Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a mis en garde, jeudi, contre le risque accru d'«un effondrement complet» du Soudan ou du déclenchement d'«une guerre civile globale».
M. Guterres a appelé les deux parties au conflit au Soudan à «cesser immédiatement les combats et à s'engager à une cessation permanente des hostilités en vue d'ouvrir la voie à un dialogue global», mettant en garde contre le risque accru d'»un effondrement complet» du Soudan ou du déclenchement d'«une guerre civile globale».
C'est ce qui ressort de son rapport sur la situation au Soudan soumis au Conseil de sécurité, qui couvre la période du 21 août au 31 octobre.
Le rapport indique que «le conflit entre les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide a provoqué un désastre humanitaire au Soudan». Il avertit que «ce sont les civils qui paient le prix le plus lourd. Il est nécessaire de mettre rapidement fin à la douleur et aux souffrances du peuple soudanais». Par ailleurs, une adjointe du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique a dénoncé jeudi devant le Conseil de sécurité un élargissement du conflit au Soudan à d'autres régions du pays, qui détient déjà le nombre le plus élevé au monde de personnes déplacées.
Cette diplomate ghanéenne, Martha Ama Akyaa Pobee, s'est alarmée, lors d'une réunion sans vote du Conseil, du fait que «le Soudan était confronté à une convergence de calamités humanitaires de pire en pire et d'une crise catastrophique des droits humains».
Après près de sept mois de conflit entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, «presque 25 millions de personnes au Soudan ont désormais besoin d'aide humanitaire», avait relevé lundi le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths.
«En dehors du Darfour, des affrontements meurtriers se sont poursuivis à Khartoum, Omdurman et Bahri (...) et persistent aussi au Kordofan-Sud, tandis que la situation reste tendue autour d'El-Obeid et du Kordofan-Nord», a détaillé Mme Akyaa Pobee.
Mais «les hostilités ont débordé sur de nouvelles régions, comme les Etats de Gezira, du Nil-Blanc et du Kordofan-Ouest, exposant davantage de civils et d'humanitaires» au risque de violences, s'est inquiétée la représentante du chef de l'ONU Antonio Guterres.
Elle a réaffirmé que «le Soudan représentait dorénavant la plus importante crise au monde en termes de déplacement de populations avec 7,1 millions de personnes déplacées».
Et l'ONU n'a pu fournir d'»aide vitale» qu'à 4,1 millions de Soudanais, soit «seulement 22% des personnes dans le besoin identifiées par les organisations humanitaires en 2023», a-t-elle fait valoir.
Par ailleurs, le représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations Unies, Dai Bing a appelé jeudi à un cessez-le-feu immédiat au Soudan.
La Chine est profondément attristée par la poursuite du conflit au Soudan, la souffrance des civils et la crise humanitaire dans le pays, a indiqué le diplomate chinois.
Les deux parties au conflit ont repris les négociations à Djeddah, en Arabie saoudite. La Chine se félicite de la réaffirmation par les deux parties de leurs engagements humanitaires et de leur décision de prendre des mesures pour renforcer la confiance mutuelle. Elle soutient la participation de l'Union africaine et de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) au processus de médiation et salue les efforts des pays de la région, notamment l'Arabie saoudite, le Soudan du Sud, l'Egypte et le Tchad, a dit M. Dai devant le Conseil de sécurité.
«Le rétablissement de la paix et de la stabilité au Soudan est l'aspiration commune du peuple soudanais ainsi que de la communauté internationale dans son ensemble. La Chine espère sincèrement que les deux parties feront passer les intérêts de leur pays et de leur peuple en premier, qu'elles parviendront à un cessez-le-feu immédiat, qu'elles rétabliront l'ordre normal et qu'elles travailleront ensemble pour sauvegarder la souveraineté et l'intégrité territoriale de leur pays», a ajouté le diplomate.
