Djelfa, le réveil des Hauts-Plateaux

De notre envoyés spéciaux : Karim Aoudia - Akram Asselah

Dans une wilaya où l’université supervise au moins 3.000 soutenances par an, entre les étudiants en master et ceux en licence, idem pour les centres de formation qui forment plus de 4.000 apprenants annuellement dans différentes spécialités de divers niveaux, la question est de savoir si tous ces jeunes diplômés seront pris en charge par le marché local de l’emploi.
La première étape d’un jeune diplômé est de se présenter, muni de son attestation, à l’Agence nationale de l’emploi (ANEM), pour s’inscrire sur la liste des demandeurs d’emploi.

Privilégiée du point de vue de la superficie, la wilaya de Djelfa, capitale des Hauts-Plateaux, dont le territoire s'étend sur 3.200 km2, vit une mue sans précédent de son développement. Ses villes et villages, ses hameaux et «dechras» abordent une nouvelle ère qui progresse doucement mais sûrement, pour l'heure, loin des projecteurs d'Alger, mais qui rayonnera prochainement à coups sûrs en tant qu'axe révolutionnaire de croissance et de diversification économique, tant au niveau régional qu'à l'échelle nationale, voire internationale.
Djelfa redore son blason, sort définitivement de l'ombre, s'émancipe des effets néfastes de la marginalisation dont elle a été victime pendant longtemps, et s'inscrit résolument sur la voie de la modernité et du renouveau. Très hospitalière et aux valeurs d'accueil réputées, ici à Djelfa, partout où l'on frappe, les portes s'ouvrent. Elle connaît aussi une dynamique indéniable apportée par le programme du président de la République. Nombreux sont les exemples édifiants qui certifient de cette réalité qu’El Moudjahid a pu constater de visu sur place.
Le sursaut vers le progrès est perceptible, autant dans le créneau agro-pastoral, une vocation par excellence de la wilaya, que dans le domaine du savoir et de l'innovation qui se distingue par des œuvres créatives et la création de start-up à partir des milieux de recherche scientifiques, notamment à l'université, sans oublier les efforts notables engagés pour une santé publique de qualité. A ce titre, il faut dire que Djelfa est parvenue à relever le défi pour les prochaines quarante années à venir, affirment des citoyens et responsables locaux.
Le nouveau Centre anti-cancéreux (CAC) inauguré par le président de la République lors de sa visite, fin octobre dernier dans cette wilaya, en est une preuve indéniable. Djelfa vient aussi d'engager la réalisation de quatre nouveaux hôpitaux, l'un d’une capacité de 240 lits qui sera construit dans la commune de Djelfa aux normes d’un CHU, et deux autres hôpitaux mères et enfants sont programmés dans les communes d'Ain Oussera et Messaâd. La quatrième réalisation, un hôpital psychiatrique, est la première infrastructure du genre au chef-lieu de wilaya. Dans le domaine de l'agriculture, Djelfa ambitionne d'apporter une contribution conséquente à la consécration des objectifs de la sécurité alimentaire. Et pour cause, le nombre d'exploitations agricoles avoisine les 10.000, selon le directeur des services locaux (DSA). Là aussi, un effort titanesque est mené pour assurer les raccordements nécessaires à l'électricité, ce qui permettra une nette amélioration de leur rendement. «2.500 exploitations connaissent actuellement des travaux de raccordement» a indiqué la même source.

Développement, la machine bien huilée à Djelfa

La machine étant bien huilée, la cadence d'une irréversible transformation multisectorielle s'accélère, concrétisant, un à un, les engagements du chef de l'État. On pense à l'éradication des zones d'ombre, à l'équité et à la justice sociale, au développement intégré et homogène, à la gouvernance rénovée, y compris au niveau local par le choix de responsables et gestionnaires probes et surtout déterminés à être à la hauteur des défis à relever, et à prendre en charge les préconisations du citoyen par des prestations de qualité. «Tout cela relève du concret et du perceptible à Djelfa», confirme sans réserve aucune Mme Rahmoune Khadidja, la trentaine, résidente au chef-lieu de wilaya.
Son visage aux traits brunis par les rayons d’un soleil éclatant qui brille sur Djelfa en cette matinée de début novembre, renvoie manifestement au réconfort de l'âme, à un esprit paisible, lequel allait se révéler, non pas être le sien uniquement, mais de beaucoup de ciroyens de la collectivité locale. Nous avons apostrophé Khadija au moment où elle attendait son tour pour accéder à l'un des guichets de la Poste, aménagée dans un bus itinérant stationné, pour un temps, au centre-ville, pour «servir, nous dit- elle, le citoyen, au grand bonheur de nos retraités à qui l'on épargne l'effort du déplacement et d’une longue attente, sans oublier les chômeurs qui accèdent ainsi dans des conditions optimales à leur allocation». En effet, ces bureaux de Poste itinérants arrivent au moment opportun à Djelfa, y compris au niveau du chef-lieu qui surprend le visiteur par ses chantiers de construction en tous genres qui prennent forme, ici et là, dans les quatre coins de la ville.

