilisés pour l’opération, 55.585 ont effectivement respecté leur engagement. Épiciers, boulangers, distributeurs de lait et d’eau minérale, pharmaciens et autres prestataires ont maintenu leurs activités, assurant l’accès aux produits de large consommation malgré la fête. Dès la matinée du premier jour, les directeurs régionaux et de wilaya du commerce, accompagnés d’inspecteurs et d’agents de contrôle, ont effectué des visites de terrain, pour vérifier la bonne exécution du programme. Cette large adhésion illustre une prise de conscience collective croissante autour de l’importance d’assurer la continuité du service public. Elle traduit également l’ancrage progressif d’une culture de la citoyenneté économique. En appui à ce dispositif, l’application numérique «Mourafik Com» a enregistré plus de 12.000 recherches de la part de citoyens souhaitant localiser les commerces ouverts à proximité durant le deuxième jour de l’Aïd. Ce chiffre témoigne de l’efficacité continue de cette plateforme numérique.

S. B.

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