Clôture de la conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments : le rôle pionnier de l’Algérie souligné

À Alger, la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments a consacré le rôle pionnier de l’Algérie dans la construction d’une souveraineté sanitaire africaine solide, portée par une industrie performante, une diplomatie sanitaire active et une vision continentale mobilisatrice.

En effet, les participants à la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et des technologies de la santé, réunis vendredi à Alger, ont affirmé que l’Algérie constitue, aujourd’hui, l’un des moteurs les plus fiables, pour hisser le continent vers une véritable autonomie pharmaceutique. Dans des déclarations à la presse, au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, en marge des travaux de cette rencontre, le ministre égyptien du Secteur public des affaires, Mohamed Chimi, a salué le potentiel exceptionnel de l’Algérie dans la production de médicaments et de consommables médicaux. Il a souligné que l’Afrique a besoin de l’appui et de l’accompagnement de l’Algérie, aux côtés d’autres pays pionniers comme l’Égypte et l’Afrique du Sud. Il a appelé, dans ce sens, à la «création d’une haute commission africaine de l’industrie du médicament». Pour sa part, la secrétaire d’État tchadienne à la Santé publique et à la Prévention, Mbaidedji Dekandji Francine, a exprimé son admiration pour l’expérience algérienne. Elle a estimé que cette dynamique constitue «un pas déterminant», qu’il convient de renforcer par des partenariats africains. De son côté, le ministre mozambicain de la Santé, Ussene Isse, a insisté sur l’impératif d’adopter «une voie africaine unifiée» en matière de santé et de fabrication de médicaments, estimant que le continent dispose de la force nécessaire, pour réaliser des avancées majeures, à condition d’unir les efforts de ses pays. Pour sa part, le directeur régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, Mohamed Yakub Janabi, a rappelé que le continent importe encore entre 60 et 90% de ses besoins en médicaments et en vaccins. Il a souligné que le passage de l’Algérie à 82% de production locale constitue «un acquis majeur pour l’ensemble du continent». Dans ce contexte, il a souligné que l’expérience algérienne constitue un modèle.

S. B.

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Aït Messaoudène rencontre des responsables de plusieurs pays

Le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudène, a rencontré, en marge des travaux de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et les technologies de la santé, des responsables de plusieurs pays participants. Le ministre a reçu la secrétaire d'État à la Santé publique et à la Prévention de la République du Tchad, Mbaidedji Dekandji Francine, avec laquelle il a passé en revue le système de santé algérien, notamment le système de contrôle, d'alerte et de réponse rapide aux pandémies et aux urgences. Les deux parties ont examiné les moyens de renforcer la coopération dans le domaine pharmaceutique. Le ministre a rencontré la représentante de la République de Côte d'Ivoire, qui a exprimé sa reconnaissance à l'Algérie pour l'organisation de cet évènement important. Le ministre de la Santé avait rencontré auparavant, en marge des travaux de la conférence, le ministre du Secteur public des affaires en Égypte, Mohamed Chimi, et le directeur régional de l'approvisionnement pour la région MENA du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), Abdullah Makhlouf.

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Industrie pharmaceutique en afrique : un premier pas vers l’affranchissement sanitaire

