
De tous les équipements domestiques, c'est le produit le plus en vogue cet été. Il fait même de l'ombre aux autres «inventions» qui ont pourtant, jusque-là, prouvé leur suprématie et leur efficacité, notamment durant la période des fortes chaleurs. Les autres articles perdent leur aura, leur charme et leur réputation arrachés au fil des années. Face à l'article «miracle», c'est un fait, perdre la face est normalisé, accepté par les plus durs, les plus solides et les plus convaincants. Autres temps, autres mœurs. Nous sommes en pleine saison estivale, mais ce n'est plus le climatiseur qui capte notre attention et notre intérêt. La crise de l'eau a bel et bien modifié l'échelle de Maslow. Les besoins ont été déclassés. Ce n'est point la fraîcheur qui est hissée au rang des priorités, mais le tonneau à eau, devenu la pièce maîtresse dans les foyers. La machine à adoucir l'air a pris un coup dur, y compris en ce mois de juillet marqué par l’envolée du mercure. Il faut dire que la star de l'été, cette année, c'est sans doute la citerne, devenue, pour la bonne cause, «la prunelle des yeux» des familles. Les réservoirs d'eau ont gagné en popularité cet été, occupant ainsi les devants de la scène. Ces fûts, à vrai dire, n'ont jamais suscité autant de respect et d'admiration pour les Algériens, prêts à payer rubis sur l'ongle le produit miracle. En effet, le prix des citernes est monté en flèche, avec le stress hydrique qui menace l'Algérie et de nombreux pays, mais cette révision à la hausse ne semble pas dissuader, de nos jours, les Algériens à investir dans l'installation de réservoirs d'eau afin de pallier les coupures d'eau instaurées dans le cadre du rationnement d'eau. Aujourd'hui, la citerne vendue il y a peu de temps à 7.000 DA, voit son prix atteindre les 13.000 DA. Il faut dire également que les nouveaux n'ont pas influé sur la demande toujours grandissante sur ce produit qui se vend comme des petits pains. Les réservoirs d'eau sont très demandés, au même titre que le métier de plombier devenu la poule aux œufs d'or. La rareté de l'or bleu a dompté les habitudes certes, tout comme elle a fait prôner le principe de la sécurité hydrique à travers l'intégration de la notion de confort et le recours à ce type de commodités pour affronter le stress hydrique imposé par une sécheresse cyclique, imputée à la situation géographique de l'Algérie, d'une part, et les changements climatiques et la pollution, de l'autre qui ne font qu'augmenter la pression sur les ressources en eau, de plus en plus menacées, avec un boom démographique qui fait exploser la demande en eau potable. Le retour des citernes, des fûts, des jerricans, à vrai dire, confirme une fois de plus l'importance de revoir la stratégie de l'eau, à travers la promotion du dessalement de l'eau de mer, d'une part, la construction de nouveaux barrages et surtout l'entretien des anciennes infrastructures et la lutte contre l'envasement qui menacent une bonne partie des barrages.
Samia D.