Un jour un livre - Le pain de ma mère de Mounia Belguechi : Une époque quelque peu méconnue

Après une pléthore d’ouvrages sur l’histoire de la guerre de Libération nationale, certains auteurs abordent actuellement la période de 1900 incluant ainsi les deux guerres mondiales, une époque quelque peu méconnue qui donne un aperçu synoptique sur la situation coloniale en Algérie.
Il en est ainsi de l’ouvrage Le pain de ma mère, un titre évocateur de Mounia Belguechi qui évoque cette époque dans un contexte colonial délétère. A travers la saga colorée et plaisante d’une famille constantinoise, l’auteure raconte avec moult détails la solidarité et l’entraide entre familles et voisins dans une situation de paupérisation et d’injustice.
Ce récit captivant met en relief un gamin prénommé Salah Bey, seul survivant de sa famille, décimée par une forte fièvre, en quelques jours. Sa mère Cherifa, ses sœurs Fatiha, Leïla et son frère Mohamed décèdent d’une épidémie de fièvre. Il se retrouve recueilli par son oncle Ahmed qui veille strictement à sa scolarisation. Suite à son succès au certificat d’études, Salah Bey devint greffier puis commerçant en mercerie. Son enrôlement en Corse pour servir sous les drapeaux et sa désertion l’amène en France puis au pays où il retrouve ses racines et sa famille. Suite à son mariage avec Baya, une cousine éloignée, il poursuit son florissant commerce, mais les prémices du déclenchement de la Révolution l’amène à rallier la cause nationale en 1955.
A travers cette histoire pathétique, Mounia Belguechi nous introduit dans les années 1920, 30, 40, relatant les nombreux événements politiques de ces périodes de tourmente et de guerres.
Par ailleurs, elle relate les us et coutumes de cette contrée et la situation alarmante de cette période. Elle met l’accent sur l’impact de la famille élargie et l’entraide, la fraternité et la générosité entre voisins et voisines.
Elle témoigne de l’injustice vis-à-vis des autochtones qui se résume à des sévices et arrestations arbitraires.
Ce roman à forte tonalité, raconte cette touchante saga de Salah Bey, jeune orphelin qui se retrouve dans une situation tragique mais qui a su déjouer sa malchance et se départir d’un destin peu clément.
Ce livre de Mounia renseigne sur cette époque révolue qui a vu de nombreux bouleversements politiques à travers le monde et en Algérie. Une belle histoire qui pourrait être portée à l’écran !
Notons que l’écrivaine native de Constantine est enseignante-chercheur en littérature à l’université de cette ville. Elle porte un intérêt à l’histoire et à la mémoire.

Kheira Attouche

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