4e festival international des arts de l’Ahaggar : Le « Super railband de Bamako » et une « Jam session » au final

D.R
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Une soirée très rythmée, marquée par le «Rock n’roll de la savane» et l’Assouf, avec une touche de spiritualité puisée dans le Tindé, a été animée lundi soir à Tamanrasset par les Maliens du «Super rail band de Bamako» et la diva du Tindé de l’Ahaggar Badi Lalla.

Groupe mythique de Bamako qui sillonne le monde depuis plus de 20 ans, le «Super rail band de Bamako» se produisait pour la première fois en Algérie en clôture du programme musical du 4e Festival international, Abalessa-Tin Hinan, des arts de l’Ahaggar (Fiataa) organisé à Tidessi (10 km au nord de Tamanrasset) depuis mercredi dernier.
Même s’il définit sa musique comme un «Rock n’roll de la savane» au vu du rythme entraînant des chansons, Bamba, le leader du groupe est en réalité revenu à une version antérieur du rail band qui existait dans les années 1970 avec une musique folklorique africaine, mandingue, modernisé avec l’introduction de la guitare et de la batterie et qui a fait émergé des artistes comme Oumou Sangaré.
Sur des textes écrits dans tous les dialectes parlés au Mali, le «Rail band» chante encore les vieux guérisseurs traditionnels, les chasseurs et les agriculteurs de son pays, en gardant la calebasse traditionnelle et parfois quelques autres instruments comme le balafon ou le n’goni, le tout livré dans un emballage pop-rock, particulièrement tourné vers le Makoussa et le mandingue. «Après le conflit armé, l’état d’urgence et le couvre-feu, la musique et les artistes maliens commencent à peine à ré émerger», a déclaré le leader du groupe qui s’attend à une «intensification» des échanges culturels entre son pays et l’Algérie. Dans un style propre aux Touareg, Badi Lalla, la doyenne de ce genre et artiste adulée, a enchanté son public avec une version Assouf du Tindé, alliant poésie traditionnelle du tinté et rythme blues de l’Assour à la sonorité particulière de la guitare targuie.
D’une voix puissante et apaisante, Badi Lalla perpétue une tradition poétique féminine très répandue parmi les femmes berbères dans toutes les régions du pays, en conservant des séquences de pure spiritualité et intégrant l’Assouf, une musique nostalgique qui fait la synthèse entre le rock, le blues et la musique traditionnelle targuie, en passe de devenir un phénomène de société dans la région. Jam session, fruit d’un brassage musical réussi. Après six jours d’intense activité musicale a Tidessi, Abalessa (80 km) et In Salah (700 km de Tamanrasset), le festival s’est transformé en réel espace d’échange d’expérience et de fusion de différents styles réunis au Fiataa.
La vocation d’espace de rencontre s’était déjà illustrée en dehors de la scène où des musiciens algériens ont eu l’occasion de côtoyer des artistes d’autres horizons donnant naissance, par exemple, à une «Jam session», scène improvisée autour du chanteur et guitariste «Akli D». Cette improvisation a mené le groupe composé de musiciens algériens, burkinabés et maliens aux portes de la world music où chacun a pu mettre en œuvré ce qu’il maîtrisait le plus.
De la pop de «Akli D», diwan des «Ouled Bambra», à la musique traditionnelle du nord du Mali portée par la voix unique de Khaira Arby en passant par le reggae du jeune groupe «Democratoz», et le jeu de basse jazzy du bassiste du groupe Grooz, le son travaillé et maîtrisé de ce nouveau «band» a traduit, à lui seul, l’ambiance qui a marqué ce 4e Fiataa.
Les animateurs des ateliers de danse et musique africaine se sont eux aussi joints à cette scène avec jambé et kora à la main ce qui a donné des couleurs internationales aux chansons de «Akli D» ou de Youcef Boukella. Ouvert mercredi dernier à Abalessa par le groupe folklorique local «Jakmi», le 4ème Fiataa a pris fin lundi soir au campement du site de Tidessi sur une note d’interactivité musical propre au festival.
 

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