Algérie nouvelle - 2019-2022 : (IX) Transition énergétique : Une priorité majeure

L’Algérie vise à atteindre la croissance verte, en faisant de la transition et de l'efficacité énergétiques, l'axe fondamental de la stratégie du secteur de l'énergie et de l’environnement.

À cet effet, les autorités publiques envisagent la mise en place d'un programme d’action pour le développement massif des énergies renouvelables et nouvelles. Un programme à déclinaison multisectorielle de sobriété et d'efficacité énergétiques, ainsi qu'un plan national ambitieux portant sur la production de l'hydrogène, notamment l’hydrogène vert et la consécration d'un nouveau modèle énergétique qui tend vers un mix énergétique équilibré à l'échéance 2030, à travers une plate-forme juridique sur la transition énergétique.
Le président de la Fédération de la transition énergétique en Algérie (FATEA) met en avant les mesures d'appui à la transition énergétique des pouvoirs publics, qui prévoient la création d'un l'Institut de la transition énergétique et des énergies renouvelables en tant que pôle d'excellence ouvert à l'international, l’élaboration et la mise en œuvre d'un plan de communication visant à sensibiliser l'opinion et la société civile. Belkacem Haouche évoque également le renforcement du Commissariat aux Énergies Renouvelables et à l’Efficacité Énergétique (CEREFE) et de ses unités régionales, afin de contribuer au développement national et sectoriel de ces énergies.
Pour lui, «il est impensable de dissocier le processus de la recherche et la formation». Car négliger cet aspect équivaut à lancer le processus en soumettant les investisseurs et les entreprises à la dépendance et au régime de l’importation. «Le constat est que sur les 300.000 diplômés par an en Algérie, seuls 2% sont ingénieurs. Et sur les 2% aucun ingénieur en énergies renouvelables», regrette-t-il. Et d’enchaîner : «Nous devrions être conscients que l’Algérie doit faire face à un défi majeur, celui de son intégration dans le marché régional, faute de quoi elle sera marginalisée en 2030, année butoir du passage à l’énergie verte zéro carbone. D’où l’impératif d'œuvrer à la conquête de la place qui échoit à l’Algérie sur le marché régional».
En effet, avec la baisse spectaculaire de la part des hydrocarbures dans le monde d’ici 30 ans, les autorités publiques prévoient d’accélérer la cadence pour passer «rapidement» à une transition énergétique réussie.
Enseignant à l'université des sciences et techniques Houari-Boumédiène de Bab Ezzouar (Alger), le Pr Ahmed Kerfah explique que la transition énergétique signifie d'abord qu'il faut donner une «véritable dynamique» au secteur des énergies renouvelables. «L'enjeu de la transition, poursuit-il, devient de plus en plus pressant en raison de la rapide croissance démographique qui posera de grands problèmes sur les plans du développement et de consommation des énergies. Si le taux de consommation des énergies continue de la même cadence, l'Algérie fera face à de sérieux problèmes à horizon de 2030». Il précisera que «les énergies renouvelables sont désormais au centre de tous les intérêts, non pas pour la qualité de vie qu’elles apportent, mais parce qu’elles sont au centre du changement climatique». Le spécialiste affirme que la transition énergétique consiste à passer d’un système fondé sur les combustibles fossiles à un système dominé par la production d’énergies propres et renouvelables, dont l'objectif est de «réduire» les émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie, en vue d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux, dont l'Algérie a ratifié plusieurs convention dans ce domaine.
«Seules la volonté politique et l'adhésion de la population permettent un changement radical de la stratégie énergétique, au moment où plus de 80% de la consommation énergétique provient des transports, de l’habitat et du tertiaire», rapporte-t-il.

Tahar Kaidi

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Volonté politique et implication citoyenne

Avec plus de 50 millions d'habitants d'ici 2050, notre pays est à présent à la croisée des chemins en ce qui concerne l'avenir de l'énergie, relevant que la dépendance à l'égard du pétrole et des autres combustibles fossiles et la croissance du coût de l'énergie «fragilisent» notre économie. «Il est donc incontestable, soutient l’expert, que les sources d'énergie renouvelables constituent, dans l'avenir, un élément clé d'un avenir durable. Il serait urgent de réfléchir à la mise en place d'un nouveau cadre législatif pour renforcer la promotion et l’utilisation des énergies renouvelables ainsi que le déploiement des investissements massifs dans l'objectif de promouvoir les énergies renouvelables éolienne et solaire, et d’orienter les financements destinés au fossile vers les énergies renouvelables».
Le Pr Kerfah considère que la promotion des sources d'énergie renouvelables «demandera des changements de politiques énergétiques» et implique des mesures à «tous les niveaux» de gouvernement et de sphère de décision économique et l'implication du citoyen. Selon ses dires, l'Algérie est en phase de se lancer dans une stratégie «ambitieuse, impulsée par une volonté politique» et ce, par le lancement de projets de développement au niveau des centres de recherche, de nouveaux masters à l'université et des formations spécialisées. Il est indéniable que l'Algérie a pris de l'avance par rapport à la formation de sa matière grise en matière des énergies renouvelables et de maîtrise des technologies. Les autorités expriment une sincère volonté d'accélérer les démarches de transition vers des énergies propres. Ainsi la production de 15.000 méga watts à horizon de 2035 est un projet réalisable, car nous avons toute les compétences et les moyens qu'il faut, comme l’a affirmé le président de la République.
L'heure est donc à l'action, au concret et à la confrontation du réel.

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