
El Moudjahid : Quelle est votre évaluation sur le dispositif juridique de lutte contre les violences faites aux femmes et sa mise en œuvre sur le terrain ?
Nadira Benketira : Malgré le dispositif juridique mis en place entré en vigueur en 2016, la stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes a beaucoup de mal à atteindre les objectifs, sachant que les violences les plus fréquentes sont familiales et conjugales. Les femmes ont encore beaucoup de mal à faire appel à ce dispositif juridique à cause du poids social, du formatage éducatif… Il faut savoir que c'est la première fois que le législateur algérien met de l'ordre et punit la violence dans le domaine privé. C'est la première fois aussi que la violence conjugale est condamnée et sanctionnée. C’est certes un acquis mais jusqu’à présent, la clause de pardon reste une entrave à cette loi.
A-t-on les outils qui nous permettent de mesurer l’ampleur des féminicides ou les meurtres sexistes, et par conséquent les prévenir ?
La pandémie de Covid-19 a montré l’ampleur du phénomène qui s’est aggravé durant la période de confinement. Le taux de féminicides est monté en flèche. Il faut plus d’implications de tous les secteurs pour gagner cette lutte. Il serait intéressant de mener des études sur le poids social qui empêche les femmes d’user de leurs droits au péril de leur vie. Il reste tout un travail de fond avec les jeunes filles et les familles pour renforcer leur capacité à se protéger.
Peut-on avoir une idée sur l’expérience du travail des associations à Oran qui œuvrent pour la protection des femmes contre les différentes formes de violence et comment ?
La violence à l’égard des femmes est un phénomène mondial et un problème de santé publique. Les associations peinent à faire avancer la lutte à Oran. Cela doit être un travail multidisciplinaire et multisectoriel. Oran manque affreusement d’organisations engagées dans la lutte contre les violences à l’encontre des femmes.
Nadira Benketira : Malgré le dispositif juridique mis en place entré en vigueur en 2016, la stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes a beaucoup de mal à atteindre les objectifs, sachant que les violences les plus fréquentes sont familiales et conjugales. Les femmes ont encore beaucoup de mal à faire appel à ce dispositif juridique à cause du poids social, du formatage éducatif… Il faut savoir que c'est la première fois que le législateur algérien met de l'ordre et punit la violence dans le domaine privé. C'est la première fois aussi que la violence conjugale est condamnée et sanctionnée. C’est certes un acquis mais jusqu’à présent, la clause de pardon reste une entrave à cette loi.
A-t-on les outils qui nous permettent de mesurer l’ampleur des féminicides ou les meurtres sexistes, et par conséquent les prévenir ?
La pandémie de Covid-19 a montré l’ampleur du phénomène qui s’est aggravé durant la période de confinement. Le taux de féminicides est monté en flèche. Il faut plus d’implications de tous les secteurs pour gagner cette lutte. Il serait intéressant de mener des études sur le poids social qui empêche les femmes d’user de leurs droits au péril de leur vie. Il reste tout un travail de fond avec les jeunes filles et les familles pour renforcer leur capacité à se protéger.
Peut-on avoir une idée sur l’expérience du travail des associations à Oran qui œuvrent pour la protection des femmes contre les différentes formes de violence et comment ?
La violence à l’égard des femmes est un phénomène mondial et un problème de santé publique. Les associations peinent à faire avancer la lutte à Oran. Cela doit être un travail multidisciplinaire et multisectoriel. Oran manque affreusement d’organisations engagées dans la lutte contre les violences à l’encontre des femmes.
«Graine de Paix», l’association que vous présidez, dirige un projet intitulé «Naichou Ga3 kif kif» qui signifie «vivons d’égal à égal» et qui s’adresse aux lycéens. Parlez-nous des actions prévues dans le cadre de ce projet ?
«Graine de paix» a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité dans sa stratégie d’action. Nous axons notre travail sur le changement de comportement et ciblons, par nos projets, les communautés éducatives et universitaires Le projet «Naichou Ga3 kif kif» vise à traiter la question des violences de genre en milieu éducatif (VGME). Car, il a été démontré que la VGME exercée sur un enfant peut avoir des conséquences néfastes sur son bien-être, sa santé physique et psychologique, ainsi que sur son développement cognitif et émotionnel. L’expérience prouve que la VGME peut également avoir d’importantes conséquences à long terme sur les jeunes qui ont été témoins de cette violence. En grandissant, ils seraient susceptibles de reproduire les comportements «appris» et les considérer comme acceptables. Malgré des avancées historiques, sociétales et législatives, on assiste à une amplification du phénomène au fil des années; aucune étude connue n’a abordé cette question dans ses profondeurs du fait de la sensibilité du sujet. A travers cette initiative, nous voulons lutter contre les violences liées aux genres en milieu éducatif par une approche renouvelée et fondée sur les droits en intégrant les jeunes par leur participation directe pour reconnaître des situations de violences, se sortir de ces situations en tant que personne concernée ou témoin et agir contre les violences. Spécifiquement, nous avons renforcé les capacités de 30 jeunes pour mener des campagnes de sensibilisation auprès des lycéens et universitaires munis d’outils pédagogiques pour lutter contre les violences basées sur le genre.
En participant à ce projet, les jeunes ont fait face à leurs propres représentations socioculturelles et découvrent de nouvelles approches pédagogiques. Ils et elles ont participé activement à la transformation et aux dépassements des stéréotypes et préjugés liés au genre dans leur environnement. Le fait d’utiliser des outils interactifs a facilité la transmission du message.
A. S.