
«Passer de l’ego-citoyen à l’éco-citoyen»
Un «livre blanc», consacré aux impacts des catastrophes naturelles induites par les changements climatiques en Algérie, est en cours d’élaboration. Il «sera remis au gouvernement, le 20 décembre», a déclaré, lundi à Alger, Chemseddine Chitour, ministre des Énergies renouvelables et de la Transition énergétique.
Ce document, précise-t-il, «permettra pour la première fois à l’Algérie de discuter d’une seule voix», relevant la nécessité d’un travail en synergie à la hauteur des engagements de l’Etat. Aux différents responsables des ministères, agences et autres institutions, le ministre demande «des informations démontrables, fiables». Soulignant que l’Algérie sera «de plus en plus impactée durement», M. Chitour appelle ces parties prenantes à «faire preuve d’imagination».
Dans l’élaboration de ce livre de 150 à 200 pages. Dans son intervention, le ministre a indiqué que dans la cadre de la transition énergétique, «nous avons demandé de revoir le Code de construction avec un diagnostic énergétique, et on demandera également de trouver un mécanisme de stockage d’eau». A ce sujet, il souligne qu’ «un orage d’un quart d’heure à Alger, c’est 10 millions de m3 d’eau qui partent à la mer». Relevant un «gaspillage éhonté» en eau, avec une moyenne de 450 m3 par individu/an, M. Chitour préconise une «pédagogie pour un donner un destin à ce pays». Il souligne que l’une des missions principales de la transition énergétique, pour laquelle il demande un «Plan Marshall», est de lutter contre ce gaspillage «devenu un sport national».
A ses yeux, il est plus que jamais temps de passer de «l’égo-citoyenneté à l’écocitoyenneté, de l’ébriété énergétique à la sobriété énergétique, et se débarrasser de cette mentalité du ‘‘beylek’’». Et d’ajouter qu «il faut laisser un viatique aux générations futures». M. Chitour explique que «nous sommes à 2.500 milliards de m3 de réserves de gaz, et à ce rythme on aura plus rien dans 20 ans et le pays se retrouvera devant un choix cornélien : consommer ou exporter». Sur les énergies renouvelables, Chitour a indiqué que l’Algérie possède l’un des plus grands gisements solaires au monde. Près de 3.000 KW par mètre carré et par an. «Un Algérien consomme l’équivalent de 1.500 KW/h par mètre carré par an. Un mètre carré de soleil au Sud, peut nourrir énergétiquement parlant deux personnes», fait-il savoir. Le ministre relève que «le kilowattheure solaire actuel est moins cher que le kilowattheure thermique», indiquant que «cela veut dire que ce serait dommage de continuer à brûler du gaz naturel, alors qu’on peut faire autrement et laisser un viatique aux générations futures». Selon lui, «si on veut réussir le plan solaire, les modèles montrent que si on veut laisser la moitié de ce qui existe aux générations futures, il faudra faire un modèle à 50% renouvelable.
Cela veut dire, tant de centrales solaires, tant de centrales éoliennes, tant de géothermie…». Dans le même registre, Chitour avait affirmé que «l’Algérie a actuellement 340 MW de solaire et 10 MG d’éolien. Les modèles que nous sommes en train de faire, disent qu’il faut au minimum avoir 10.000 à 12.000 MW de renouvelable en 2030. C’est une cadence d’environ 1.000 MW par an. Les 12.000 MW de renouvelable, vont nous permettre de gagner en une année, 18 milliards de mètres cubes de gaz».
Fouad Irnatene