Mascara : Canicule et oisiveté

Située à plus de 400 m au-dessus de la mer, la capitale de l’émir Abdelkader subit de plein fouet les aléas de cette vague de chaleur avec des chantiers de construction d’infrastructures socio-éducatives à l’arrêt ou qui tournent au ralenti, ainsi que la paralysie de certaines activités exercées en plein air. Cette période est souvent choisie par les fonctionnaires pour partir en congé, impliquant la réduction des effectifs au niveau de certaines administrations, et, comme bien souvent ces absents ne sont pas remplacés, cela fait forcément des mécontents parmi les administrés. Cette chaleur suffocante oblige les résidents à rester au frais à l’intérieur de leur demeure, notamment entre 10h et 19h. En effet, hormis les travailleurs et les visiteurs ayant effectué des déplacements au chef- lieu pour le règlement d’un problème urgent, ceux de la ville s’abstiennent de s’exposer au soleil. Pour cela, ils n’hésitent pas à se lever de bonne heure, effectuent leurs emplettes et rebroussent aussitôt chemin. Par ailleurs les citoyens expriment leur colère quant à l’alimentation en eau potable qui n’arrive dans les robinets qu’une fois par semaine à raison de deux heures seulement, une tranche horaire jugée insuffisante pour remplir seaux, fûts et citernes pour faire face aux travaux de ménage et d’hygiène. Nul n’ignore qu’en période estivale, la consommation d’eau est plus importante, et, comme tous les robinets sont ouverts au même moment, le liquide peine à parvenir aux étages du dessus, d’où le calvaire des locataires mal desservis. Cette situation est mise à profit par les commerçants pour taxer à 50 DA la grande bouteille et à 35 DA la petite bouteille d’eau minérale. En dépit de toutes ces restrictions, la circulation pendant la journée à l’intérieur du tissu urbain reste intense, alors que celle des personnes reste limitée. Mais, aussitôt la nuit tombée, les mouvements s’intensifient en revanche, avec pour dénominateur commun, la recherche de la fraîcheur. Gagnés par l’oisiveté, les jeunes des quartiers, faute de lieux réservés aux distractions, se contentent de se retrouver au bas de leur immeuble en s’adonnant aux jeux de cartes et de dominos. Certaines familles planifient à l’avance leur départ vers la mer avec des séjours en fonction de leurs bourses, d’autres optent pour des départs durant la journée seulement et des modes de transports disponibles. Ceux qui ne sont pas véhiculés utilisent les transports publics vers Oran, Mostaganem ou Marset El-Hadjadj, soit une distance entre 80 et 100 km, alors que les plus nantis vont à Tlemcen, Témouchent ou Ténès. Dans un passé fraîchement évocable, les jeunes dépourvus de moyens et qui résident à Bouhanifia, Hacine, Fergoug, Aïn Fekan et Chorfa s’adonnaient à des baignades à la rivière disponible ; ce n’est plus le cas, car l’eau ne coule plus.

A. B.

 

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