Sommet Ticad 8 : Le Japon veut un vrai partenariat avec l’Afrique

Le sommet Ticad 8 (Tokyo International Conférence on African Development), organisé à Tunis, s’achève aujourd’hui. Ce forum, qui se tient tous les trois ans — alternativement au Japon et en Afrique —, est le premier depuis le début de la pandémie de Covid-19. Une pandémie qui aura fragilisé les économies des pays et souligné leur interdépendance.

Une vérité que les 5.000 invités conviés à y prendre part dont 30 chefs d’Etat et de gouvernement africains auront forcément en tête. Cette forte représentation témoigne si besoin est également de l’intérêt que le Japon et le continent africain accordent à cet évènement. Il y a lieu ainsi de rappeler que depuis leur création en 1993, les sommets Ticad, co-organisés avec les Nations unies, la Banque mondiale et l'Union africaine, ont généré 26 projets de développement dans 20 pays d'Afrique, pour la plupart gérés par l'agence de coopération nippone JICA. Et le pays du Soleil-Levant espère faire mieux. Sur son site, le ministère des Affaires étrangères affirme que le Japon veut instaurer un vrai «partenariat» avec l'Afrique pour «un développement mené par les Africains». Et de poursuivre en indiquant que ce rendez-vous bilatéral a pour objectif de «discuter comment créer ensemble un monde durable», dans «le contexte complexe de l'épidémie de Covid-19 et la situation en Ukraine» dont les conséquences ont été fortement ressenties par l’Afrique, dépendante des importations de blé ukrainien et russe. C’est pourquoi, en plus des 130 millions de dollars d'aide alimentaire déjà prévue, le Japon prévoit de «fournir une assistance pour la production de riz, afin de la faire doubler à moyen et long terme». C’est dire que ce n’est pas un hasard si lors de ce sommet l’accent a été mis sur l'économie avec «un accroissement prévu des investissements japonais en Afrique», dans les starts-up et l'économie verte et pour «renforcer la sécurité alimentaire». Mais pas seulement. La deuxième priorité retenue et figurant au menu des participants sera d’œuvrer à «construire un environnement durable» à travers des programmes d'aide au développement dans la santé et l'hygiène, l'éducation et l'environnement, notamment la prévention des catastrophes naturelles. Quant à la troisième thématique, elle sera politique et portera sur le comment soutenir «la consolidation de la démocratie, l'Etat de droit, la prévention des conflits et les médiations», notamment au Sahel et dans la Corne de l'Afrique. Pour autant, il ne faut pas croire que cet intérêt porté au continent relève de la philanthropie. Bien au contraire. Et le gouvernement japonais ne s’en cache pas. Ainsi, peut-on lire sur le site de son ministère des Affaires étrangères, si «l'Afrique concentre les contradictions de l'économie mondiale telles que les inégalités et les problèmes environnementaux, une croissance dynamique y est attendue, soutenue par une population jeune». Des atouts qui font que le continent est courtisé par toutes les puissances économiques mondiales. Chacune d’elle fait valoir les avantages que l’Afrique aurait à tirer en acceptant de s’y lier par un partenariat multiforme. Et dans ce domaine, l’économie japonaise ne manque pas d’atouts. Pour renforcer sa présence sur le continent noir, Tokyo envisagerait, selon le journal économique nippon Nikkei, d’augmenter ses aides à l'Afrique qui pourraient atteindre 40% pour les trois années à venir, par rapport à la période précédente (2020-2022). Le quotidien bien informé estime qu'il s'agit d' «une réponse» de Tokyo aux Etats-Unis, à l'Europe et au grand rival chinois qui augmentent tous leur présence en Afrique. Un responsable du ministère japonais des Affaires étrangères a déclaré, pour sa part, que «le Japon veut faire de l'Afrique un partenaire et croître ensemble» à travers «des initiatives concrètes». Les pays africains n’en demandent pas moins.

Nadia K.

Sur le même thème

Multimedia