
Toute une symbolique. Des ambassadeurs, accrédités en Algérie, se sont rendus, dimanche, pour la première fois, dans la wilaya de Djanet, au sud-est du pays, dans le cadre d’une visite organisée par la direction du Projet parcs culturels algériens (PPCA) en collaboration avec le PNUD. «Il s’agit là d’une importante activité de communication et de promotion de la destination des parcs culturels algériens», indique Narimane Saheb, la responsable de la communication auprès cette direction.
De notre envoyée à Djanet : Neila Benrahal
Les ambassadeurs d’Allemagne, S.E.M Elisabeth Wolbers, du Royaume d’Espagne, S.E.M Fernando Morán, du Japon, S.E.M Kono Akira, du Mali, S.E.M Mahamane Amado, ainsi que le premier conseiller à l’ambassade d’Italie, M. Antonio Poletti étaient de ce voyage initiatique. La délégation diplomatique était accompagnée de Athmane Mehadji, sous-directeur à la DGRM au MAE, ainsi que le sous-directeur des relations multilatérales auprès du ministère de la Culture, Zinedine Khelfaoui. Dans le pouls des VIP figuraient également la Représentante résidente du PNUD en Algérie, Aliko Blerta, la Team leader portefeuille environnement, Climat et Energie, Faiza Bendriss, ainsi que l’assistante exécutive de la Représentante résidente, Nabila Khelifi. Au premier jour des pérégrinations, la délégation a visité l’atelier d’écodéveloppement installé à In Abeghbegh. Narimane Saheb explique, à El Moudjahid, qu’il s’agit là d’une unité de production d’articles souvenirs inspirés du patrimoine mondial. «Cet atelier a été mis en place dans le cadre des activités du tourisme durable au profit des femmes rurales. L’objectif étant de valoriser le patrimoine universel du Tassili N'ajjer et améliorer la situation socioéconomique des femmes bénéficiaires», soutient-elle. Formées à la couture, au stylisme, les artisanes veulent se constituer en coopérative pour pouvoir bénéficier des avantages incitatifs, précise Melle Saheb. L’espace écodéveloppement bénéficie déjà d’aides multiples, notamment un apport en matières premières (tissus et fils à coudre) et en équipement (machine à coudre).
Les diplomates impressionnés
Aux visiteurs distingués, les femmes targuies offraient une palette de produits-maison dont des chèches, des t-shirts et des sacs estampillés et ornés de motifs locaux. «Bravo et félicitations», leur a lancé S.E.M Elisabeth Wolbers. Sur ce, cap sur le site Tigherghert, mondialement connu pour sa gravure rupestre dite «la vache qui pleure», symbole de la région de Taghit, dixit le guide, lui-même ancien responsable du Parc du Tassili. La gravure a été datée de plus de 7.000 ans. Le site est sommairement clôturé, à l’aide de pierres, afin de préserver les gravures précieuses. Les diplomates suivaient attentivement la présentation faite par le guide et appréciaient l’histoire de la célébrissime gravure. «Je viens pour la première fois à Djanet. Elle ressemble beaucoup à Tombouctou», commente l’ambassadeur du Mali, ancien énarque, formé à l’Ecole nationale d’administration d’Alger. «L’Algérie est un beau pays», s’exclame l’ambassadeur d’Espagne qui a eu déjà à visiter Tamanrasset. Les visiteurs contempleront, non sans émotion, le coucher splendide du soleil qui s’évanouissait derrière la chaîne de montagnes appelée ‘‘Adrar’’. Le directeur national des parcs culturels (DNP), M. Salah Amokrane, a rappelé la mise en œuvre, dans le cadre de la gestion et conservation des patrimoines des parcs culturels, d’un projet de grande envergure piloté par le ministère de la Culture et des Arts et le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD). Le projet, lancé en janvier 2014, a pour objectif la conservation de la biodiversité d’intérêts mondiaux et l’utilisation durable des services écosystèmes dans les parcs culturels en Algérie. Il œuvre à développer des approches innovantes dans la gestion et conservation des patrimoines des parcs culturels, notamment dans le parc Tassili N’Ajjer.
Une galerie d’art rupestre à ciel ouvert
Le DNP estime que «c’est l’un des plus importants sites d’intervention du projet dans lequel d’importantes réalisations sont enregistrées grâce à sa démarche novatrice favorisant la gestion collaborative des patrimoines et le développement socioéconomique, à travers la mise en œuvre de plusieurs projets d’écodéveloppement au profit de la population locale». Salah Amokrane souligne que l’Algérie accorde «un grand intérêt à son patrimoine à travers son interaction positive avec des conventions internationales», d’une part, et d’autre part, la stratégie nationale vise «à mettre en place des édifices stratégiques permettant une protection et une mise en valeur de ses patrimoines naturels et culturels», affirme-t-il.
Les parcs culturels de l’Ahaggar, du Tassili N’Ajjer, du Touat Gourara Tidikelt, de l’Atlas Saharien et de Tindouf, tous localisés dans la région du Sud du pays, dont quatre sont contigus des frontières sahélo-sahariennes, avec la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Sahara occidental, couvrent 43% du territoire national. Pourquoi le choix de ces sites ? le DNP explique que c’est un territoire situé au sud-est de l’Algérie, décrit comme la plus importante galerie d’art rupestre au monde et offre une grande diversité naturelle et culturelle formée de paysages lunaires, une faune et une flore exceptionnelles, des sites archéologiques millénaires. «A cela s’ajoute un savoir et savoir-faire ancestral ancré dans la mémoire collective des populations locales», ajoute-t-il.
L’Algérie a abrité d’importantes civilisations consacrant le génie créateur de l’Algérien, remontant pour les plus anciennes aux temps immémoriaux de la Préhistoire, déclinés par des cultures diverses traduites par des legs authentiques et exceptionnels.
«Cet héritage millénaire documenté à travers le territoire national rehausse notre pays au rang d’avant-garde dans l’étude et la conservation de la mémoire de l’humanité, dont la prise en charge exige de souscrire aux efforts internationaux balisés par l’inscription de plusieurs sites algériens au patrimoine mondial, à l’instar du Tassili N’Ajjer, fleuron de l’art rupestre mondial», insiste-t-il.
N. B.