
De notre correspondant Issam Boulksibet
L’intensité du trafic est, de manière générale, proportionnelle à l’importance de la ville, et Constantine n’échappe pas à la règle.
Cela dit, la capitale de l’Est se distingue par certains aspects. En effet, en dépit de l’apport de la ligne 1 du tramway, dont une nouvelle extension vers l’ouest de la circonscription administrative Ali Mendjeli est à l’étude, nombre d’anomalies ont été constatées.
En tête vient le passage des poids lourds par le centre-ville quelle que soit l’heure de la journée, une particularité qui s’explique par le retard enregistré dans la réception du tunnel de Djebel El Ouahch, dont le chantier a été suspendu entre 2014 et 2017 suite à un affaissement partiel de son tube gauche, alors que les responsables pariaient justement sur le tronçon de l’autoroute Est-Ouest afin de contribuer à la fluidification de la circulation sur de nombreux axes. En attendant la livraison de cet ouvrage prévue pour fin 2024 ou début 2025, l’entrée en service – en théorie, avant la fin de l’année – du tunnel de Ziadia, dont les travaux viennent juste de redémarrer après la levée des réserves techniques, de même que la mise en service de la jonction reliant le viaduc Salah Bey à la cité Emir-Abdelkader (ex-Faubourg Lamy), devront pour leur part permettre de réduire la congestion routière dans cette partie de la ville, auparavant desservie par le téléphérique.
Le téléphérique remonte la pente
Le téléphérique s’est imposé comme le moyen de transport privilégié des habitants des hauteurs comme des citoyens se rendant au centre hospitalo-universitaire Benbadis (6.000 passagers/jour). Un arrêt intervenu après dix ans d’exploitation (à partir de juin 2008) a permis une mise à niveau générale des équipements qui passe par l’agrandissement des trois stations desservies (Tatache Belkacem, CHUC et Emir Abdelkader), la révision du système électromécanique et le remplacement des cabines par d’autres (10 personnes au lieu de 15) dans le but d’amoindrir la charge sur les câbles et d’offrir plus de confort et de sécurité.
Train de banlieue : Le train-train…
Autres mesures d’accompagnement préconisées en accompagnement du plan de circulation que la direction des Transports compte substituer à celui de 2014, la réhabilitation des trains de banlieue, autrefois moyen de transport périurbain de choix pour les habitants des communes du Nord-Constantinois (Hamma Bouziane, Didouche Mourad et Zighoud Youcef), délaissé au fil des années pour cause d’horaires aléatoires dus à la vétusté des locomotives, ce qui avait conduit la société nationale des transports à annuler la plupart des lignes en raison de la baisse de la fréquentation. Dans ce contexte, les élus ont fait part des doléances des citoyens du Khroub, Bounouara et Aïn Abid, concernant la relance du projet de la ligne reliant ces trois localités du sud de la wilaya, ce qui a été pris en considération par le chef de l’exécutif qui s’est engagé à saisir par écrit la compagnie ferroviaire à ce sujet.
Bus urbains : Flotte vieillissante et contrôle défaillant
La part belle est faite à l’état déplorable de la majeure partie des bus urbains, lesquels datent pour certains d’une trentaine d’années et ne remplissent plus les conditions de sécurité. Quant à ceux relativement récents, ils n’assurent pas aux citoyens le confort et l’hygiène requis. Autres griefs, le non-respect des horaires, des permanences et des arrêts par les chauffeurs, de même que le flou qui entoure le nombre exact de véhicules en service (officiellement 1.773), en ce sens que nombre de propriétaires ont obtenu des autorisations d’exploitation de ligne sans pour autant s’y conformer, préférant offrir leurs prestations aux entreprises privées.
En outre, l’impératif de créer de nouvelles lignes là où un besoin a été constaté a été souligné par les élus, qui, en guise d’exemple, ont évoqué l’absence de liaison directe entre les communes de Beni Hamiden et de Zighoud Youcef qui appartiennent pourtant à la même daïra. La même chose s’applique aux taxis qui souffrent de la concurrence déloyale des transporteurs clandestins – sans oublier le recours de plus en plus fréquent aux applications VTC (voiture de transport avec chauffeur) – mais aussi de certains de leurs collègues qui délaissent les lignes périurbaines ou extra-urbaines auxquelles ils sont affectés et se rabattent sur les lignes urbaines, de loin plus rentables. Cet état de fait, imputé au manque de contrôle, est du ressort de la direction des Transports, il devrait s’opérer de manière régulière et soutenue.
Gares routières archaïques
Pour finir, l’inexistence de gares routières répondant aux critères modernes a été pointée du doigt, d’autant plus que le réaménagement de la station Sahraoui (ex-SNTV Est) n’a pas apporté le plus escompté en matière d’hygiène et de sécurité, alors que la gare Ouest, à Boussouf, fermée pour réhabilitation depuis 2018, n’a pas encore rouvert. Le chantier vient d’être relancé et le wali a exigé que les travaux soient au niveau des standards requis, dans un délai ne dépassant pas quatre mois, autrement dit, prête en mars prochain.
Les élus de l’APW ont préconisé la mise en place urgente d’un nouveau plan de circulation prenant en compte tous les points abordés, l’intensification du contrôle des véhicules de transport public et la multiplication des inspections inopinées dans les stations, la révision des conditions de délivrance des autorisations d’exploitation des lignes et l’augmentation de celles des taxis, la relance des projets de nouvelles gares (gare multimodale de Zouaghi), et enfin la création de nouvelles lignes de transport dans les communes qui en sont dépourvues.
I. B.