Une ville paisible au commerce florissant et à l’investissement porteur

Dès les premières heures de la matinée, celle-ci vit au rythme d'une influence qui va crescendo, les trottoirs abondent de piétons, les rues, les grands boulevards et ruelles adjacentes ne désemplissent pas d'automobilistes. Son activité commerciale est manifestement épanouie. Les magasins de téléphonie mobile et d'électroménager, d'habillement, les cafétérias et restaurants et autres esplanades qui offrent diverses prestations, tous ces espaces grouillent de monde tout au long de la journée, dans une ambiance bon enfant, paisible et sereine, bien entretenue par la population guidée par ses valeurs d'hospitalité légendaire. «Ce n'est plus le calme d'antan à Djelfa qui somnolait sous une léthargie imposée par le dénuement accentué par des années, voire des décennies de marginalisation» fera observer Mohamed, 56 ans, expert-comptable à Djelfa. «Il fait bon vivre à Djelfa» s'exclame-t-il, ajoutant que la ville, de plus en plus animée, connaît une affluence qui va crescendo, et surtout, s'approprie progressivement les normes d'une véritable mégapole qui n'a rien à envier à celles existant déjà dans le pays».
On saisira mieux les véritables raisons de cette transformation accélérée à Djelfa à travers notamment les explications détaillées de son premier responsable, le wali, Ammar Ali Benisaâd (ndlr, lire l'entretien) qui nous a certifié «de la réussite d'une exceptionnelle relance de l'investissement consolidée durant cette année par la mise en exploitation de 54 nouveaux projets créateurs de 2.200 postes d'emploi». A cela s'ajoute l'essor exponentiel qu'a connu le réseau des infrastructures de base, routes, autoroutes et chemins de fer, un essor par lequel Djelfa s'est définitivement «extirpée» des affres du désenclavement de par ses connexions multiples non pas uniquement vers le Nord et le Sud, mais aussi reliant l'Est et l'Ouest, à travers la bande des Hauts- Plateaux. «Les infrastructures de base sont la pierre angulaire de la dynamique de développement à Djelfa qui dispose d'un réseau routier avoisinant les 3.000 km, toutes catégories confondues», fait savoir à ce propos le directeur des travaux publics, Boumediene Yahiaoui. Il précise que ce réseau s'articule essentiellement autour de la RN1 qui traverse la wilaya du Nord vers le Sud sur une ligne médiane de 175 km dont 110 km déjà dédoublés. Autres axes importants qu’il a cités, celui reliant Djelfa à Touggourt sur un linéaire de 300 km qui est majoritairement rénové ainsi que la RN 46 qui traverse le territoire de la wilaya d'Est en Ouest. A eux seuls, ces trois axes énumérés enregistrent un trafic routier de 25.000 véhicules/jour, dont 20% de poids lourds, a indiqué notre interlocuteur qui évoque comme un motif de fierté le développement du réseau ferroviaire à Djelfa.
A ce propos, il a expliqué qu'en sus de la ligne Boughezoul-Laghouat inaugurée par le président de la République lors de sa visite fin octobre, une autre de 300 km reliant Tissemsilt à M'sila via Djelfa a été mise en exploitation. Lors de notre entretien avec le wali Ali Benisaâd, ce dernier a qualifié les réalisations réceptionnées ou en voie d'achèvement de «véritable projet du siècle». Pour sa part, le DTP Yahiaoui a assuré que l'ensemble des axes autoroutiers seront dédoublés à la faveur du programme complémentaire dont a bénéficié Djelfa et en vertu des quelque 1.700 km, soit plus de 50 %, qui seront revêtus et entièrement réhabilités.

Djelfa règle sa montre à l’heure de l’innovation

La promotion des start-up suivant la vision préconisée par le président de la République, ses orientations et ses instructions, est l'autre signe indéniable de la dynamique de progrès en cours à Djelfa. Et pour cause, dans les viviers du savoir dont dispose la wilaya et, plus particulièrement au niveau de l'université, ce sont quelque 98 projets innovants conceptualisés par des étudiants dont 16 ont fait l'objet de soutenance avec brio, alors que quatre autres ont obtenu le label leur permettant d'accéder au financement bancaire pour leur réalisation. Ces statistiques nous ont été communiquées par le Dr Hadjersi Tarek qui dirige l'incubateur des start-up à l'université de Djelfa où les étudiants dans la filière innovation des sciences et des technologies ont également décroché une quinzaine de brevets de création. En outre, selon le Dr Hadjersi, les créneaux de l'innovation sont parfaitement adaptés aux spécificités de Djelfa et ce dont elle dispose comme ressources naturelles. En ce sens, la majorité des projets pilotés par les étudiants traitent du domaine des énergies renouvelables ou des techniques de modernisation de l’agriculture, de l'irrigation ou de l'élevage qui constituent une vocation à Djelfa.

Karim Aoudia

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