
Le président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), Abdelouahed Kerrar, se félicite de la démarche du gouvernement de confirmer les bases de la politique, suivie jusque-là dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, qui consiste en le développement important de la production pharmaceutique.
Entretien réalisé par Kamélia Hadjib
El Moudjahid : Quelle lecture faites-vous du Plan d’action du gouvernement ?
Dr. Kerrar : Le Plan du gouvernement intervient dans un contexte difficile dû à la pandémie, qui non seulement pèse sur les ressources budgétaires du pays mais est un facteur de ralentissement sérieux de l’activité économique. On avait pensé qu’elle allait durer quelques mois. Le monde entier découvre aujourd’hui que le coronavirus est toujours actif, 18 mois plus tard. La seule solution reste donc la vaccination massive.
D’autre part, l’économie algérienne subit toujours les effets néfastes de la chute brutale des prix du pétrole en 2014. Ce choc a conduit à des déséquilibres structurels, aussi bien des comptes du Trésor public que de la balance des paiements, toujours persistants, et qui n’ont pas pu être corrigés à ce jour. Dans de telles conditions, et au vu de ces deux lourdes contraintes, on peut dire que le programme d’action du gouvernement, pour ce qui touche à l’industrie pharmaceutique s’inscrit dans la continuité de la politique menée jusqu’à présent..
Quelles sont les nouveautés apportées?
Les fondamentaux de notre industrie sont bons. Le gouvernement a donc pris soin de confirmer les bases de la politique suivie jusque-là, qui ont conduit à un développement conséquent de la production pharmaceutique et à une réduction sensible de la dépendance dans ce secteur névralgique. L’objectif de couverture de 70% des besoins nationaux est ainsi réaffirmé. Il faut relever l’engagement en matière d’orientation des investissements, l’idée étant de privilégier la fabrication des médicaments à haute valeur ajoutée, celle des intrants et matières premières pharmaceutiques et celle enfin des produits liés à la pandémie, tels que les vaccins, l’oxygène, les tests de dépistage...
Il convient également d’ajouter la question sensible liée de l’ANPP (Agence nationale des produits pharmaceutiques), une institution cardinale qui manque toujours de moyens humains et matériels à la hauteur de ses responsabilités, et sans laquelle aucune politique publique ne pourra se déployer efficacement et dans la durée.
Quels mécanismes doivent être mis en place pour réaliser les objectifs ?
Pour concrétiser les objectifs ambitieux d’une filière prête à assurer la sécurité sanitaire et réaliser rapidement des recettes à l’export, il est vital de consentir des investissements conséquents. C’est pourquoi, il serait souhaitable que tous les objectifs soient chiffrés et que soit déterminé l’échéancier de réalisation. Il serait souhaitable également que, tous secteurs confondus, l’information économique soit diffusée de manière détaillée, à intervalles réguliers, et qu’elle soit accessible à tous sur les sites en ligne des administrations. Tant que ces dernières rechigneront à partager l’information économique, on continuera à cultiver l’opacité en mettant dans le même sac les secteurs qui s’acquittent correctement de leurs missions et ceux qui se réfugient derrière le paravent de leur pouvoir bureaucratique.
Les professionnels sont souvent confrontés aux contraintes d’ordre bureaucratique …
C’est un problème sérieux. Les lenteurs caractérisent le travail des administrations en général, qu’il s’agisse des changements à apporter au système de régulation des activités économiques ou même à la célérité de mise en œuvre des lois et réglementations en vigueur.
Trop souvent, le rythme de fonctionnement des administrations ne tient pas compte des contraintes imposées par l’environnement international, ni à celles liées aux impératifs financiers auxquels toute entreprise doit se soumettre.
On peut citer à cet égard de multiples exemples tels que la mise en œuvre effective des instruments de soutien aux travaux de recherche scientifique au sein des entreprises, aux flexibilités à mettre en place dans la loi du travail ou encore aux procédures d’encouragement applicables à l’investissement. Sur tous ces volets, nos administrations doivent se mettre au service de la croissance économique.
Enfin, on ne peut manquer de rappeler les vertus irremplaçables de la concertation entre l’entreprise et les autorités publiques. Avec l’expérience, nous constatons maintenant que tous les secteurs qui ont réussi des performances appréciables, comme le nôtre, sont ceux qui ont privilégié le dialogue de fond avec l’ensemble des acteurs concernés.
K. H.