1re Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et des technologies de la santé – Le ministre de la Santé : «La souveraineté pharmaceutique africaine se concrétise»

Ph.:A-Asselah
Ph.:A-Asselah

«Notre responsabilité, aujourd’hui, est d’agir avec détermination, une vision claire et un courage politique affirmé. La souveraineté pharmaceutique africaine n’est plus un rêve lointain, mais un objectif réalisable, à condition d’adopter des stratégies réalistes et de renforcer une coopération sincère entre les pays du continent.»

C’est avec cette conviction que le ministre de la Santé, Mohamed Esseddik Aït Messaoudène, a prononcé, au Centre international des conférences (CIC) à Alger, son allocution à la première édition de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et des technologies de la santé, organisée sous le haut patronage du président de la République et en présence du Premier ministre, Sifi Ghrieb, de membres du gouvernement, de responsables institutionnels ainsi que de délégations de plus de 15 pays.

Le ministre a réaffirmé l’«engagement ferme de l’Algérie à participer pleinement aux dynamiques continentales, consolider ses propres capacités, partager son expertise et s’associer activement aux initiatives régionales visant à bâtir une Afrique plus autonome, plus innovante et plus résiliente». Le ministre a souligné que l’ «Afrique possède toutes les conditions nécessaires pour devenir un pôle pharmaceutique de portée mondiale».

Précisant que la réussite de cette ambition exige une «volonté politique collective, une coordination étroite entre les États» et l’activation des mécanismes régionaux de coopération, en plus de la «création de centres de production dotés d’une dimension continentale», capables de «répondre aux besoins internes et de soutenir les exportations régionales». Il a tenu, à ce titre, à «saluer le rôle essentiel des organisations régionales, des institutions africaines, des partenaires techniques et financiers ainsi que du secteur privé». La conférence intervient dans un contexte où la crise sanitaire mondiale a mis en évidence la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement et la dépendance des pays africains aux importations, ce qui appelle des «réformes profondes pour ancrer la souveraineté sanitaire dans les politiques publiques». Abordant la production nationale de médicaments, le ministre a souligné son rôle stratégique et central dans la sécurité sanitaire, le développement économique, la stabilité sociale, ainsi que comme rempart contre les perturbations du marché et la prolifération des produits contrefaits. «Il n’est plus possible de considérer la production pharmaceutique nationale comme un simple choix industriel, elle est désormais un pilier de la sécurité sanitaire, du développement économique et de la stabilité sociale», a-t-il déclaré.

Il a ajouté : «Renforcer notre industrie nationale signifie garantir l’accès aux médicaments essentiels, maîtriser les coûts, réduire les fluctuations et les ruptures d’approvisionnement, lutter contre les produits contrefaits et renforcer la confiance de nos populations dans leurs systèmes de santé.» Pour atteindre cet objectif, trois conditions sont essentielles, selon lui. Tout d’abord, il est nécessaire d’«instaurer un cadre réglementaire moderne, cohérent et fondé sur les standards internationaux, d’accélérer l’harmonisation réglementaire africaine, améliorer les procédures d’enregistrement des produits, renforcer les capacités de nos agences nationales du médicament et soutenir les mécanismes communs d’inspection, de certification et de vigilance pharmaceutique, car la qualité ne doit jamais être négociable», a-t-il ajouté.

Deuxièmement, il estime que le développement d’entreprises industrielles structurantes en Afrique ne pourra se réaliser sans investir dans la recherche, l’innovation, la biotechnologie, la production de vaccins, les dispositifs médicaux et les technologies numériques de santé. Il est également «indispensable de promouvoir les partenariats entre le secteur public et le secteur privé, de soutenir les alliances continentales et d’investir dans des zones industrielles spécialisées dans les industries pharmaceutiques, tout en créant un climat attractif pour les investisseurs et en protégeant nos intérêts stratégiques». Enfin, la qualification du capital humain constitue la base de toute industrie performante. ­­­D’après le ministre, il est crucial de renforcer la «formation des pharmaciens, des ingénieurs, des biologistes, des chimistes, des technologues et des experts en affaires réglementaires, car un haut niveau de compétence est la clé pour attirer les investissements et garantir la qualité de la production».