Evénement-phare de la semaine, la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et autres technologies de santé était loin d’être une rencontre banale. L’avènement et/ou le développement d’une industrie pharmaceutique africaine constitue un enjeu continental, non pas sur le plan sanitaire uniquement, mais aussi sur le plan économique. L’équation est simple : plus de médicaments fabriqués en Afrique, c’est moins de dépendance vis-à-vis des pays étrangers et une meilleure prise en charge médicale des Africains. Pour peu, cependant, qu’un environnement adéquat et qu’un cadre d’intégration efficace soient mis sur pied. L’un des effets les plus marquants de la colonisation de l’Afrique est l’inexistence d’un système sanitaire fiable pour les populations autochtones. Des politiques de mise sur pied de politiques sanitaires ambitieuses ont été initiées et/ou mises en œuvre aux quatre coins de l’Afrique, avec plus ou moins de succès, selon le poids économique de chaque pays. En dépit de ces efforts, des lobbies ancrés dans d’anciens pays colonisateurs, avec l’appui de larbins au niveau local, ont manœuvré dans l’ombre pour que les anciennes colonies restent dépendantes de l’étranger (et des anciens colonisateurs en premier lieu) pour tout ce qui a trait à la santé (équipements, savoir-faire spécialisé, médicaments, produits parapharmaceutiques…), tout comme pour les produits alimentaires. A défaut de poursuivre la colonisation territoriale, ils se sont rabattus sur la colonisation économique. Provoquer les conditions d’une dépendance vis-à-vis de l’Occident dans l’alimentation et la santé, c’est créer une dépendance vitale. Cela a marché dans certains pays, mais heureusement pas dans d’autres. Pour lutter contre cette forme cachée d’asservissement, l’Afrique n’a d’autre choix que de compter sur elle-même, d’abord en assurant son autosuffisance en matière d’aliments stratégiques, puis en produisant localement le plus grand nombre de produits pharmaceutiques possible. Plus facile à dire qu’à faire, avanceront certains, mais tout trajet ne commence-t-il pas par un premier pas ? Partout en Afrique, un éveil est perceptible, surtout auprès de la jeunesse. L’impératif de s’affranchir de la tutelle économique de l’étranger devient un leitmotiv. Face (ou grâce, selon la perception de chacun) aux difficultés de plus en plus grandes d’émigrer vers l’Occident, qui n’est plus l’Eldorado tant rêvé, les Africains se résignent à compter sur eux-mêmes. Des politiques de scientisation de l’agriculture se développent, tout comme des projets d’essor de structures sanitaires. La bataille des produits sanitaires (médicaments, vaccins, instruments, parapharmacie…) est engagée. Les pays qui peuvent produire doivent le faire, ceux qui ne le peuvent pas doivent acheter de pays producteurs africains. C’est moins cher, ça réduit les factures d’importation et ça renforce les échanges intra-africains et, par-là même, les économies locales. Grâce au Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), les achats entre pays africains se payent en monnaie locale et non en devises étrangères. N’est-ce pas un avantage inestimable ? Et puis, n’est-il pas temps que l’Afrique exploite, à son profit et non pas au profit de pays étrangers, tous ses minerais et ses énergies, y compris ceux indispensables pour la fabrication de médicaments ? C’est que l’Afrique regorge de matières premières nécessaires pour la fabrication de nombreux produits pharmaceutiques : l’arsenic contre le psoriasis, l’antimoine contre la leishmaniose, le fer contre l’anémie, le lithium contre la dépression, le bismuth, le cobalt et le nickel contre les problèmes gastriques, la platine ou les métaux radioactifs contre les cancers… Même l’or peut être utilisé pour soigner la polyarthrite rhumatoïde. Cette douzaine de métaux rares existent en Afrique. Pourquoi ne pas les utiliser pour favoriser une production locale (dont l’excédent, une fois les besoins africains satisfaits, pourraient même être exportés), plutôt que de les vendre à l’état brut, sans valeur ajoutée ? D’ailleurs, la possession de matières premières rares peut constituer un levier de pression envers les grands laboratoires pharmaceutiques pour imposer un transfert technologique, même partiel. Pour le savoir-faire et l’expérience, des pays-leaders, comme l’Algérie, peuvent les fournir. Ainsi, pour peu qu’une politique panafricaine cohérente, rationnelle et intégrée soit élaborée, la bataille de la production pharmaceutique est jouable. Et beaucoup en seront malades au-delà des mers et des océans…

C’est que l’Afrique regorge de matières premières nécessaires pour la fabrication de nombreux produits pharmaceutiques : l’arsenic contre le psoriasis, l’antimoine contre la leishmaniose, le fer contre l’anémie, le lithium contre la dépression …

F. A.

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