
Depuis trois ans, le pays enregistre une baisse sensible de la pollution, attribuée essentiellement à l’augmentation massive de ses capacités de production d’électricité solaire et éolienne.
Un seul pays est responsable d'un tiers des émissions de CO2 du monde, la Chine. Mais le plus gros pollueur de la planète est en train de devenir un exemple en matière de transition écologique. Cette année, la Chine a prouvé qu'elle avait réussi à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre tout en continuant à se développer fortement. "En tant que plus grand pays en développement, la Chine est confrontée à un double défi : la pollution de l'air et le changement climatique", a déclaré Dong Wenjuan, éminent chercheur à l'Institut du changement climatique et du développement durable de l'Université de Tsinghua à Pékin, qui précise que « par le passé, les efforts de la Chine pour atténuer la pollution étaient dispersés dans divers ministères et départements. Pendant longtemps, la pollution de l'environnement et le changement climatique étaient gérés séparément. Il a fallu combiner les efforts du gouvernement, de l'industrie, des entreprises, du secteur privé et des agriculteurs pour financer et identifier des solutions », a-t-il souligné. Il expliquera ce changement de cap par le fait que, autour des années 2015, dans de nombreuses villes chinoises, les chiffres de la pollution avaient pris des proportions considérables. Les gens suffoquaient sous d’épais nuages de pollution à longueur de semaine. « On ne voyait le soleil apparaître que le dimanche. Des cas de détérioration de la santé humaine ont commencé à apparaître. Les autorités politiques ont alors décidé de réagir ». Aussi, au cours de la dernière décennie, Pékin a pris des mesures radicales, en imposant des mesures strictes en matière d'optimisation des infrastructures énergétiques, de contrôle de la pollution au charbon et de contrôle des émissions des véhicules. Depuis, les niveaux de pollution de l'air ont chuté de façon spectaculaire. Par ailleurs, beaucoup d’usines polluantes ont été autoritairement fermées, d'autres ont dû déménager loin des villes. Actuellement, en Chine, l'activité économique est étroitement surveillée, autant que la pollution qu'elle engendre, signale Dong Wenjuan qui relève que le pays est désormais en pointe pour combattre cette pollution avec efficacité. « Il s'agit, au passage, de valoriser commercialement tous les savoir-faire chinois qui se sont développés, notamment en matière d'éoliennes ou de panneaux solaires, des domaines dans lesquels la Chine a racheté nombre de fabricants dans le monde », nous a-t-il appris.
La baisse des indicateurs de la pollution devrait se poursuivre.
La baisse constatée sur les six premiers mois de l’année 2024 s’explique en partie par le recul de l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité et par une moindre consommation de pétrole. L’économie chinoise est en pleine mutation structurelle, explique encore l’expert qui signale que l’effondrement du secteur de la construction notamment, s’est traduit par une baisse de la production de matériaux comme le ciment et l’acier, “les deux principales activités émettrices de carbone après le secteur de l’énergie”. Mais elle est surtout liée à l’augmentation massive de la production d’énergie renouvelable et à la promotion des véhicules électriques. “Nous sommes à un moment où la croissance des énergies propres est supérieure à celle de la demande”, explique encore l’expert. Depuis, selon lui, tous les analystes tablent sur le fait que le pays est sur le point d’entamer une baisse durable de ses émissions.De ce fait, le marché des énergies renouvelables subit un véritable boom en Chine, comme l'indique le Taihe Institute. Au cours des trois premiers mois de 2024, l'éolien et le solaire ont connu une augmentation de 40 %. Seul bémol, l'énergie hydraulique peine à se développer en raison d'une sécheresse chronique. Le pays a mis en place trois grandes actions pour réduire ses émissions de CO2 en développant massivement l'énergie solaire et éolienne pour satisfaire 90 % de la hausse de la demande en électricité. Jusqu'à maintenant, c'est le secteur de l'énergie qui émet le plus de CO2 en Chine et les besoins en électricité ne cessent d'augmenter, en particulier à cause de l'industrie. Le gouvernement chinois s'est fixé des objectifs clairs en matière de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2025, et d'ici 2030. « Si elle reste sur la même trajectoire que celle de 2024, la Chine devrait tout de même faire des avancées majeures : à ce rythme, les énergies renouvelables permettront de couvrir 70 % de la hausse totale de la demande en énergie en Chine d'ici 2030 », affirme pour sa part, Wu Yihong chercheur en climatologie.
Le pays est devenu le plus gros producteur mondial d’énergie solaire.
Dans les faits, la Chine fait preuve de plus d’ambition que plusieurs pays dans sa quête pour atteindre un pic d’émissions vers 2030 et elle s’est fixé un objectif de neutralité carbone d’ici 2060. C’est l’un des endroits de la planète où la capacité de production d’énergies renouvelables, toutes sources confondues, est en très forte hausse. Le pays est de loin le plus gros producteur mondial d’énergie solaire et il multiplie les projets de réacteurs nucléaires. Il est responsable de l’ouverture de plus de la moitié des nouvelles centrales nucléaires dans le monde entre 2002 et 2021. Cultiver une aura « verte » s’inscrit dans une volonté politique de faire de la Chine une société dite écologique socialiste.
Des mesures drastiques pour faire respecter la protection de l’environnement.
Depuis le milieu des années 2000, les Chinois qui vivent dans les grandes villes, et qui souhaitent faire l’acquisition d’un véhicule fonctionnant au carburant, sont confrontés à un véritable parcours du combattant. Cela peut prendre plusieurs années pour obtenir un droit d’immatriculation. Les municipalités de Pékin, Shanghai ou encore Canton ont mis en place un système de loterie et d’enchères parmi les plus sévères au monde. Cette mesure permet de limiter le nombre de voitures en circulation, et lutter ainsi contre les embouteillages et la pollution. De nouvelles mesures pour réduire la pollution de l’air et de l’eau et promouvoir les énergies renouvelables ont été prises. En parallèle, la Chine a renforcé sa réglementation pour la protection de l’eau. Ce sont des mesures concrètes afin de réduire la pollution des cours d’eau, des lacs et des réserves d’eau souterraine. De plus, le pays met en place des systèmes de surveillance et de contrôle plus stricts pour garantir un approvisionnement en eau propre. Ces mesures témoignent de l’engagement du pays à assurer la qualité de l’eau et à protéger les précieuses ressources hydriques. Par ailleurs, la Chine encourage l’adoption des véhicules électriques et hybrides en offrant des incitations financières et des subventions. Ces mesures visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur des transports. De plus, des efforts sont déployés pour développer les infrastructures de recharge et la transition vers une mobilité plus durable. Toutes ces mesures témoignent de l’engagement résolu de la Chine à protéger l’environnement et à lutter contre le changement climatique. Le pays envoie un message fort à la communauté internationale sur l’importance de préserver notre planète pour les générations futures. Une tendance qui devrait se poursuivre !
A. Z.