En conclusion, Aït Messaoudène a réaffirmé que l’Algérie poursuivra son action pour renforcer les capacités locales et soutenir une Afrique plus forte et intégrée sur le plan sanitaire. En plus des réunions ministérielles et des sessions de travail animées par des experts et des acteurs du domaine, la rencontre a été ponctuée par l’inauguration d’un salon de l’industrie pharmaceutique. La délégation africaine a été conduite en début d’après-midi au Palais des expositions (Safex) pour visiter les différents stands et échanger avec les exposants, découvrant ainsi les innovations et les initiatives locales.

La première journée de la conférence s’est clôturée en soirée et s’est terminée par une déclaration finale présentant des recommandations visant à favoriser l’intégration continentale dans le domaine pharmaceutique et à renforcer la souveraineté sanitaire de l’Afrique.

S. B.

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Le président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), Pr Kamel Sanhadji : «l’Algérie se positionne comme un leader continental»

En marge de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et des technologies de la santé, qui se tient du 27 au 29 novembre au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal, le président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), Pr Kamel Sanhadji, a souligné le rôle majeur de l’Algérie dans le renforcement de la souveraineté sanitaire du continent. Il a indiqué que l’Algérie a atteint un niveau de production pharmaceutique «très important», tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Grâce à une culture sanitaire solidement ancrée, à des investissements constants dans la couverture sanitaire de base et à un tissu industriel représentant près du tiers des capacités africaines, le pays se positionne désormais comme un prétendant sérieux au leadership continental. «L’expérience algérienne en matière de production de médicaments et de technologies de la santé constitue un choix pratique que les pays africains peuvent adopter», a-t-il souligné.

Ajoutant que la proximité géographique et les données économiques partagées entre les pays du continent font de cette expérience un modèle inspirant. Dans ce contexte, il a indiqué que l’Algérie dispose d’une expertise solide dans la fabrication de médicaments et de vaccins, «maîtrisés avec succès par l’industrie nationale, grâce aux compétences scientifiques et aux laboratoires qualifiés».

La contribution de l’Algérie aux initiatives africaines communes vise à renforcer la souveraineté sanitaire du continent, représentant «un prolongement naturel du rôle de l’Algérie dans le soutien à la coopération Sud-Sud, particulièrement dans les domaines liés à la sécurité sanitaire et à l’innovation pharmaceutique». Pr Sanhadji a également souligné que l’Algérie abrite plus de 30% des usines pharmaceutiques actives en Afrique, devançant ainsi de nombreux pays du continent et offrant «un capital accumulé important sur lequel il est possible de compter dans les processus de partenariat et de transfert de technologies».

Enfin, il a mis en avant le rôle central de l’ANSS dans le contrôle de la production pharmaceutique, garantissant la sécurité des médicaments : «Toute substance médicamenteuse n’est autorisée à la commercialisation qu’après avoir fait l’objet d’un suivi rigoureux et la vérification de sa sécurité et de son innocuité».

S. B.

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Le DG de la prévention et de la promotion de la santé, Dr Djamel Fourar : « des vaccins made in Algeria bientôt fabriqués »

Le directeur général de la prévention et de la promotion de la santé au ministère de la Santé, Dr Djamel Fourar, a annoncé, en marge de la Conférence, le lancement d’un projet ambitieux de fabrication locale de vaccins destinés à lutter contre les maladies transmissibles. Selon Dr Fourar, la production locale permettra non seulement d’assurer une disponibilité continue des vaccins pour les enfants, distribués dans l’ensemble des hôpitaux et unités de santé du pays, mais également de réduire considérablement les coûts.

«Leur prix est élevé sur le marché international, mais lorsqu’ils sont fabriqués en Algérie, cela garantit un approvisionnement régulier et prévient toute rupture», a-t-il souligné. Il a précisé qu’un partenariat avancé est en cours avec Saidal pour développer une gamme de vaccins produits en Algérie, respectant les standards internationaux de qualité. Une fois opérationnelle, cette production nationale alimentera l’ensemble du réseau sanitaire et assurera une stabilité complète de la chaîne vaccinale.

S. B.

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