À l’occasion du NAPEC-2025, le PDG de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), Samir Bakhti, revient sur la stratégie de gestion du domaine minier algérien, les partenariats engagés avec les compagnies étrangères et les perspectives du prochain appel à la concurrence. Il met en avant une approche intégrée, axée sur la promotion, la transparence et l’attraction d’investissements durables.
El Moudjahid : Pourriez-vous nous présenter la vision et la stratégie d’ALNAFT en matière de gestion et de valorisation des ressources minières et hydrocarbures ?
Samir Bakhti : L’Agence ALNAFT est chargée de la promotion du domaine minier des hydrocarbures. Promouvoir ce domaine, c’est encourager la recherche, le développement et l’exploitation de nos ressources énergétiques. Nous menons de nombreuses études afin d’améliorer la connaissance de notre domaine minier, qui reste très vaste, avec une superficie de près de 1.700.000 km², incluant la zone offshore. Notre stratégie vise à attirer davantage d’investissements, notamment étrangers, directs, car l’étendue de ce domaine dépasse les capacités de la compagnie nationale à elle seule, surtout face aux défis techniques et à l’hétérogénéité géologique du territoire. L’apport de nouvelles technologies et d’expertises est donc essentiel, d’où la nécessité de partenariats solides. Nous avons établi une feuille de route claire : dans un premier temps, mener des études approfondies – c’est ce que nous faisons actuellement avec notre partenaire SLB, à travers le projet EXALT, qui porte sur plusieurs zones onshore et offshore. Les résultats de ces études seront ensuite valorisés et communiqués afin d’attirer les compagnies pétrolières vers notre domaine minier national, dans une démarche inclusive et collaborative. Notre stratégie repose sur deux axes : le premier, à travers les appels à la concurrence – celui de l’an dernier a été un succès avec cinq périmètres attribués sur six proposés – et le second, via une valorisation globale de nos ressources. Le monde connaît une demande croissante en énergie, notamment en gaz naturel, énergie fossile la moins carbonée. L’Algérie doit saisir cette opportunité et mettre pleinement en avant son potentiel.
Le NAPEC est reconnu comme un espace d’échanges et de concertation entre acteurs du secteur. Quels types de contacts ou de discussions avez-vous engagés avec vos partenaires lors de cette édition ?
Le NAPEC est une plate-forme qui prend de l’ampleur d’année en année. Nous profitons de cet événement pour promouvoir davantage notre domaine minier. Lors de la cérémonie d’ouverture, j’ai annoncé la préparation du prochain appel d’offres et rappelé notre orientation stratégique, axée sur la valorisation du potentiel global de l’Algérie – “lookingat the full potential”, comme je l’ai dit. L’avantage du NAPEC est la proximité qu’il offre avec les acteurs nationaux et internationaux. Cela nous permet d’avoir des discussions approfondies sur leurs attentes et de mieux orienter notre offre, tant sur le type de projet que sur les modèles économiques à proposer. La législation algérienne offre en effet une grande flexibilité pour définir les modèles contractuels adaptés à chaque projet. La présence d’ALNAFT, aux côtés de Sonatrach et du ministère de l’Énergie et des Mines, renforce la crédibilité de nos échanges. Nous comptons d’ailleurs conclure ici même un accord avec la société Petrogaz du Sultanat d’Oman pour la réévaluation et le redéveloppement d’un gisement mature présentant des défis de production. Cette étude pourrait déboucher, incha’Allah, sur un contrat d’investissement.
Quelles sont les principales perspectives ou projets de coopération à la lumière de votre participation au NAPEC ?
Plusieurs discussions sont déjà en cours avec des compagnies internationales telles que Chevron et Exxon, entre autres. Le NAPEC nous permet d’ajuster ces collaborations en fonction des informations échangées et d’affiner notre feuille de route. Fortement encouragés par les résultats du précédent appel à la concurrence, nous préparons le prochain, prévu pour la fin du premier trimestre ou au plus tard le début du second trimestre 2026. Cette fois, nous adoptons une approche plus transparente : avant de lancer l’appel, nous publierons une présélection d’une vingtaine de périmètres accompagnés de fiches techniques détaillant leur potentiel et leurs défis. Les retours des compagnies pétrolières permettront d’affiner notre sélection finale, qui portera sur 6 à 10 blocs, selon le potentiel identifié. Ce prochain appel concernera principalement des périmètres onshore conventionnels, mais l’offshore n’est pas exclu. Si nous sommes prêts d’ici 2026, un bloc offshore pourrait y être intégré. En 2027, incha’ Allah, nous envisageons d’y consacrer un appel spécifique.
Quelles sont enfin les prochaines étapes de votre agenda à moyen terme ?
Nous avons inscrit notre programme d’appels à la concurrence dans une démarche quinquennale glissante. L’objectif est de lancer un appel chaque année, en ajustant notre approche selon les résultats obtenus. En 2025, nous avons déjà signé sept contrats, et un huitième le sera prochainement avec une compagnie saoudienne. Notre ambition est d’atteindre une dizaine de contrats par an. Parallèlement aux appels à la concurrence, nous menons des discussions bilatérales dans le cadre d’appels à manifestation d’intérêt sur des thématiques spécifiques. L’une d’elles concerne les réservoirs carbonatés, un domaine encore peu exploité en Algérie. Actuellement, une exploitation limitée à Hassi R’mel par Sonatrach nous permet de produire 12 millions de m³ de gaz par jour. Ce résultat encourageant nous pousse à ouvrir cette thématique, qui reste complexe sur le plan technique, à des discussions ciblées. Une fois cette filière maîtrisée, elle rejoindra à son tour le processus d’appel à la concurrence.
A. S.