Ici Alger (01) : Sur les chemins du Hafs

Par Kamel Morsli

LE BEAU. Adossée au Mont d’Or, la jonction du Château Neuf constituait la dernière halte pour les voyageurs et les caravaniers, avant de s’enfoncer dans les chemins boisés du Hafs, Chéraga et Dely Ibrahim pour atteindre les vastes plaines verdoyantes de la Mitidja et affronter les routes de l’ouest du pays. La vieille bâtisse rénovée, en face du commissariat, apparaît sur une très ancienne lithographie du début du siècle dernier. On y voit la file de calèches et de diligences qui y avaient fait escale. Rattaché à la commune d’El Biar par une double voie assez récente, Château Neuf, dans les années 70, devient très fréquenté par les milliers de supporters qui ralliaient le tout nouveau stade du 5-juillet, et plus fréquemment par les très longues queues qui convergeaient vers Souk El Fellah. Du temps où des guetteurs allaient de cité en cité, crier sous les balcons le sempiternel «rahoum djabou… !». Du temps où chaque famille désignait celui qui ira faire la chaîne pour des œufs, de l’huile… et autres denrées de première nécessité. Temps révolu. Aujourd’hui, le Château Neuf arbore de grandes construction futuristes, l’Université de médecine, la tour AGB et l’immense parking à étages, anciennement garage de la RSTA. Enlaçant le rond-point, ces nouvelles bâtisses portent leur ombre sur l’ensemble architectural, puis fuit en asymptote dans la toute nouvelle trémie qui fluidifie grandement les embouteillages. Ça donne une furtive impression de ville d’ailleurs. La fontaine à jet et le terre-plein fleuri scellent la cohérence d’un urbanisme savamment planifié. Ce n’est pas le cas partout. LE MOINS BEAU. En rebroussant chemin vers le centre d’El Biar, frôlant djenane Rais Hamidou (villa du Traité) et le cercle de la JSEB, tenu dans le temps par El Hadj M’hamed, on débouche sur l’un des carrefours les plus bondés de la capitale. Entre la Librairie générale et la Maison de la presse, deux institutions séculaires de la commune, un flux incessant de véhicules sur trois files. Les inextricables bouchons n’ont jamais pu être résorbés dans ce carrefour-entonnoir. Puis apparaît l’esplanade de la place Kennedy, bordée par la poste, l’école, la mairie, la mosquée et des dizaines de hauts palmiers. Depuis son aménagement, ce havre a toujours offert un espace où tous les Elbiarois se retrouvaient en toutes saisons et toutes occasions. Malheureusement, le sort en a voulu autrement. La placette n’est plus qu’un immense et hideux trou, truffé de galeries sombres et fétides. Des gestionnaires du bien commun avaient décidé qu’il y avait plus important que les liens sociaux... le commerce. Et ils ont lâché leurs pelles mécaniques sur cette perle d’aménagement urbain pour créer une galerie marchande, qui n’a, d’ailleurs, jamais drainé le chaland. Gâchis béant.

K. M.

Lors de la prochaine virée, nous emprunterons le canyon des Deux Entêtés pour nous immerger dans le dédale de la vieille ville.

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